الجمعة، يوليو 31

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07 MARS 2013

BARRAGE DE SAINT-AIME

SITUATION-SAINT-AIME REC
Michelin-Barrage-Saint-Aimé
LE BARRAGE DE SAINT-AIME, sur l'Oued Djidiouia, fait partie de la série des barrages-poids en maçonnerie construits vers 1870. Haut de 16 m environ, il est fondé, comme le barrage de Saint-Lucien, sur des calcaires du Miocène supérieur; mais on a eu le bon goût d'éviter ici l'essai dangereux d'une digue en terre; malgré son maigre profil, l'ouvrage a été sans histoires. Ou du moins son histoire se résume-t-elle à ceci: toujours trop petit, il est, comme ses semblables et depuis fort longtemps, entièrement envasé.
Pourtant l'Oued Djidiouia est une rivière intéressante, ayant les caractéristiques suivantes:
Bassin versant: 800 km2.
Hauteur de pluies moyenne: 465 mm.
Écoulement annuel moyen: 30 hm3.
Hauteur de pluies écoulées: 35 mm environ.
Dominant la zone relativement riche de Saint-Aimé, il est probable qu'il aurait fallu un jour s'intéresser de nouveau à cette rivière; il est vraisemblable qu'une voûte pourrait être construite à l'emplacement du petit barrage-poids.
Plan-Barrage-Saint-Aimé
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19 MARS 1962 - LE CESSEZ LE FEU

 Ou la victoire du FLN
Document transmis par José Castano.
LA   V E R I T E ?… C’EST  CELLE-LA !  
             La lutte pour l’indépendance de son pays justifie telle de telles atrocités ? Repentance pour qui ? 
«Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens »(Hocine Aït Ahmed – chef historique du FLN)  
         Pour ceux qui n’acceptent pas la vérité, voici quelques photos édifiantes de la barbarie du FLN… et, çà, ce n’est pas de la fiction : ce sont des preuves !  
Visages lacérés où les yeux manquaient, nez et lèvres tranchés, gorges béantes, corps mutilés, alignement de femmes et d’enfants éventrés, la tête fracassée, le sexe tailladé ; c’était le lot journalier de la terreur… Malheur à ceux qui refusaient d’obéir au FLN ! Un sadisme et une cruauté sans pareil à l’égard de ceux qui aimaient la France…  
« La France a commis un crime : Elle a livré le peuple algérien aux tueurs et aux assassins ! » (Ferhat Abbas (ex-leader du FLN)  
Ci-dessous, Musulmans assassinés à l’Arba, le 27 février 1956. Les tortionnaires ont commencé par leur couper les paupières, le nez et les lèvres, avant de les achever tandis qu’un troisième était égorgé devant sa famille… pour l’exemple.
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"O croyants, combattez les infidèles qui vous avoisinent, qu’ils trouvent toujours en vous un rude accueil. Sachez que Dieu est avec vous et avec ceux qui le craignent" (Coran - IX, 124)  
Le 27 mai 1956, au douar Zenata (Remchi), deux musulmans, Benmrah Bouhassoun et Beneli Mohamed, sont torturés par les fellaghas. Ils sont décapités à la sape après avoir eu la verge sectionnée et enfoncée dans la bouche.
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"C’est pourquoi il est de notre devoir d’éprouver une haine farouche et de la léguer à nos descendants… La haine est le premier sentiment des nations, et le premier jalon dans l’édification des peuples" (A. H. Bakouri).
Le 30 janvier 1956, à Sétif, toute la famille Cruet sera sauvagement assassinée. Voici deux des enfants, le père et le  grand-père.
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« Le facteur initial et fondamental qui doit décider les Français à évacuer et à déguerpir est un climat de terreur permanente et de peur perpétuelle » (Radios Arabes).
Le massacre de Hel Halia, le 20 aout 1955, qui anéantit des familles entières, fit cinquante victimes européennes, dont un grand nombre d’enfants qui furent sauvagement mutilés et égorgés.
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« Aucune cause ne justifie la mort de l’innocent. Si je peux comprendre le combattant d’une libération, je n’ai que dégoût devant le tueur d’enfants » (Albert CAMUS)
Le  3 mai 1956, trois écoliers européens d’Ain-Beida sont attirés dans un guet-apens par un de leurs petits camarades de classe musulman ; les corps des enfants, martyrisés, lapidés et massacrés, furent retrouvés dans un puits le 23 juin 1956.
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Les bombes dans les lieux publics ont fait des centaines de petites victimes innocentes
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« Quittez le pays, quittez l’Algérie arabe, avant que l’on ne vous chasse, que l’on ne vous jette dehors comme des bêtes féroces et nuisibles » (Radios Arabes)
1er Mars 1962 – Assassinat de Mme Josette ORTEGA, concierge du stade de la Marsa, à Mers el-Kébir, et de ses deux enfants de 4 et 5 ans. Leurs têtes seront fracassées contre la muraille.
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« Le cœur de chaque algérien est rempli de haine à l’égard des Français… Chaque algérien est résolu à sacrifier son sang et sa vie pour élever l’étendard de son pays sur le corps des Français » (Radios Arabes)
Ci-dessous, le 18 juillet 1956, dix-neuf militaires tombent dans une embuscade en se rendant au Douar de Sidi-Ghalem où ils étaient invités par des indigènes infiltrés et terrorisés par le FLN. Ils furent tous atrocement  mutilés.  
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« Mes frères, ne tuez pas seulement… mais mutilez vos ennemis… crevez-leur les yeux, coupez-leur les bras et pendez-lez » (« Ez Zitouna », organe du FLN)  
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« Les tortionnaires se ressemblent… Ils appartiennent à la sombre patrie des bourreaux et insultent d’abord à notre espèce avant de salir, au hasard des guerres, le drapeau de leurs victimes » (Pierre Moinot)  
Les massacres collectifs furent innombrables… El-Halia, Ain-Manaa, Wagram, Melouza, entre autres, où plus de 300 personnes furent exécutées le 28 Mai 1957. Villages entiers rayés de la carte. Ci-dessous, le massacre d’Honaine  
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Ci-dessous, deux victimes musulmanes égorgées comme  des moutons selon la coutume du FLN.
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« J’ai choisi la discipline, mais choisissant la discipline, j’ai également choisi avec mes concitoyens et la nation française, la honte d’un abandon, et pour ceux qui, n’ayant pas supporté cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre »(Général De Pouilly)

18 Mai 1956 : Le massacre de PALESTRO. Une section du 11/9e R.I.C tombe dans une embuscade. Vingt jeunes soldats appelés sont effroyablement massacrés.
Le lieutenant Pierre Poinsignon, commandant la 6ème compagnie de cette même unité venue en renfort, témoignera : "Des cadavres mutilés gisent dans les buissons. Les yeux sont crevés, les corps vidés de leurs entrailles et bourrés de cailloux. Les testicules ont été coupés, et les pieds zébrés de coups de couteaux… "

Les âmes chagrines  disent que la conscience se révolte au spectacle de certains crimes. Nous sommes ici en présence du plus monstrueux florilège du crime qui puisse se concevoir. Les images qui représentent les milliers d’êtres humains égorgés, les visages mutilés au couteau, les corps écorchés vivants à coups de canif, les enfants déchiquetés par les bombes, les femmes éventrées, les hommes suspendus encore vivants aux crochets d’abattoir, reculent les limites assignées à l’horreur. Cependant, ces atrocités ne révoltent pas les consciences contre  les criminels, mais contre les victimes. Ces milliers d’innocents versés dans la mort servent à apitoyer le monde sur le sort des bourreaux. Le réflexe n’est pas l’indignation devant la sauvagerie du crime, mais la compassion envers les assassins à qui l’on trouve toujours une excuse à leurs actes « désespérés »… Et si les survivants excédés ou terrorisés prennent les armes pour sauver leur vie, dans un geste de défense aussi vieux que les âges –c’est ce qui s’est passé en 1961 et 1962 avec l’avènement de l’OAS-, ils soulèvent contre eux l’unanimité des censeurs.

Et pourtant, en dépit de ces atrocités, c’est l’Algérie qui voudrait condamner la France pour ses « crimes » et traite nos soldats de « criminels de guerre »…sans la moindre réaction de nos gouvernants.
 - 19 Mars 1962 : Le Cessez-le-feu (cliquez) :http://popodoran.canalblog.com/archives/2009/03/05/12835509.html

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BARRAGE DE MEURAD

 SITUATION-MEURAD REC
Michelin-Barrage-de-Meurad
Sur l'Oued Djabroun. C'est l'un des plus anciens barrages construits en Afrique du Nord. Le bassin versant couvre 18 km² situés sur le versant N de l'Atlas. L'indice pluviométrique est de 900 mm. L'ouvrage ne sert qu'aux irrigations d'été, car il y a bien un emplacement de barrage, mais il n'y a pas de cuvette. La rivière à un débit annuel moyen de 6 hm3, soit un peu moins que 200 l/s. Depuis 10 ans que le barrage existe, on ne connaît pas de crue ayant dépassé 20 M3/S.
Le premier projet de barrage date de 1851 et fut présenté par le Capitaine de Génie MALGLAIVE; l'ouvrage avait 24 m de hauteur et était muni d'un déversoir en puits. Le projet définitif, arrêté en 1852 par le Colonel BIZOT, fut exécuté entre 1852 et 1859, sans aucune précaution ni prudence, et en particulier sans respecter les données du projet du Colonel BIZOT.
Pour cet ouvrage fondé sur des roches basaltiques mises en place au Miocène et reposant sur des marnes du même âge ou plus anciennes (crétacées), on exécuta entre 1852 et 1854, d'abord la galerie de dérivation posée sur le basalte, de forme à peu près circulaire et de 3 m de diamètre, puis une première tranche de digue de même hauteur.
En 1855, on élevait la digue à 17 m de hauteur, sans pilonnage ni arrosage, au moyen de wagonnets déversant la terre à l'anglaise en deux couches, l'une de 12 m d'épaisseur, l'autre de 2,00 m.
En 1856, on faisait une couche d'environ 2 m.
En 1857, en procédant de même, on portait la hauteur de la digue, compte tenu des tassements, à près de 20 m et l'on prolongeait la galerie de quelques mètres.
Enfin, en 1859, on portait la crête de la digue à la cote 97 environ (cote des plans militaires); soit environ à 30 m au-dessus de la cote du terrain décapé de départ (soit 66 environ).
Ainsi cette digue a été faite, on peut le dire, n'importe comment, en cinq couches successives.
En 1862, le tassement ayant atteint, plus d'un mètre en certains points, on rattrapait ce défaut en rechargeant la digue.
Au fur et à mesure que l'on surélevait la digue, on montait la tour devant servir de déversoir. Mais les talus amont et aval n'avaient point été réglés et se trouvaient correspondre à l'angle de tenue naturelle des terres, soit sensiblement 1 pour 1,6 m. On fut obligé, pour remédier au foirage de la digue côté amont, de le revêtir. C'est le Capitaine DENFERT-ROCHEREAU qui le proposa en 1863, et l'on exécuta ce revêtement en gradins.
Enfin en 1867, après de longues discussions, la digue fut munie d'un déversoir de crues extrêmement sommaire qui consiste simplement en un canal latéral non revêtu, capable d'évacuer 25 à 30 m3/s, et arasé à la cote vraie (247,40), soit environ 6 m sous le couronnement de la digue, laquelle continuait d'ailleurs à tasser.
Actuellement le parement aval est recouvert par une végétation abondante, en particulier d'arbres ayant des troncs de 40 à 50 cm de diamètre.
Les tassements sont à peu près terminés, le couronnement a une forme concave très accentuée. L'ouvrage emmagasine quelque 500.000 m3 pour une hauteur d'environ 26 m au-dessus des fondations.
La question de la surélévation s'est posée de nombreuses fois. Il serait certes imprudent d'y répondre par oui ou par non, sans examen de la question, et cet examen nécessiterait des sondages de reconnaissance qui n'ont jamais été faits. Il est probable qu'une telle opération ne pourrait être tentée qu'après avoir muni l'ouvrage d'un organe de vidange puissant capable, par exemple, d'évacuer 50 m3/s pour une cote du plan d'eau égale à la cote maximum actuelle. On peut en tout cas affirmer que Meurad est l'un des barrages en terre les plus audacieux du monde, sa largeur à la base étant d'environ 95 m pour près de 30 m de hauteur, et pour une charge d'eau voisine de 24 m.
Barrage-de-Meurad-1 
La comparaison avec le barrage de Saint-Lucien est fort instructive: elle montre le rôle essentiel joué par les fondations et prouve, comme nous l'avons déjà dit, que l'importance du coefficient de sécurité ne peut être déterminée qu'après de nombreuses discussions entre l'Ingénieur et le Géologue. Telle fondation peut permettre telle audace, telle autre ne le peut pas. Les basaltes du barrage de Meurad sont très peu fissurés, et les fissures sont naturellement colmatées par des produits argileux provenant de l'altération de la roche elle-même. En tout cas, si les eaux ont une action sur la roche qui peut pourrir, il ne saurait être question de départ de matière par dissolution, comme c'est le cas dans les calcaires. Le basalte peut donc fournir une fondation moins bonne que les calcaires comme résistance, mais on sait que cette particularité n'a pas une grande importance, s'agissant d'un barrage souple; en revanche, le risque de circulations faciles, à forts débits sous faibles charges, créant évidemment des possibilités de renards extrêmement dangereux, y est fort improbable.

Plan-Barrage-de-Meurad
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09 MARS 2013

BARRAGE DES CHEURFAS

Barrage-des-Cheurfas-6
            Le barrage des Cheurfas, situé sur l'Oued Mekerra, à 20 km en amont de Saint-Denis-du-Sig, dans le département d'Oran, a été construit en 1880-1882 pour assurer les irrigations de la plaine du Sig. C'est un barrage-poids, de 30 m de hauteur, en maçonnerie de moellons.
            Le 8 février 1885, à la suite d'une crue, le terrain d'appui de la rive droite a été emporté par les eaux, entraînant avec lui la partie de l'ouvrage qu'il supportait. La nouvelle partie, immédiatement reconstruite, a été ancrée dans les calcaires affleurant à l'amont du barrage, ce qui explique sa forme en V ouvert vers la cuvette, avec un angle de 128°25'. L'ouvrage réparé a été remis en service en 1892.
SITUATION-LES-CHEURFAS REC
Michelin-Les-Cheurfas
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           Les crues exceptionnelles de l'hiver 1927-1928, qui entraînèrent la rupture du barrage de Fergoug, ont attiré l'attention sur le barrage des Cheurfas. Pour remédier à l'insuffisance de son profil, le barrage a été renforcé par la mise en place de tirants d'ancrage. La réalisation de ce dispositif devait permettre le rétablissement de la retenue normale à sa cote primitive (229,00). De même, il a été prévu une surélévation du plan d'eau pouvant atteindre 3 m (232,00).
            Un petit barrage voûté de 6 m de haut et de 70 m de long a été construit à 300 m en aval, dans le but de créer un matelas hydraulique qui protège le pied de l'édifice contre les affouillements consécutifs aux déversements.
Barrage-des-Cheurfas-3
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10 MARS 2013

LE BARRAGE DU FERGOUG OU DE PERREGAUX

Le barrage du Fergoug est implanté immédiatement en aval du confluent de l'Oued Fergoug et de l'Oued El Hammam, en amont d'un élargissement de la vallée.
SITUATION-FERGOUG REC
Michelin-Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux
L'ancien ouvrage, construit de 1865 à 1871, était un barrage-poids en maçonnerie hydraulique de 316 m de long, flanqué en rive droite d'un mur de 30 m faisant un angle de 120° avec l'ouvrage central, et en rive gauche d'un déversoir de 125 m de long faisant un angle de 35° avec le prolongement de l'axe du barrage. Ce déversoir était fait de deux murs verticaux réunis par un glacis en pente; sa crête était à 1,60 m en contrebas de la plate-forme du barrage. La hauteur au-dessus du thalweg était de 35 m, la hauteur totale au-dessus du point le plus bas des fondations était de 43 m. La largeur maximum des fondations atteignait 33 m. La capacité totale de la cuvette était évaluée à 30 millions de m3.
En 1872, le déversoir fut emporté sur une longueur de plus de 50 m par une crue estimée à 200 m3/seconde; il a été reconstruit sous forme d'un mur unique, profilé pour éviter les affouillements, et basé sur de solides fondations après remplissage des excavations découvertes dans le rocher.
En 1881, une crue de 850 m3/seconde emporta 125 m de barrage sur la rive droite; la brèche a été réparée de 1883 à 1885 avec modification du profil.
En 1881, Commentaires de Guy de Maupassant plus bas dans le texte.
Enfin en 1927, une crue de 2.300 m3/seconde avec pointe de plus de 5.000 m3/seconde a entaillé dans l'ouvrage une brèche de 155m.
AVANT
Le barrage de l'Oued Fergoug, avant la catastrophe de 1927.
Aérienne-barrage-oued-Fergoug-confluent-oued-El-Hammam,
Vue aérienne du barrage de l'Oued Fergoug au confluent de l'oued El Hammam, 
de l'oued Charzout né de l'oued Tharzout et de l'oued Guettar,  et de l'oued Fergoug. 
Au deuxième plan, les monts des Beni Chougran. 
Photo SHAT Vincennes - 1958 -

Historique de la construction du barrage.
Il n’était pas envisagé de créer un centre de colonisation sans étudier au préalable le problème vital de l’eau, dans une région où l’été est synonyme de sécheresse.
La construction d’un barrage sur l’Habra en amont du futur centre de Perrégaux était déjà évoquée dans le procès verbal d’enquête du 14 avril 1853 sur la création du futur centre de Perrégaux: 
<< ... l’étude relative au barrage qui doit relever le niveau des eaux de l’Habra et les verser dans la plaine, n’est pas encore faite et sera commencée seulement cette année... des fonds sont alloués pour l’étude du barrage et des grands canaux d’arrosage au moyen desquels on pourra porter au loin les eaux de l’Habra, qui dès lors deviendront une cause de fertilité au lieu d’être une source d’infections et de maladies... 
Le village sera alimenté par les eaux de la rivière qui sont saines et ne sont nullement saumâtres. Ces eaux peuvent être amenées par les canaux d’irrigation très près du village et probablement sur le plateau même. >>
Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-03

Canaux d’irrigation vers Perrégaux
Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-04
Canaux d’irrigation vers Perrégaux


Alimentée par l’Oued Habra, la plaine de l’Habra était constituée de terres marécageuses qu’il fallait assainir et irriguer. Cette opération s’inscrivait dans le cadre d’un projet gigantesque, insufflé par les premiers colons installés à Perrégaux.
En 1877, le maire de Perrégaux, Jules Duforest, consignait ces quelques lignes dans sa notice historique: 
<< Il serait injuste de croire que les premiers colons n’ont pas cherché à sortir de la situation qui leur était faite par le manque d’eau; en 1863 alors que les colons n’étaient qu’une trentaine, ils demandaient déjà d’être autorisés à construire à leurs frais, un barrage réservoir aux environs de Perrégaux, barrage primitif, il est vrai, mais qui ne leur aurait pas moins permis d’arroser leurs terres, comme l’étaient celles de l’Habra, par le barrage de Saint-Maur; il leur fut répondu que l’administration allait construire un grand barrage réservoir, à l’oued  Fergoug; ils demandaient aussi d’établir une pompe qui aurait élevé l’eau de la rivière, pour permettre l’alimentation du village.>>
Parmi les pionniers de 1863, on note un certain Dupré de Saint-Maur qui donna son nom au petit barrage situé au nord-ouest de Perrégaux. Cette même année, Monsieur Dupré de Saint-Maur, riche concessionnaire de la société de l’Habra, propose au conseil général la construction d’un barrage dans la plaine de l’Habra sur l’oued Fergoug. Le colonel Deligny, commandant la province, estime le projet peu urgent et inique. Dupré de Saint-Maur ne se décourage pas et ouvre une souscription dans l’écho d’Oran, afin de construire le barrage aux frais des volontaires. L’autorité militaire, s’estimant outragée, fit passer en justice l’instigateur du projet et l’imprimeur. 
Monsieur Dupré de Saint-Maur était concessionnaire dans la société de l’Habra. Il était aussi propriétaire de 2 000 hectares à Harbal près d’Oran. "  Je ne viens pas chercher fortune, affirmait-il, je viens ici risquer une fraction de la mienne. Il est digne de savoir exposer ses capitaux pour rendre productive une terre arrosée du sang de tant de Français ".
Enfin la construction du barrage débuta en 1865.
L’ouvrage construit de 1865 à 1871, était un barrage-poids en maçonnerie hydraulique de 316 mètres de long flanqué en rive droite d’un mur de 30 mètres faisant un angle de 120° avec l’ouvrage central, et en rive gauche d’un déversoir de 125 mètres de long faisant un angle de 35° avec le prolongement de l’axe du barrage. Le déversoir était fait de deux murs verticaux réunis par un glacis en pente; sa crête était à 1,60 mètre en contrebas de la plate-forme du barrage. 
La hauteur au dessus du thalweg était de 35 mètres; la hauteur totale au dessus du point le plus bas des fondations était de 43 mètres, la largeur maximum des fondations atteignait 33 mètres. La capacité totale de la cuvette était évaluée à 30 millions de mètres cubes. 
Le déversoir est un des éléments nécessaires d’un barrage réservoir; son but est de servir à l’écoulement des eaux de crues lorsque le réservoir est plein. Il est construit en fonction du volume des grandes eaux. Sur l’Habra, le débit des crues était estimé entre 4 et 500 m3/s.
Le 10 mars 1872, une crue exceptionnelle estimée à 700 m3/s provoqua la rupture du déversoir en créant une brèche de 55 mètres de longueur sur 12 mètres de hauteur. Le débit d’eau sortant de la brèche fut évalué à 5600 mètres cubes par seconde et plus de 200 000 m3 de déblais furent entraînés. 
Il fut reconstruit sous forme d’un mur unique, profilé pour éviter les affouillements, basés sur de solides fondations après remplissage des excavations découvertes dans le rocher, et définitivement terminé en mai 1873.
Le 15 décembre 1881, le barrage cédait à nouveau. Une crue de 850m3/s emporta 125 mètres du barrage sur la rive droite. Deux cent cinquante personnes furent noyées, ponts, et maisons emportés par les flots déchaînés. La reconstruction du barrage dura deux années, de 1883 à 1885, avec modification du profil et coûta 1.300.000 fr.
En 1881, Guy de Maupassant se trouvait en Algérie. D’Oran, il décidait de se rendre à Saïda et rapportait plus tard dans ses nouvelles parues sous le titre *Au Soleil *: 
"  J’ai donc pris, avec un billet pour Saïda, le petit chemin de fer à voie étroite qui grimpe sur les hauts plateaux. 
Après quelques heures de route on atteint les premières pentes de l’Atlas. Le train monte, souffle, ne marche plus qu’à peine, serpente sur le flanc des côtes arides, passe auprès d’un lac immense formé par trois rivière que garde, amassées dans trois vallées le fameux barrage de l'Habra. Un mur colossal, long de cinq cents mètres, contient, suspendus au-dessus d’une plaine démesurée, quatorze millions de mètres cubes d’eau. 
(Ce barrage s’est écroulé l’an suivant, noyant des centaines d’hommes, ruinant un pays entier. C’était au moment d’une grande souscription nationale pour des inondés hongrois ou espagnols. Personne ne s’est occupé de ce désastre français.) "
On sent bien à travers cette description que Maupassant voyageait accompagné d’un guide touristique. Louis Piesse évoquait longuement le barrage de Perrégaux dans le guide Joanne de 1882, Itinéraire de l’Algérie: 
" En quittant Perrégaux, le chemin franchit l’Habra sur un pont en fer de 40 mètres et s’engage, par une montée, entre la route de l’oued El Hammam à droite, et les berges escarpées de l’Habra à gauche; elle s’élève jusqu’au col des juifs, ainsi nommé parce que six juifs y furent massacrés par des bandits arabes. 
La route de Perrégaux à l’Oued El Hammam offre des sites très pittoresques. Le barrage de l’Oued Fergoug est d’un effet saisissant: la voie longe sur ce point le magnifique lac formé par le barrage et se trouve comme suspendue sur le flanc d’un escarpement de rochers presque à pic.
C’est à Perrégaux que le touriste partira pour visiter le barrage (12 kilomètres). En suivant la route accidentée qui conduit à Mascara par Oued El Hammam, on aperçoit, longtemps avant d’y arriver, et se détachant sur un fond de montagnes boisées, une ligne blanche qui grandit immensément à mesure que l’on approche: c’est le barrage de l’Habra.
Ce barrage construit au-dessous de la réunion de l’Oued Hammam, de l’Oued-Tezou et de l’Oued Fergoug, qui prend alors le nom de l’Habra, a une longueur de 478 mètres, y compris les 128 mètres du déversoir; sa hauteur est de 40 mètres; la partie bétonnée est de 7 mètres; enfin l’épaisseur de ce mur cyclopéen est de 38 mètres 90 c. à la base. L’eau arrêtée derrière le barrage forme un immense lac dont les bords semblent attendre des constructions, lac qui, se divisant en trois branches, remonte la vallée de l’Oued Hammam pendant 7 kilomètres., celle de Taourzout pendant trois ou quatre, celle de l’Oued Fergoug pendant 7. Les flots qu’apportent les trois oueds sont troubles, mais ils se reposent dans le lac et ils en ressortent bleus. La contenance du bassin est de 14 millions de mètres cubes. Cette eau s’écoule vers le bief inférieur par de puissantes vannes qu’un seul homme peut ouvrir au moyen d’un ingénieux mécanisme.
 Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-06
La présence de cet homme sur la passerelle dominant le réservoir nous donne la dimension de l’énorme muraille de maçonnerie et de ciment de 36 mètres de hauteur et de 38 mètres d’épaisseur à la base.
Les travaux du barrage de l’Habra ont nécessité une dépense de plus de 4 millions de francs à la société Debrousse et Cohen, qui, en échange de cette immense entreprise, a obtenu une concession de 25 000 hectares dans la magnifique plaine de l’Habra, entre Perrégaux et la mer, à plus de 20 km de Perrégaux. C’est à M. Barrelier, ingénieur, constructeur du barrage et gérant de la concession, que nous devons les renseignements si intéressants qu’il nous a donnés sur place. "
Le barrage est à nouveau détruit en cette fin d’année 1881. Monsieur Louis Laurent, alors maire de Perrégaux et Monsieur Jules Duforest, conseiller général, obtiennent à Paris les fonds et l’assurance de la reconstruction du barrage. Dès 1882, les travaux étaient activement entrepris.
Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-01
Le barrage en 1907 - carte postale colorisée.
Sur la colline située sur la rive droite du barrage, on distingue une sorte de tour. Elle fait partie de " l’ingénieux mécanisme " décrit par Louis Piesse : le débit des eaux est réglé par deux énormes robinets et deux grandes vannes de chasse permettant d’évacuer les eaux en peu de temps. La tour située au sommet du mamelon est une cuve à eau où le liquide est élevé au moyen d’une pompe à bras. Cette eau est destinée au fonctionnement des deux presses hydrauliques qui commandent la manoeuvre des vannes rendue  très facile puisqu’un seul homme peut alternativement les ouvrir et les fermer en quelques minutes.
La nouvelle rupture du barrage en 1927.     
Il avait plu toute la semaine et en ce vendredi 25 novembre 1927, le niveau de l’eau ne cessait de monter obligeant les responsables du barrage à ouvrir les vannes d’évacuations à leur débit maximum. Cette opération ne suffit pas à diminuer la pression qui s’exerçait sur le barrage-poids. En 22 heures et 20 minutes, le plan d’eau s’éleva de 27 m 85! 
Le samedi matin, à 10 h. 45, le barrage de l’Oued Fergoug, de 32 m de hauteur, se mettait à vibrer. Soudain le barrage fléchissait dans son milieu, s’ouvrait, et une énorme trombe d’eau jaillissait au point de rupture.
Le barrage est rompu. Une brèche de 16 m de hauteur sur 200 m de largeur, s’est formée au milieu du barrage. Une vague gigantesque se précipite vers Perrégaux emmenant avec elle les cinq à six mille mètres cubes de maçonnerie arrachés au barrage. Le débit de ce raz de marée terrestre atteint 2500 mètres cubes à la seconde. L’ingénieur subdivisionnaire Avargues put prévenir par téléphone le maire de Perrégaux, Monsieur Pascal Serres, qui fit donner l’alarme. Les cloches de l’église Saint-Martin résonnaient à tout va ainsi que le sifflet du dépôt de chemin de fer.
A Perrégaux, la population s’est réfugiée sur les hauteurs de la colline des planteurs, ou dans les étages des maisons qui lui paraissait être suffisamment solides pour résister à un tel cataclysme.
Enfin, trois quarts d’heure après l’annonce de la rupture du barrage, les flots torrentiels déferlaient dans les rues de Perrégaux, dans un vacarme assourdissant et angoissant. 
La vague, puissante et dévastatrice, emporte sur son passage le pont métallique du chemin de fer; au dépôt des chemins de fer de l’état, les locomotives et les wagons sont soulevés, renversés, transportés jusque dans les rues de la ville. Les routes sont coupées, les vergers arrachés, les récoltes anéanties. L’eau submerge et dégrade la route Perrégaux Oran. Dans la ville, une cinquantaine  de maisons n’ont pas résisté et se sont effondrées sous le choc et la poussée de cette force naturelle que l’on avait essayé de maîtriser. Dans les rues, la hauteur des eaux boueuses atteint deux mètres. Grâce à l’appel téléphonique de l’ingénieur du barrage, mais aussi du fait que la catastrophe se soit déroulée de jour, il n’y eut pas de victime à Perrégaux. On dénombra cependant quelques noyés dans la plaine, des indigènes essentiellement.
Dans la plaine, la vague a perdu de sa puissance et sa hauteur n’est plus que d’un mètre. Sa puissance s’est affaiblie en rencontrant sur son parcours différents obstacles: les routes et les voies de chemin de fer surélevées de Perrégaux à Mostaganem et à Sahouria, ont fait office de barrages tout au long de sa progression. Finalement le flot s’étale sur 20 km de largeur, couvrant la plaine de l’Habra d’une épaisse couche de limon.
En ville, l’eau s’est retirée. La boue et la vase ont recouvert les rues, ont envahi les caves et les rez-de-chaussées dont les planchers se sont écroulés.

barrage-Oued-Fergoug-Perregaux-1927



Barrage-oued-Fergoug-rive-gauche







ruptureBarrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-08            Les secours s’organisent. Le 32° bataillon du génie de Hussein-Dey, prévenu à 17 heures, envoie à Perrégaux, sur ordre du Général commandant  le 19° corps d’armée, un détachement constitué d’un chef de bataillon, de trois officiers et de 150 hommes. Le 28 novembre, le détachement est rejoint par des télégraphistes et des sapeurs du 45° bataillon du génie. Le lendemain, le 29 novembre, la compagnie de pionniers du 1° Régiment Etranger arrive à Perrégaux et cantonne sur wagons.
La légion Etrangère et une compagnie du 15° Génie remettent en état la voie entre Perrégaux et Bou-Henni. 
Le Génie travaille à la remise en état de la gare de l’Etat.
Il pleut depuis huit jours en ce 30 décembre 1927; à Perrégaux, l’oued Habra coule à pleins bords. Le pont du chemin de fer menace d’être emporté d’un moment à l’autre. Par crainte d’une catastrophe, la compagnie P.L.M. a cessé dès le matin toute exploitation entre Perrégaux et Bou-Henni. Elle a en conséquence arrêté à 9h50, en gare de Bou-Henni, l’express Oran Alger ; le 31 décembre une nouvelle crue enlève le pont mixte constitué de route et rail sur 55m de longueur et 15 de large.  Les télégraphistes rétablissent les communications, en particulier sur la ligne Perrégaux Mascara où elles sont coupées sur 2 km. 
Le 31 décembre, le barrage de Saint-Maur, à 2 Km en aval de Perrégaux, cède à son tour. 
Dès le 31 décembre, on décide de construire sur l'Habra deux ponts distincts. A l’emplacement de l’ancien pont, on projette de construire 3 travées de pont Pigeaud, expédiées de métropole. Mais la rivière emporte une des deux culées du pont le 6 janvier 1928, puis l’autre le 26 janvier. La brèche atteint alors 370 m.
barrage-dérivation-St-Maur-Oued-Fergoug-Perregaux
Le barrage de Saint-Maur,  dans la plaine de l'Habra, 
après sa destruction - janvier 1928 -
Le pont portant le nom de pont Tesson, en béton armé, a tenu bon malgré une brèche de 16 mètres derrière la culée de la rive droite. En 10 jours, les sapeurs réalisent un pont sur pilotis, seul lien de communication terrestre avec Oran en attendant les ponts Pigeaud.
Le premier pont Pigeaud est construit 500 m en amont de l’ancien pont, sur une partie de l’oued dont la largeur est de 77m. Les travaux débutent le 15 janvier et le premier pont est terminé le 23 mars 1928.
Le 29 mars 1928, le pont route construit sur l’Habra par le 32° bataillon est terminé et la compagnie PLM reprend l’exploitation de la ligne Alger Oran avec transbordement à Perrégaux. Quant aux Perrégaulois, l'heure était à la reconstruction et au nettoyage de la ville envasée par des tonnes de boue et de débris de toutes sortes.
Barrage en 1929
Barrage le 10/01/1939 - Dépôts dans la retenue, on aperçoit sur la rive droite à la côte plus élevée un reste de l'ancien barrage après la rupture de 1927.

Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-02
Sur la route de Mascara, le long du barrage - 1958 -
 Barrage-de-l'Oued-Fergoug-Perregaux-1986
Le barrage en 1986 - photo Louisette Peralta - 
Barrage réaménagé par une entreprise d'un pays de l'Est.
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11 MARS 2013

DC PIERRE DUBITON

            Nous venons d'apprendre le décès de Pierre Dubiton hier à Marseille, grand défenseur de l’Algérie française frère d'armes de "Rocky" Jean-Paul Robert. Il nous quitte 2 ans après lui presque jours pour jours.
Ancien financier de l'OM. Sa famille fut très touchée par le FLN. Il venait d'avoir 70 ans, il est décédé le dimanche 10 mars suite à une longue maladie.
Ancien du Lycée Lamoricière mais surtout camarade de combat dans le célèbre commando "Franck".
Petit Pierre est parti retrouver Jean-Paul, Robert Sultan et Franck. Ce que le FLN et les barbouses n'ont jamais pu faire, cette saloperie de crabe l'a réussie.
Dormez en paix mes amis.
Une cérémonie pour ses obsèques aura lieu le jeudi 14 mars 2013 à 9 heures en l’Église Saint-Michel Place de l'archange.
P dubiton
            Sur son bureau d'expert-comptable ­ deux agences, à Toulon et Marseille, 18 collaborateurs , il garde une photo: la tombe familiale au cimetière de Tamashouet à Oran. Son père Georges, fonctionnaire municipal, y repose, mort là-bas le 26 octobre 1956 à 50 ans, sous les balles d'un tireur, en descendant du bus. La guerre d'Algérie ne disait pas encore son nom. Quelques mois plus tard, on ampute d'une jambe sa sœur de treize ans, touchée par une balle tirée par les gendarmes mobiles à la cité Lescure à Oran . Chez les Dubiton, la guerre est inscrite au fronton. Du côté de son père, on comptait quatre frères: le premier, «gazé à Verdun», est décédé en 1947. Le deuxième, tué en 1917 au front. Le troisième, «militant de la France libre», fusillé en 1942 dans l'Allier. Et le quatrième, son père, «assassiné par les terroristes». Ça vous trace un destin.
« Le jour où j'ai perdu mon pays. » Pierre Dubiton
            « J'avais 14 ans quand mon père, qui était fonctionnaire municipal, a été assassiné par le FLN. Trois ans plus tard, je me suis engagé dans le 1er régiment étranger parachutiste. »Le regard dur, les mâchoires serrées, Pierre Dubiton raconte, sans nous épargner aucun détail, la guerre impitoyable que se livrent alors légionnaires et maquisards du FLN. « Un jour, nous sommes appelés après le massacre d'une famille. C'était celle de ma demi-sœur. Les quatre têtes étaient posées dehors. Ma sœur avait 11 ans. Ils l'avaient violée, éventrée, mutilée. »
            En mai 1961, après le putsch, Pierre Dubiton, en cavale, passe à l'OAS-Oran. « Je me suis battu en faisant parfois des trucs désespérés. Mes compagnons de l'OAS, ce n'étaient que des fils de prolos, de communistes, pas un seul enfant de bourgeois. En 1945, il aurait fallu une partition. Mais nous n'avions pas de Ben Gourion» Peu après l'arrestation du général Jouhaud, de violents combats de rue opposent gardes mobiles et commandos de l'OAS. « Ça tirait dans les rues, sur les immeubles. Mes trois sœurs ont été blessées, l'une d'elle a été amputée d'une jambe. »
            La guerre de Pierre Dubiton s'achève lors d'un duel avec un tireur d'élite de la gendarmerie. « J'ai pris une balle explosive dans le bras. On a réussi à m'évacuer. Quand l'avion a grimpé dans le ciel, j'ai compris que tout était fini, que j'avais perdu mon pays. »
            « Je ne suis pas fier d'avoir fait certaines choses mais c'était la guerre. Si on fait la guerre, tous les coups sont permis Et puis cela faisait sept ans qu'on se faisait massacré sans rien dire. On leur a rendu la pareille pendant à peine un an, alors... » Rendu la pareille à qui ? Principalement aux nationalistes algériens organisés dans le FLN, aux forces de l'ordre et à l'armée françaises, fidèles pour leur très grande majorité à l'autorité légitime et chargées de lutter contre l'Armée secrète. Ce combat sur deux fronts suffisait à condamner l'OAS à l'échec.
            L'aventure de l'OAS se termine au printemps 1962. Le 18 mars, les accords d'Évian instituant l'indépendance de l'Algérie sont signés. Le 26 mars 1962, une manifestation d'Européens tourne au carnage rue d'Isly à Alger. La veille, le général Jouhaux est arrêté à Oran, ce sera ensuite le tour de Roger Degueldre le 7 avril, puis du général Salan le 20 avril. L'OAS est décapitée.
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12 MARS 2013

LES BOBARDS DE SANG ET DE LARMES

Document transmis par Michel Delenclos
01 novembre 1954 – 19 mars 2013
La France et l'Algérie
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 A. Bouteflika invité par N. Sarkozy a Nice, le 30.05.2010 à l'occasion du sommet Afrique-France «Cela suffit avec tes bobards !»
        En quelques mois de présidence, M. Hollande nous a présenté un éventail de ses «connaissances historiques», à travers ces dates: 8 mai 1945, 01.11.1954, 17.10.1961, 19.03.1962 et 05.07.1962. Jamais, un de ses prédécesseurs ne s'était autant étalé que lui à ce sujet. A chacune de ces dates, il nous donne sa version des faits. Pour cela, il se répand en déclarations, en commentaires, en messages, en discours avec, en apothéose, celui du 20.12.2012 à Alger. Certes, on peut comprendre les coutumes diplomatiques mais, tout de même: «L'Algérie est aujourd'hui un pays respecté sur la scène internationale...», «L'Algérie est un pays dynamique, dont les ressources sont considérables...», «L'Algérie est un pays jeune...», «L'Algérie est un pays courageux...». Le comble s'est produit au Parlement européen, lorsque F. Hollande, à propos du terrorisme qui occupe le Mali et de la position de l'Algérie, déclarait, le 05.02.2013: «Je veux dire ici combien l'Algérie a souffert pendant des années et des années du terrorisme, et que, s'il y a un pays qui, ici est la victime de la barbarie, c'est bien l'Algérie...». Que pratiquaient le «FLN» et l' «ALN», en Algérie, du 01.01.1954 à juin 1964, sinon la barbarie, à l'encontre de tous ceux qui refusaient leur dictature, à l'encontre des civils, des enfants...Ce n'est pas de la sorte que M. Hollande écrira une nouvelle page «simple et grave!», en n'explorant qu'un versant de la montagne! A l'exception du 01.11.1954, pour les autres dates, De Gaulle était successivement président du Gouvernement provisoire de la République française puis président de la République française. F. Hollande ne le cite jamais lors de ces dates historiques, mais, il n'est pas le seul. Et pourtant, c'est un témoin principal au ban de l'histoire.

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F. Hollande et la falsification de l'Histoire Benjamin Stora et F. Hollande: le souffleur et le porte-voix.
Le 01 novembre 1954 et les Faits:
        Ce jour-là dit de la «Toussaint rouge». Chronologiquement, la guerre d'Algérie débute le 31.10.1954 à 23h00, avec l'assassinat délibéré de Georges-Samuel Azoulay qui avait refusé aux 4 terroristes du «FLN» de les conduire à une poudrière à Oran; il est encore aujourd'hui la victime-symbole des ignorés de l'histoire. Puis, à 23h45, blessé, Laurent François sera achevé devant la gendarmerie de Cassaigne. Le 01.11.154, à 08h00 du matin, l'instituteur Guy Monnerot -dont l'histoire sera médiatisée- sera à son tour assassiné. Par la suite, seront assassinés le caïd Ben Hadj Sadok, l'agent de police Haroun Ahmed Ben Amar et quatre appelés: Pierre Audat, Eugène Cochet, André Marquet et le lieutenant Gérard Darneaud. Parmi ces 9 victimes, 4 Français d'Algérie (juif, chrétien et musulman) et 5 métropolitains: tout un symbole qui sombrera dans la quotidienneté de cette guerre et, bien après le soi-disant cessez-le-Feu.
Bobard:
         Le 01 Novembre 2012, dans un message adressé au président de la République algérienne démocratique et populaire «RADP» (*), A. Bouteflika, F. Hollande note: «A l'occasion du 1er novembre (1954), j'ai le plaisir de vous adresser à vous-même ainsi qu'au peuple algérien, mes vœux très sincères et amicaux. En cette année du cinquantenaire de l'indépendance algérienne, je me réjouis de la vigueur renouvelée de nos relations qui se manifeste à travers les nombreux domaines dans lesquels coopèrent nos deux pays.». Un message à l'unisson et à la gloire du «FLN».
         (*) En 1984, Ferhat Abbas, ancien président du «GPRA» constatait que: «Notre République algérienne a été affublée d'un appendice, celui de «démocratie populaire», ce qui veut dire en clair, qu'elle n'est ni démocratique ni populaire...».
Le 17 octobre 1961 et les Faits:
        La Fédération de France du «FLN» décide, le 25.08.1958, d'ouvrir un second front en France même, sur l'ensemble du territoire, alors étiquetée «Wilaya 7». Outre la guerre fratricide contre le «MNA», le «FLN» exécute en métropole des sabotages, des attaques contre des objectifs économiques, militaires ou politiques, mais également des tortures et des assassinats. Ainsi de 01/1956 à 12/1961, dans sa lutte fratricide, le «FLN» tuera 3.889 Algériens et en blessera 7.678 (Source: L. Joxe, ministre d'Etat chargé des Affaires algériennes). Les assassinats perpétrés contre les métropolitains, du 01.01.1956 au 23.01.1962 s'élèvent à: 150 tués et 649 blessés; Militaires tués 16 et 140 blessés; Policiers tués 53 (dont 21 en 1961) et 279 blessés. (Source: Ministère de l'Intérieur). Il faut préciser que les policiers reçurent l'ordre de protéger les Algériens des actions du «FLN», face à l'augmentation très forte de tués, notamment en 1961. En 11/1961, Paulette Péju,  avait écrit ce livre: «Le 17.10.1961 des Algériens» qui sera très vite autocensuré à la demande insistante de A. Ben Bella et de H. Boumediene qui s'opposeront ainsi à la «Fédération de France du FLN»; cette dernière, partisan du «GPRA» ne pouvait que nuire à l'ALN de l'extérieur. Face aux exactions et aux meurtres qui se poursuivent en France du fait du «FLN», depuis 06/1962, cela malgré le cessez-le-feu (19.03.1962 à 12h00), A. Ben Bella reconnaît que: «Cette Fédération (Fédération de France du «FLN») séquestre dans les caves, elle soumet à la torture les Algériens qui se refusent à payer leur cotisation; elle continue à employer en temps de paix des méthodes de guerre...». Il est notoire que des travailleurs Algériens vivaient dans des taudis, tout comme était connu le fait qu'ils étaient rançonnés par le «FLN»; refuser de s'acquitter de cette contribution forcée leur offrait le choix, entre l'égorgement ou une balle dans la nuque. Le 06.01.1998, un rapport sur les archives de la préfecture de police relatives à la «manifestation du 17.10.1961», est présenté à Jean-Pierre Chevènement par un groupe de travail qui annonce 32 morts.
Bobard:
         Le 17 octobre 2011, avec l'historien Benjamin Stora,  accompagné de Faouzi Lamdaoui et de Abdelkader (*) Arif, F. Hollande jette une fleur par-dessus le Pont de Clichy puis, il explique sa motivation: «Je voulais être là, fidèle à la promesse que j'avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame.». (*) Abdelkader est son véritable prénom. Je rappelle que F. Hollande, le 14.10.2011, avait été le 3.008ème signataire de la pétition annoncée par le responsable de «Médiapart», Edwy Plenel qui, avait lancé: «Un Appel à la reconnaissance officielle de la tragédie du 17.10.1961 à Paris.». De nouveau, dans un communiqué du 17.10.2012 qu'il signe, F. Hollande écrit: «Le 17.10.1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. 51 ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.». A chacune de ses interventions, F. Hollande occulte les victimes du «FLN».  Le 26.03.2012, 12 sénateurs (trices) «EELV», écologistes, déposent une proposition de résolution, n° 484, visant à la reconnaissance de la responsabilité de la République française dans les événements (curieusement, il ne s'agit plus, en la circonstance, de guerre: Loi n° 99-882 du 18.10.1999) du 17.10.1961. Exposé des motifs: «...L'action des forces de l'ordre fut d'une violence extrême: ces hommes furent molestés (des milliers de travailleurs algériens), torturés et massacrés. Le bilan officiel, témoin de la censure de l'Etat sur cette tragédie, s'établit à 2 morts...(contre-vérité: voir plus haut). Les travaux historiques (lesquels et par qui?) estiment aujourd'hui à entre 100 et 200 le nombre des victimes de cette répression...Aujourd'hui encore, pour l'Etat français, le bilan officiel reste inchangé. On ne constitue pas la démocratie sur des mensonges et des falsifications. (Cette phrase relève d'un culot rare de la part de sénateurs qu' «on n'élit pas à l'aune de leurs connaissances en histoire.», il est vrai et, comme le souligne, plus bas, l'historien M. Winock). On ne bâtit pas l'amitié entre deux peuples en refusant de reconnaître sa responsabilité dans un massacre..(et les autres massacres) .Proposition de résolution:...Invite en conséquence le Gouvernement à reconnaître la responsabilité de la République française dans les événements du 17.10.1961. Souhaite en outre que soit créé un lieu de souvenir à la mémoire des victimes du 17.10.1961...»- Le 24.10.2012, le Sénat, sous la signature de son président, Jean-Pierre Bel, adopte la résolution n° 14: «Considérant les travaux historiques et scientifiques (lesquels et par qui?) qui établissent la réalité des violences et meurtres (Meurtres: qu'elle est l'instance qui a qualifié ces homicides volontaires qui auraient été commis par les forces de police?). commis à l'encontre de ressortissants algériens à Paris et dans ses environs lors de la manifestation du 17.10.1961; souhaite que la France reconnaisse ces faits; souhaite la réalisation d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes.»
Le 18 mars et le 19 mars1962 et les Faits:
        A la suite des négociations officielles à Evian, entre le «FLN» et le gouvernement français, deux documents sont sur la table, dès le 07.03.1962: l'un «l'Accord de cessez-le-feu en Algérie» -publié au «JORF» et non signé par les parties; il est le seul à porter la mention «Accord», l'autre étant intitulé «Déclarations gouvernementales du 19.03.1962 relatives à L'Algérie». L'article 1 de l' «Accord» stipule: «Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l'ensemble du territoire algérien le 19.03.1962 à 12h00», et, l'article 11 de cet accord -que nombreux sont ceux à vouloir effacer de leur mémoire- précise: «Tous les prisonniers faits au combat par chacune des parties au moment de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu seront libérés...». Quant au second document, composé de 93 pages, il sera signé, page après page, par le représentant du «FLN», Krim Belkacem, et par les représentants du gouvernement français: Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie. Chacun de ces documents étant bien distinct avec leur portée respective et spécifique. Comme le souligne l'historien Xavier Yacono -parmi tant d'autres français comme algériens, ils n'auront très vite que «la valeur d'un chiffon de papier». Le cessez-le-feu est, sur le terrain, unilatéral; l'armée française reste l'arme au pied sur ordre de De Gaulle. Ainsi, l'après 19 mars comptabilisera plus de victimes qu'en 7 ans 4 mois et 18 jours.
        En mai 1962, dans un rapport officiel à l'ONU, le contrôleur général aux Armées, Christan Bourdoncle de Saint-Salvy, note: «Les crimes de guerre commis en Algérie depuis le 19.03.1962 sont sans précédent depuis la dernière guerre mondiale, dépassant tout ce qui avait pu être constaté en Asie ou en Afrique noire...». Le 17.05.1962, le quotidien l' «Aurore» relève les propos de Robert Buron, encore sur le terrain en Algérie: «..En nombre inchiffrables, les Musulmans «compromis» à nos côtés étaient massacrés. Il y avait des victimes européennes, mais les Français de souche étaient surtout rançonnés ou ruinés par le saccage et l'incendie. Le passages des Huns!...C'est Dunkerque en pire qui se prépare.». Le 22.09.1981, le président socialiste de la République française, François Mitterrand, avec réalisme et sagesse, déclarait: «S'il s'agit de décider qu'une date doit être officialisée pour célébrer le souvenir de la guerre d'Algérie, cela ne peut être le 19 mars parce qu'il y aura confusion dans la mémoire d'un peuple.». Quant à l'ancien Ministre de l'Algérie, Robert Lacoste, il lâchera: «De Gaulle a terminé la guerre d'Algérie comme un charcutier...». Le 05.05.1989, lors d'un entretien avec l'ancien porte-parole du «FLN», Redha Malek, le diplomate et négociateurs à Evian, Bruno de Leusse, à propos du 19.03.1962, lâche: «On ne fête pas Waterloo!»; un peu plus tard, à ce propos, R. Malek écrira: «J'ai trouvé le jugement excessif, mais il décrivait sans doute le sentiment dominant.». En 10/1999 (confirmé par «La Croix» du 17.06.200), à propos de la répression contre le «GIA», A. Bouteflika rappelle: «Nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu'en 1962 où, pour un Harki, on a éliminé des familles et parfois des villages entiers...».
Bobard:
        L'enfumage: La journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des morts civils et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie est fixée au 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu proclamé le 19.03.1962 en Algérie, mettant fin à 10 ans de guerre en Afrique du Nord. La «FNACA» et le «PCF» s'empressent de surcroît, de comptabiliser 30.000 soldats français morts...En ce jour anniversaire du cessez-le-feu, on amalgame la Tunisie (indépendante le 20.05.1956) et le Maroc (indépendant le 03.03.1956); on comptabilise 10 ans de combat et 30.000 morts...En 2007, F. Hollande adresse un courrier à la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie «FNACA» dans lequel il promet qu' «il y aurait la reconnaissance du 19 mars et l'abrogation du 5 décembre...». Le 19.03.2011, à Tulle, à l'occasion de la commémoration du 19 mars à laquelle il participe, F. Hollande précise: «Le 19 mars est incontestablement la date la plus significative pour les anciens combattants de la guerre d'Algérie.». Le 26.03.2012, dans une lettre adressée à Gérard Perrin  -«rapatrié» d'Algérie-, F. Hollande note: «Je crois effectivement utile que la France présente des excuses officielles au peuple algérien...Il fallut attendre, ensuite, le 19.03.1962 pour que la France accepte le principe de l'indépendance de l'Algérie, via les Accords d'Evian, après huit années de guerre (en réalité 7 ans 4 mois et 18 jours mais elle se prolongera, dans les faits, jusqu'en 1964, n'épargnant ni militaires ni civils, tués ou disparus) et de nombreux événements -action de l'OAS, tentative de putsch des généraux-, dont la fameuse semaine des barricades à Alger...». Hollande a la mémoire particulièrement sélective, refaisant l'histoire a posteriori, omettant l'existence du «FLN»...coupable de rien...Il est vrai que M. Hollande, le 08.07.2006, avait signé un accord de partenariat avec le «FLN», une grande faveur pour ce parti tant décrié en Algérie dont le secrétaire général, Abdelaziz Belkadem est «Une barbe «FLN», un islamiste.
Le 03 juillet 1962, déclaration officielle de l'indépendance de l'Algérie et les Faits:
        Le 03 juillet 1962, De Gaulle déclare: «Par le scrutin d'autodétermination du 01.07.1962, le peuple algérien s'est prononcé pour l'indépendance de l'Algérie coopérant avec la France. En conséquence, les rapports entre la France et l'Algérie étant désormais fondés sur les conditions établis par les déclarations gouvernementales du 19.03.1962 (et non les «accords d'Evian»), le président de la République française déclare que la France reconnaît solennellement l'indépendance de l'Algérie.» («JORF» du 04.07.1962).
         Le 04 juillet 2012, le docteur d'État algérien en sociologie et professeur à l'université Mentouri de Constantine, Abdelmadjid Merdaci, lors d'un entretien avec Mélanie Matarese, soutient que: «l'indépendance de l'Algérie devrait être célébrée le 3 juillet, non le 5...Cette reconnaissance formelle de l'indépendance algérienne devait être consacrée ce 3 juillet par les messages des dirigeants de la grande majorité des États membres des Nations-Unies. Sur le strict plan historique, ce fait ne peut être contesté: l'Algérie est devenue un État souverain et indépendant à la date du 03 juillet 1962», puis il précise que: «C'est le gouvernement de A. Ben Bella qui inscrit en 1963 la journée du 5 juillet comme celle de l'indépendance de l'Algérie au motif de la charge symbolique attachée à la prise d'Alger le 05 juillet 1830...A. Ben Bella et ses alliés, qui avaient exprimé des réserves sur les «accords d'Évian», engageaient ainsi l'exclusion de la reconnaissance officielle et, partant, de la mémoire collective, ceux qui, notamment au sein du «GPRA», avaient eu la lourde charge de la conduite de la guerre et des négociations. L'Algérie bégaie très vite son histoire et la décision politique d'effacer le 3 juillet.
            Rappelons que la journée du 19 mars 1962 qui fut elle aussi occultée avant d'être réhabilitée en 1984, a placé le pays dans une situation ubuesque de non-droit. Puisque si l'on s'en tient à la date du 5 juillet comme celle de l'indépendance, l'Algérie devient un objet politique et constitutionnel sous vide juridique les 3 et 4 juillet!...
            Au moment ou plusieurs facteurs concourent au retour critique sur ce passé, il est nécessaire de noter que l'une des questions les plus lourdes et les plus difficiles à traiter demeure celle du sourd consentement des Algériens aux manipulations, aux occultations et aux mensonges.
            De ce point de vue, la journée du 5 juillet reste celle d'une insoutenable forfaiture...Comment justifier que la chute de la régence puisse devenir un symbole national algérien?».
Bobard:
1
A. Bouteflika et F. Hollande le 08.07.2006 à Alger. Quel fougueux baiser! Se seraient-ils pacsés? Si tel est le cas, rappelons-leur qu'ils ont alors des droits réciproques: d'abord de cesser de raconter des bobards et, de laisser dire et écrire l'Histoire et ses vérités par leurs historiens respectifs.
        F. Hollande voulait marquer un coup à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, le 05.07.2012. Pour cela, il proposera à A. Bouteflika d'envoyer une délégation française de haut niveau pour assister aux cérémonies. Bouteflika lui répondra: «Non!»..
         Le 05.07.2012 (???), F. Hollande adresse ce message au président de la «RADP», A. Bouteflika: «Le 05.07.1962, l'Algérie célèbre la fin de son long combat pour l'indépendance. En ce cinquantième anniversaire de la naissance de la République algérienne démocratique et populaire, les Français s'associent à l'émotion de tous les Algériens. J'ai bien entendu votre appel, le 8 mai dernier, à une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels. Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité. Ils le doivent à leurs aînés mais aussi à leur jeunesse. La France considère qu'il y a la place désormais pour un regard lucide et responsable de son passé colonial si douloureux...Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération. Bien à vous. F. Hollande à son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la «RADP».».
2
Ahmed Ben Bella accueillant F. Hollande, le 08.12.2010, dans sa villa «El Menzel» sur les hauteurs d'Alger. Depuis sa destitution du 19.06.1965, c'est la 1ère fois qu'un homme politique français le rencontrait.
BEN BELLA et les Faits:
        Ben Bella Mohamed dit Ahmed (25.12.1918-11.04.2012). Lors de sa déposition, le 12.05.1950, après le hold-up de la grande poste d'Oran le 05.04.1949, il dénoncera ses «camarades» avec une telle précision que des centaines de membres de l'Organisation spéciale «OS» seront arrêtés. Arrêté le 22.10.1956, il aura la possibilité de s'évader de la prison de la Santé, en 06/1957; il n'est alors pas question pour lui de repartir au front où l'on «purge» à tout va et, il restera bien au chaud en France. Libéré le 18.03.1962. Le 06.06.1962, il constitue un Bureau politique composé de membres du «Groupe de Tlemcen» dont H. Boumediene, «habilité à assumer la direction du pays et de prendre en main les destinées du pays». Très vite, il luttera contre le «GPRA» présidé par B. Ben Khedda «un abîme de saleté» puis il dénoncera, dès 04/1962 les «accords humiliants», «plate-forme du néo-colonialisme et entrave à la révolution» et «qui ne sont tout de même pas le coran». Ben Bella enverra Boumediene guerroyer contre les opposants de l' «intérieur» ceux qui réclamant la paix, la démocratie, la liberté d'expression, du travail, puis purger la Kabylie; pendant ce temps, Ben Bella s'installera à Oran, peinard. Au final, plus de 1.500 morts.
            Le 28.09.1962, il devient président du Conseil et chef du gouvernement de l'Algérie indépendante. Le 24.01.1963, face au correspondant de «Europe 1», il va reconnaître le massacre des Harkis et, le 03.06.1963, il dénonce: «les actes criminels contre les Harkis...Nous avons 130.000 Harkis en Algérie..». Ben Bella poursuivra tous les opposants à son régime dictatorial et, mènera une campagne contre les Kabyles qui fera plus de 400 morts. Le 08.09.1963, la Constitution est adoptée avec pour devise «Révolution par le peuple et pour le peuple» et, Ben Bella sera donc à la tête d'un régime constitutionnel de gouvernement par le Parti (unique, le «FLN»).
            À propos de ce régime, Ferhat Abbas écrira: «Le socialisme stalinien mis en place par Ben Bella et, pratique par Boumediene, a paralysé l'évolution de l'Algérie.». Le 17.09.1963, il confie à Philippe Herreman du «Monde»: «Voulez-vous que je vous dise? Je suis la seule chance de l'Algérie!». Cette Constitution, il la suspendra le 03.10.1963, s'attribuant les pleins pouvoirs jusqu'au 19.06.1965, date de sa destitution.  Il décide de la création de «cours révolutionnaires», autrement dit de tribunaux d'exception, afin de juger les «contre-révolutionnaires».  Avant son arrestation, 3.000 prisonniers pour délit d'opinions sont torturés et croupissent dans des prisons. Le 19.06.1965, avec la complicité active de A. Bouteflika, H. Boumediene le renverse et, dès lors, cette journée sera baptisée journée nationale du «redressement populaire», devenant officiellement au calendrier algérien, fête nationale chômée et payée; il en sera ainsi jusqu'en 02/2005, date à laquelle A. Bouteflika la supprimera.
            Lors de son arrestation, 2 milliards d'anciens francs, en pièces d'or et en devises étrangères sont découverts dans sa chambre; ce qui fera écrire à F. Abbas, en 1984: «Une chambre à coucher, fût-elle présidentielle, est devenue une succursale du Trésor!». Dans un entretien publié par «L'Humanité», le 01.10.2002, il affirme que: «Lors de ma présidence, j'ai tout fait pour combattre la culture de la haine et de la vengeance...». Avec vue sur la campagne présidentielle, Hollande rencontre in-extremis A. Ben Bella, le 08.12.2010, à défaut d'être reçu par A. Bouteflika et son Premier ministre, alors qu'il est en quête de stature présidentielle donc internationale.
Bobard
         Le 12.04.2012, suite au décès de Ben Bella, F. Hollande est la seule personnalité étrangère, et française, a manifesté ses condoléances au peuple algérien, en ces termes: «A. Ben Bella, restera pour les Français et pour les Algériens, l'un des symboles d'une étape historique décisive de nos deux pays. 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, et, quelques semaines après l'anniversaire des accords d'Évian, je forme le vœu que les peuples algérien et français puissent s'engager dans une nouvelle ère de coopération ».
La Politique, l'Idéologie et la liberté d'expression muselée ne font pas l'Histoire.
            Dans une étude intitulée «Les troubles de la mémoire française» publiée dans l'ouvrage «La guerre d'Algérie et les Français», sous la direction de Jean-Pierre Rioux, en 1990, l'historien Robert Frank souligne: «...pour les membres de la «FNACA, il s'agit de célébrer en ce jour (19 mars) la «paix retrouvée», c'est-à-dire le soulagement, la «libération»» des soldats du contingent qui voyaient ainsi la fin de la «sale guerre». C'est implicitement saluer la victoire de tous ceux qui ont milité pour la fin de la guerre d'Algérie: d'où l'attachement des communistes au choix de cette date.
            C'est, dans ces conditions marquer la victoire d'un camp français sur l'autre. Mais, cette victoire dans le cadre de la guerre franco-française vide le 19 mars de sa substance commémorative, bien plus sûrement que les déchirements suscités par le 08 mai 1945. Les partisans du 8 mai fêtent au moins une victoire qui donne un sens à leur guerre. Ceux du 19 mars veulent une célébration qui fasse remarquer que la guerre d'Algérie n'en avait pas. Une guerre sans cause est une guerre sans message, et la remémoration d'une guerre sans message ne peut se transformer en véritable commémoration. Les survivants peuvent célébrer le fait de n'être point morts pour rien. Mais, en honorant la mémoire de leurs camarades tués, ils posent implicitement l'affreuse question, la plus taboue par définition: pourquoi sont-ils morts? La guerre n'a duré que pour rendre plus vain leur sacrifice. C'est parce que cette question est au fond insoutenable que cette guerre est incommémorable ».
            Dans «La nouvelle revue d'histoire» n° 8 de 09/2003, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, diplômé des sciences politiques, ancien correspondant du quotidien «Le Monde», s'interrogeait: «Et d'abord lâcher ce truc que j'ai sur l'estomac, que nombre de Français ont eux aussi mais n'osent pas exprimer, sur cette terre de soi-disant liberté totale d'expression, de peur qu'on les taxe aussitôt de colonialisme, d'impérialisme, d'arabophobie, de racisme, voire de nazisme; mais, pourquoi donc les Algériens qui répètent à l'envie avoir conservé un si mauvais souvenir des 132 de colonisation française, qui ne cesse à tout bout de champs de convoquer les martyrs, la mémoire, le devoir de mémoire et autres concepts en vogue, pour accabler les Français d'hier, d'aujourd'hui et, sans doute bientôt, de demain, mais pourquoi donc donnent-ils l'impression en même temps, tous ces Algériens, ou peu s'en faut, qu'ils veulent s'installer en France? Pourquoi, dès l'indépendance obtenue, en 1962, au lieu de rester chez eux, de s'y retrousser les manches et de travailler à construire à leur guise leur pays enfin délivré des horreurs du colonialisme, les Algériens ont commencé à émigrer chez nous, et ça n'a jamais cessé, quitte à nous traiter de tous les noms quand on les interroge sur cet engouement, complètement illogique aux yeux de cette ancienne métropole d'où vinrent, paraît-il, tant de maux?». En mars 2013, y-a-t-il quelque chose à retrancher ou à ajouter de ce texte?
NON à l'Histoire Officielle
            Dans une tribune intitulée «Non à l'histoire officielle», publiée dans le quotidien «Sud-Ouest», le 23.01.2012, l'historien, spécialiste de l'histoire de la République française, Michel Winock, ancien militant de l'Union de la gauche socialiste puis du «PSU», soulignait que: «L'histoire officielle est le propre des États totalitaires qui, dans leur volonté absolue de tout contrôler, veulent aussi assujettir le passé à leurs intérêts du moment. Dans son célèbre roman «1984», George Orwell imagine dans l'État de Big Brother un ministère de la Vérité qui rectifie jour après jour les articles des journaux et autres sources de l'histoire afin d'accorder les événements d'hier à la politique d'aujourd'hui. C'est ainsi que les Etats fascistes et communistes remaquillaient les photos d'archives pour en faire disparaître les personnes limogées, bannies ou liquidées. Mais dans un régime de liberté comme le nôtre, l'Etat ne peut prétendre détenir la vérité. Les historiens non plus, du reste, qui ne produisent pas davantage d'histoire officielle. La connaissance du passé est toujours imparfaite, incomplète et susceptible d'enrichissement. Même sur des faits indiscutables, les historiens peuvent n'être pas d'accord sur l'interprétation à leur donner. A mesure que les questions deviennent plus complexes, un accord unanime est rarement possible. De cette confrontation entre chercheurs, on se rapproche d'une vérité, mais celle-ci est toujours partielle. Si l'Université, le Collège de France, l'Institut ne sont pas, pour ces raisons, habilités à sceller une histoire définitive à laquelle chacun doit se soumettre, que dire de parlementaires, que l'on n'élit pas à l'aune de leurs connaissances en histoire? En 2009, le Parlement européen, plus modeste que nos élus du Palais-Bourbon, rappelait que «les interprétations politiques officielles de faits historiques ne doivent pas être imposées par des décisions majoritaires des Parlements» et qu' «un Parlement ne peut légiférer sur le passé».
            Nos sénateurs pourraient méditer cette mise en garde avant de ratifier une proposition de loi qui n'est pas de leur compétence.». Mais qu'importe pour l'État socialiste: après la décision du Conseil constitutionnel n° 2012-657 DC du 29.11.2012, l'Assemblée nationale et le Sénat puis le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit:
Article 1: La République française institue une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civils et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc en Tunisie et au Maroc.
Article 2: Cette journée, ni fériée ni chômée, est fixées au 19 mars...
            Curieusement, les historiens, les collectifs qui s'indignaient qu'une Loi d'État dise l'Histoire se sont volatilisés, partis s'ébrouer ailleurs! Il n'y a plus personne pour s'indigner comme ceux-là l'ont fait à propos de l'article 4 de la loi n° 2005-158 du 23.02.2005, accordant «un rôle positif de la présence française notamment en Afrique du Nord.  Volatilisés Max Gallo, Pierre Nora, etc.
La Repentance 3
        Voici quelques réflexions et analyses émanant de Français et d'Algériens qui expriment l'incompatibilité de l'Histoire avec la repentance. Le 25.09.2001, lors d'un entretien avec le journaliste du «Monde», Philippe Bernard, à la question: «Pensez-vous que la France se devait d'exprimer une forme de repentance?», l'ancien ministres des Armées, Pierre Messmer, répond: «Ma réponse est non, catégoriquement non! Les regrets sont à exprimer d'abord par le «FLN» qui a massacré les Harkis. Nous, nous n'avons massacré personne...».  Le quotidien «Le Monde» du 13.12.2005, rapportait les propos de Bernard Poignant: «De grâce, pas de repentance à répétition, pas d'anachronisme pour chaque événement, pas d'exception pour qui que ce soit: les peuples portent en eux le meilleur et le pire.». Le 04.11.2009, le maire socialiste de Quimper, B. Poignant, à propos de l'identité nationale, rappelle: «L'Histoire de France est libre de recherche, elle doit être apprise dans la vérité et non dans la repentir...». Le 06.03.2012, face au journaliste, J-P. Elkabach, -caméléon qui change de couleur au gré de celle des partis au Gouvernement-, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, précise: «Je suis contre la repentance..Je suis pour l'honnêteté et la vérité historique...la lucidité. La repentance est instrumentalisée...». Le 05.07.2012, lors d'un entretien sur «l'Histoire est instrumentalisée en Algérie», à la question: «Et que reste-il de la colonisation?», l'historien algérien, Mohammed Larbi, répond: «Qu'on le veuille ou non, que cela fasse plaisir ou pas, l'entrée de l'Algérie dans la modernité s'est faite dans la colonisation. Quant aux dirigeants, quand ils parlent de repentance et tiennent des discours anti-France, c'est parce que cela fait l'unanimité et masque les divisions du pays.».
4
Caricature algérienne
         En 03/2012, paraissait le livre de l'Algérien, Kaddour Riad exilé en France depuis 1991 «Putain d'Indépendance», récit d'une révolution confisquée dans lequel, il nous fait comprendre que l'heure est venue de traverser la Méditerranée, seule façon pour lui de garder son indépendance et de faire en sorte que son roman ne se termine sans lui. (Son ouvrage ne sera pas publié en Algérie). Dans «Le Quotidien d'Algérie» du 14.09.2012, Aït Benali Boubekeur note: «Enfin, il va de soi que le verrouillage de la vie politique, dès l'indépendance, a débouché sur des dérives diverses...». L'écrivain algérien, Karim Akouche, réfugié au Canada, dans son ouvrage «Allah au pays des enfants perdus», publié en 10/2012, invite le lecteur à partager le chaos vécu par les jeunes Algériens d'aujourd'hui: «Le savoir n'a plus cours. La bureaucratie est érigée en éthique et la corruption en morale politique. Tout me dégoûte ici! 50 ans après l'indépendance, sommes-nous en Absurdistan?
            Les signes de corruption sont visibles partout en Algérie...Si Kafka revenait au monde, l'Algérie serait son sujet de prédilection...L'Algérie sombre, hélas, dans la décrépitude.». Le 10.11.2012, le romancier algérien, Bachir Mefti, dans son livre «Fantômes de la ville assassinée», fait le point sur la situation algérienne: «Ce que nous vivons aujourd'hui est plus dangereux, plus sournois. Nous vivons l'époque de l'assassinat moral...La violence des armes de la guerre de libération nationale n'a pas encore été discutée. Le régime d'après l'indépendance a tout fait pour éviter le débat sur cette question..». En Algérie, on écrit, on hurle «50 ans, barakat» mais, cette alarme ne semble avoir guère d'écho. Ainsi, aujourd'hui toujours, les libertés individuelles et collectives sont confisquées en Algérie, le peuple martyr prend dès lors la route de l'exil vers le pays de l'ex-colonisateur qui semble devenir l'issue salvatrice de bons nombres d'Algériens.
5
Caricature algérienne. Visite de N. Sarkozy en Algérie du 3 au 05.12.2007. Il avait été précédé par J. Chirac qui était en Algérie du 2 au 04.03.2003. Quant à F. Hollande, il a entendu les mêmes doléances à propos des visas...Mais Chut! La censure...
6
F. Hollande  (Photo: Reuter)  «J'n'en peux plus!»
             Le 17.12.2012, peu avant sa visite officielle à Alger, F. Hollande était l'objet d'un «Factum politique à l'usage du Président F. Hollande en visite d'État à Alger», signé par Abdelkader Dehbi, «simple citoyen algérien que j'ai la fierté d'être.», comme il se décrit lui-même. (Le Quotidien d'Alger):
            «Votre visite imminente au pouvoir politique en place à Alger, que vous savez illégitime et mafieux à plus d'un titre, me donne l'occasion à travers ce factum politique, de m'adresser aussi, à une opinion publique française trop souvent abusée par les mensonges, les manipulations ou les silences, d'une désinformation sournoisement orchestrée par les médias, les lobbies autres relais de l'Ordre dominant, dont la France officielle est partie intégrante; un Ordre dominant, usurpant le statut de «Communauté Internationale» pour mieux dissimuler sa vraie nature d'idéologie hégémonique impérialiste, sioniste et raciste, fondée sur les postulats détestables de l'exploitation, du bellicisme et de l'exclusion; un Ordre dominant, parfaitement conscient des nouvelles données géostratégiques, doublées d'une conjoncture de crise économique persistante annonçant la fin prochaine de sa suprématie...Vous permettrez donc, monsieur le Président...de vous dire crûment combien votre visite à Alger, tout autant que les visites officielles de vos deux prédécesseurs -M. Chirac en 2003 et M. Sarkozy en 2007- ou celles d'autres leaders européens, étasuniens ou de l'OTAN, témoigne une fois de plus, de la grave crise morale qui gangrène aujourd'hui plus que jamais auparavant, les puissances occidentales dont la France en particulier, volontiers donneuse de leçons de démocratie, de liberté, voire d'éthique politique...en tant que ces visites d'officiels occidentaux, sont perçues par une large frange du peuple algérien, comme de véritables forfaitures politiques et morales faisant hypocritement l'impasse, pour de basses considérations d'intérêts -pas toujours d'ordre public d'ailleurs- sur les terribles préjudices humains et matériels infligés au peuple algérien...».
         Le 19.12.2012, à 13h00, François Hollande atterrissait à Alger à l'occasion de sa visite officielle. Sur cette aérodrome, bâti par la France, le président de la République algérienne démocratique et populaire «RADP», Abdelaziz Bouteflika, ne portait ni chéchia, ni djellaba, ni babouches, mais bien un costume occidental avec cravate. Il est venu à la rencontre du chef de l'Etat français, non pas à dos de mulet mais en automobile, après avoir parcouru les routes construites en commun par les Algériens et les Français d'avant l'indépendance. F. Hollande s'est exprimé en français devant les parlementaires algériens et, tout au long de son parcours il a vu et fréquenté des bâtiments qui ont tous été construits durant «l'occupation française». Dès son arrivée, le personnel diplomatique a dû rappeler à sa concubine, qui s'était placée entre les deux chefs d'Etat, le protocole de circonstance. Le président algérien, quant à lui, paraissait en bonne forme, après un séjour et un suivi à l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce que l'on aurait pu croire rédempteur. Le «colonialisme» a conservé son côté positif ! F. Hollande était accompagné d'un aréopage de «lèche babouches» que de nombreux journaux qualifiaient comme tels, d'un historien, B. Stora...spécialiste unique de l'Algérie, de J-P. Elkabbach, -non pas en tant que journaliste mais, en tant qu' «invité» de M. Hollande- caméléon qui vire de couleur au gré de celles des gouvernements en place. M. Hollande se recueillera devant la plaque de Maurice Audin, membre du parti communiste et traître à la France, et y déposera une gerbe. Par contre, il déambulera au cimetière chrétien, dans y déposer la moindre gerbe. F. Hollande, l'homme de la confusion, de la division et de l'indécision. En tout cas, pas plus les Algériens que A. Bouteflika ne sont dupes de ses combinaisons.
        Auparavant, F. Hollande, avait tenté, subrepticement de s'approprier des «clefs d'Alger» voire du canon dit de «Baba Merzoug», pour offrir en cadeau à son ami Bouteflika. Il s'agit du patrimoine français et donc, d'un projet illégal. Heureusement quelques «résistants» déposeront une requête auprès du tribunal. Ce 19.12.2012, parmi les contrats en attente de signatures, celui de l'installation de l'usine Renault à Tiaret, près d'Oran, prévu pour cinq années: au moment de le signer, les Algériens objecteront que leur Gouvernement en a décidé autrement, ainsi il ne sera signé que pour une durée de trois ans...
DELENCLOS Michel  -Chercheur en histoire. Auteur de «19 mars 1962? Waterloo!», livre ouvert à M. le président de la République, Mmes. MM. Les députés, sénateurs, maires et citoyens de France», Ed. L'Harmattan, 12/2012.
Posté par popodoran à 23:24 - Commentaires [0] - Permalien [#]

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15 MARS 2013

BARRAGE DU HAMIZ

Sur l'Oued du même nom.      Le barrage du Hamiz est construit à 35 kms au SE d'Alger, un peu à l'amont du débouché dans la Plaine de la Mitidja de l'Oued Arbatache qui, prenant ensuite le nom d'Oued Hamiz, draine l'extrémité orientale de la grande plaine algéroise. Il se situe ainsi à 6 kms du village du Fondouk, à 25 kms de la mer.
SITUATION-HAMIZ REC
Barrage-du-Hamiz-Michelin
Barrage-du-Hamiz-9
 Régularisant un bassin versant de 139 km2, sur lequel tombent annuellement en moyenne 839 mm d'eau, l'ouvrage est utilisé pour l'irrigation des riches terres de la plaine.
Débit annuel moyen de l'oued : 51,6 millions de m3
Module : 1,6 m3/seconde ;
Module relatif : 12 l/seconde/km2
Débit minimum semi permanent 120 l/seconde
Débit minimum : 0 l/seconde ;
Coefficient de ruissellement : 0,42
Crue maxima enregistrée : 12 nov. 1935 : 510 m3/seconde.
LE PREMIER BARRAGE (1879)
CONSTRUCTION.
La construction du barrage du Hamiz fut envisagée dès 1852. Le choix de l'emplacement était pratiquement commandé par la topographie : avant son débouché dans la partie orientale de la Plaine de la Mitidja, en amont du Fondouk, l'Oued Arbatache s'encaisse d'abord dans des calcaires et des grès, puis dans des schistes plus tendres.
Etabli sur l'Oued Arbatache, à son débouché dans la partie orientale de la Mitidja, le barrage da Hamiz est le plus ancien des grands barrages algériens. Il fut en effet construit de 1869 à 1879 pour permettre l'irrigation de la plaine. La gorge qu'il barre est entaillée dans les terrains d'une unité structurale bien nette : la chaîne calcaire apparaissant sous une couverture tertiaire. L'ouvrage est construit, pour la moitié EST, sur des calcaires nummulitiques eux-mêmes plaqués contre des grès et argiles rouges permiens. Ceux-ci, par la suite s'amincissent jusqu'à disparaître au milieu du barrage, pour affleurer de nouveau largement sur la rive gauche, en arrière de l'ouvrage, dont la moitié ouest est ancrée sur des schistes gris anciens.
Les cinq contreforts, dont l'établissement avait été rendu nécessaire par l'apparition de trois fissures, furent édifiés de 1887 à 1889. L'ouvrage en maçonnerie ordinaire de 38 m de hauteur est un barrage-poids avec déversoir latéral (cote de base 129,00, niveau du déversoir 164,00, crête 167,00) ; les caractéristiques sont : 161,70 m de long, 6,65 m d'épaisseur à la crête, et 18,15 m à la base (au pied du parement aval)
La capacité théorique était la suivante :

pour une tranche d'eau de 15 m
1 366 400 m3
" " 20 m
3 199 200 m3
" " 25 m
6 066 200 m3
" " 35 m
9 769 700 m3
Barrage-du-Hamiz-1905
Barrage-du-Hamiz-3
Comportement après la mise en eau.
Toute la partie rive droite de l'ouvrage étant assise sur les calcaires fissurés du Lutétien, de nombreux ennuis devaient surgir quant à l'étanchéité ; ils furent de deux sortes : des fuites à la base et une considérable augmentation des débits d'une source située près du mur de pied, au fur et à mesure de la montée du plan d'eau.
Une source chaude de 2,37 l/seconde existait en effet, avant l'édification du barrage, sur la rive droite de l'oued, à la cote 131,650
Lors de la mise en eau, une source froide apparut à proximité immédiate de l'autre, à la cote131,940.
Le débit des deux sources augmenta considérablement au fur et à mesure de l'élévation du niveau de l'eau (mai 1890). Cette augmentation n'était sensible qu'à partir d'une hauteur d'eau de 33 m environ. On décida donc de découvrir toute la surface de rocher comprise entre les cotes 32,50 et 36 et d'obturer tout ce qui n'était pas sain.
De décembre 1890 jusqu'en 1910 malgré divers travaux, la situation resta inchangée ; mais à la suite de nouveaux travaux d'étanchement, le débit de la source n'était plus, en 1913, que de 50 l/seconde pour une hauteur de retenue de 33 m. Le débit se réduisit à 25 l/seconde en 1914.
Travaux de consolidation.
Sous l'action des chasses faites par les vannes de fond, un bassin s'était formé à l'aval du barrage. Cette excavation fut attribuée à un tourbillon à axe horizontal se formant sous la veine d'eau sortant des évacuateurs. On vidangea cette excavation en 1905. Les fondations n'étaient pas atteintes, mais le canal tronc commun était endommagé ; la partie menacée fut soutenue par une voûte surbaissée.
En 1916, un contrefort supplémentaire fut construit sur la rive gauche et des travaux furent effectués au contrefort rive droite.
Une nouvelle vidange, identique à celle de 1905, fut faite en 1923. On constata que les fondations étaient toujours intactes, mais que les micaschistes sur lesquels reposait l'ouvrage dans la partie médiane se décomposaient à tel point qu'on pouvait les enlever à la pioche. Un mur de pied et un massif d'enrochements furent construits.
Barrage-du-Hamiz-1
Barrage-du-Hamiz-2
 ENVASEMENT.
Le bassin versant de l'Oued Arbatache est constitué en quasi-totalité par des sédiments marneux. On conçoit que l'envasement de la cuvette soit important, malgré l'action des chasses opérées par les vannes de fond. Les chiffres suivants établissent cette importance (année 1914) :

Cotes
Capacité théorique
Capacité réelle
   
15
1 360 000 m3
500 000 m3
20
3 190 000 m3
1 400 000 m3
25
6 060 000 m3
4 000 000 m3
30
9 760 000 m3
7 700 000 m3
34
14 360 000 m3
12 300 000 m3
            Exécuté sans étude géologique, sans examen de la tenue des terrains, sans travaux de reconnaissance importants, fondé en grande partie sur des calcaires fissurés sans rideau d'étanchéité, l'ouvrage a malgré tout atteint son but. Les pertes très importantes ont pu être progressivement réduites. Si bien que lorsqu'on décida de le surélever en le consolidant, en 1933, il put servir d'appui à un important massif de béton. L'ensemble constitue un barrage-poids de 45 m de hauteur, de 41 m la base, muni d'un déversoir souterrain d'une capacité de 750 m3/seconde ; il régularise un bassin versant de 139 km². La retenue de 21 millions de m3 devrait permettre l'irrigation d'un périmètre de 18.000 hectares, dont 5.500 sont effectivement irrigués; elle assure le fonctionnement d'une petite usine hydroélectrique. Cet ouvrage est actuellement le sixième barrage d'Algérie par ordre d'importance. Mais une nouvelle surélévation est à l'étude, dont l'économie est à mettre en parallèle avec d'autres solutions, le but à atteindre restant l'extension et la sécurité des irrigations des bonnes terres de la Mitidja orientale.
Barrage-du-Hamiz-8
Barrage-du-Hamiz-Coupe
 Barrage-du-Hamiz-Plan
LE BARRAGE ACTUEL
Surélévation et renforcement du premier barrage, construction de l'évacuateur
En 1933 fut décidée l'adjonction, à l'amont de l'ancien ouvrage, d'un massif de béton dont le double but était de consolider l'ouvrage en renforçant son profil et de le surélever de 7 m, afin d'augmenter la capacité de la retenue.
D'autre part, le passage des crues sur le déversoir primitif occasionnant sur la rive droite de graves érosions menaçant les appuis, on décida de le remplacer par un déversoir circulaire de superficie permettant l'évacuation de crues de 600 m3/seconde grâce à une galerie souterraine. Les travaux furent exécutés de 1933 à 1935. Ils furent précédés par le fonçage de petits puits de reconnaissance et de quatre sondages destinés a étudier la nature des terrains sous le corps de l’ouvrage.
La galerie souterraine du déversoir résulte d'un aménagement de la galerie de dérivation, établie pour l'évacuation des eaux lors de la surélévation. Le fond de la galerie se trouvant à une cote inférieure à celle de l'ancienne source, cette dernière émigra dans la galerie.
Etablissement du rideau d'étanchéité.
Du fait de la fissuration des calcaires, le débit de la source naturelle située à l'aval du premier barrage augmentait de façon considérable au fur et à mesure de la montée du niveau de l'eau dans la cuvette. A la suite de divers travaux d'étanchement (coulages et placages de béton effectués sur les calcaires d'amont), ce débit fut notablement réduit. Il restait cependant une trentaine de l/seconde en 1916 pour la cote de retenue maximum. Il semble que la situation soit restée identique jusqu'à la surélévation de l'ouvrage.
De 1935 à 1938, en deux campagnes, une série de sondages d'injection réalisèrent un voile d'étanchéité. De plus, l'évacuateur de crues et sa galerie sont protégés par un rideau de cimentation établi à partir de 21 sondages
Le total des pertes est actuellement insignifiant. (Pour l'année 1938, le maximum a été de 15 l/minute).
En 1942, la vanne circulaire du déversoir fut modifiée pour augmenter de 1 m la cote de la retenue.
CARACTERISTIQUES DU BARRAGE ACTUEL.
L'ouvrage, tel qu'il existe actuellement, réalise un barrage-poids de 45m de hauteur (hauteur maxima au-dessus du point le plus bas des fondations : 50 m). La largeur totale à la base est de 41 m (largeur maxima au niveau des fondations : 47 m). La largeur en crête est de 3,30 m. La longueur de la partie droite est de 185,50 m ; la longueur totale développée de 222,00 m. Le fruit du parement amont est de 1/4, celui d'aval est variable (parabolique).
Le cube exact de la maçonnerie de l'ancien barrage n'est pas connu ; le volume de béton de ciment est de 6o.ooo m3.
La retenue était évaluée en 1935 à 22 millions de m3. L'envasement, calculé d'après l'apport solide de l'oued, serait de l'ordre de 200 000 m3/an. Le volume de la retenue est évalué, en 1950, à 17 millions de m3.La superficie du lac plein est de 128 hectares.
Le déversoir a un débit maximum de 750 m3/seconde. La hauteur de la crête du barrage au-dessus de celle du déversoir est de 5 m. Les ouvrages de prise sont constitués par 2 robinets de 5 m3/seconde, les ouvrages de vidange par deux vannes " papillon " de 40 m3/seconde chacune, doublées à l'amont par deux vannes " wagon " de sécurité.
Pour combattre les sous-pressions, deux drains partant du terrain naturel de fondation débouchent dans la galerie de visite.
PERIMETRE IRRIGUE.
La superficie théorique du périmètre irrigué est de 18 000 hectares s'étendant aux régions du Fondouk, St-Pierre-St-Paul, Rivet, et allant jusqu'aux régions côtières, au Cap Matifou et à Aïn-Taya. Le périmètre pratiquement irrigable couvre 12 000 hectares dont 5 500 sont effectivement irrigués à l'heure actuelle.
La distribution s'effectue par une conduite tronc commun de 3 500 m, en béton armé fretté de 1,60 m de diamètre, par deux branches rive droite et rive gauche de 21 et 12 km (die 1,20 m à 0,80 m de diamètre) et par 250 km de conduites secondaires en béton précontraint ou ciment armé d'amiante de 0,60 à 0,10 m de diamètre.
Le réseau de l'ancien syndicat de La Reghaïa est incorporé à celui du Hamiz et peut être alimenté, soit par pompage dans l'Oued Reghaïa, soit par gravité à partir du barrage.
USINE ELECTRIQUE.
L'usine électrique installée au pied du barrage est équipée pour utiliser un volume de 45 millions de m3 après surélévation éventuelle de 20 m du barrage. La chute varie de 17 à 42 m. Fonctionnant comme ouvrage de rupture de charge, l'utilisation est conditionnée par les débits prélevés à l'aval. En dehors des périodes d'irrigation, la centrale peut utiliser sans restrictions les suppléments de cube jugés non nécessaires aux cultures.
L'équipement comprend : deux turbines Francis à axe horizontal d'une puissance unitaire de 635 CV sous 28 m pour un débit de 1 200 l/seconde, deux alternateurs triphasés 5 750 v de 7 350 kVa, deux transformateurs élévateurs de 5 750/31 500 v.
La Géologie et les Problème de l'Eau en Algérie
XIX
° Congrès géologique International
Alger 1952
Anecdote:
Le Barrage du Hamiz par Robert BALLESTER
Lors des crues abondantes, pour réguler en amont la pression hydraulique et stabiliser la hauteur de retenue du lac, exceptionnellement on procédait à des délestages supplémentaires d'eau dans l'oued Hamiz.
Ces déversements préventifs augmentaient le cours de ce qui n'était, en saison chaude, qu'un simple ru asséché, occasionnant ses débordements notamment à hauteur de la route nationale n°5.
Barrage-du-Hamiz-4
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            Le lit de l'oued trop petit pour contenir une élévation brutale de son débit, la topographie d’une région plane, historiquement soumise à l'érosion marine, le double obstacle que constituaient la voie ferrée Alger Constantine et la R.N. 5, rendaient cet endroit particulièrement inondable.
            Aussi, durant les hivers humides, à pluviométrie élevée, les sols ne pouvaient absorber le surcroît d'eau libérée par le barrage et celle drainée des djebels environnants, l'inondation s'étendait sur des kilomètres pour atteindre parfois les quartiers ouest et sud de la ville de Rouïba.
            C'est alors que chacun y allait de son imagination pour se prémunir de la noyade : murets en ciment prompt, blocage de terre, calfeutrage des interstices et bas de porte, etc. Mais, personne ne détenant l'astuce infaillible, un grand nettoyage s'imposait toujours une fois les eaux retirées.

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     Le camp militaire du service du matériel, situé en bordure de la RN5, entre Rouïba et le hameau du Hamiz, subissait en priorité ce désagrément, lequel était pour la circonstance l'occasion de faire du canotage sur des chemins transformés en " canaux vénitiens ". Et les galopins que nous étions ne se privaient pas, d’autant que souvent il n'y avait pas classe ces jours là !
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16 MARS 2013

BARRAGE DE BAKHADDA

SITUATION-BAKHADDA REC
           Le Barrage mixte de Bakhadda qui se situe dans le département de Tiaret faisait partie du programme dit « Le programme de 1920 » avec les barrages des Beni-Bahdel, de Bou-Hanifia, del'Oued-Fodda, du Ghrib, du Ksob, des Zardézas et de Foum-el-Gueiss qui formaient un ensemble remarquable, qui a augmenté considérablement le potentiel économique de l'Algérie grâce à la législation spéciale sur l'exploitation en vue de l'irrigation (Décret-loi du 30 octobre 1935).
            Le barrage de Bakhadda, sur la Mina affluent du Cheliff, est un barrage en enrochement de 45 mètres de haut. Le masque étanche d'une technique un peu plus ancienne, est en béton armé souple.
 Barrage-Bakhadda-tiaret
Barrage-Bakhadda-avant-eau
Barrage-Bakhadda
            La surélévation du barrage sur la haute Mina, en 1960 fut un travail intéressant puisqu'il permis, moyennant une dépense relativement faible, d'augmenter de 14 millions de m3 la capacité de la retenue, celle-ci étant portée de 37 à 51 millions de m3.
            Ainsi pouvait-on irriguer vraisemblablement 3.000 hectares supplémentaires dans le périmètre de la Mina (centré sur Relizane), tout en améliorant les irrigations existantes.
            Sur la dépense, chiffrée à 400 millions de francs de l’époque, 189 millions restaient à dépenser en 1960.
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17 MARS 2013

BARRAGE DES BENI-BAHDEL

SITUATION-BENI-BAHDEL REC
            Barrage à voûtes cylindriques multiples et contreforts construit en 1934 sur l'Oued Tafna pour un volume de retenue de 63 millions de  m3 fut mis en eau en 1944
            Le barrage avait été conçu, à l'origine, pour assurer l'extension des irrigations de la plaine de Marnia, située à quelque 25 km au NW de l'ouvrage, sur la rive gauche de la Tafna.
            Mais comme il était impossible de résoudre le problème de l'alimentation en eau de la régionOranaise avec les seules source de Raz-el-Aïn et de la nappe de Brédéah-Misserghin, il fut alors décidé d'assurer cette alimentation à partir du barrage de ce barrage, lequel serait porté de 47 à 54 m de hauteur.
Barrage-des-Beni-Badhel-Michelin
Barrage-des-Beni-Badhel-Plan

Historique de l’entreprise de l’année 1934 à 1952.
            Tout le matériel et tous les matériaux : machines, ciment, fer, etc. arrivaient par la gare de Sidi Médjahed. Un long téléphérique, qui marchait continuellement, les amenait au béni Bahdel et les déchargeait juste à l’endroit du travail en cours. En 1935, complètement isolé par la neige pendant 15 jours, le chantier n’a vécu que par le téléphérique qui lui apportait même la farine. Un autre téléphérique de 2 km seulement, roulait les pierres d’une carrière.
            Commencé en 1934, le barrage semblait fini en 1937/1938 ; les voûtes et les contreforts atteignaient la hauteur prévue de 47 m. c’était le projet primitif, qui réservait l’eau à l’irrigation de Maghnia, exclusivement.
            C’est alors que la ville d’Oran se décida de réclamer une adduction urbaine. Pour augmenter la retenue d’eau, une surélévation de 7 m devenait nécessaire. Comment relever le barrage en conservant les anciennes voûtes et surtout les anciens contreforts ?
            On y parvint que par une élégante innovation technique : la précontrainte (on exerce une forte traction sur l’armature, avant la prise) le grand spécialiste du béton précontraint, M. Freyssinet, vint exprès de France. La surélévation entraîna la construction des butons, des butées, la pose des vérins, des câbles d’ancrage, des contreforts. De plus pour fermer les 2 cols, on avait prévu deux petites digues hautes de 8 m ; sous forme de barrages à poids ; elles n’étaient pas commencées. Nouveaux plans : des voûtes hautes de 15 m. et des becs de canards.
            En 1939, le barrage seul existait, à peu près terminé, mais un barrage surélevé à 54 m. Heureusement ! C’était l’essentiel. Il ne coûtait que 300 millions.
            Les travaux ne reprirent vraiment qu’en 1946. En 1948, le lac fut vidé pour de nouvelles injections de ciment .L’usine fut achevé en 1947, le tunnel et le grand bassin de compensation de Bou hallou, au début de 1950, puis les autres bassins et la « canalisation « proprement dite, qui a coûté aussi cher que tout le reste ( plus de 4 milliards) Enfin un jour béni du mois de août 1952, l’eau douce et pure des Béni Bahdel coula dans les cuisines oranaises.
            Le coût de l’adduction entière est difficile à évaluer et certainement très élevé : 8 milliards peut être 9 ou davantage. Mais son intérêt économique et social est considérable. De plus, c’est un sucés technique.
            Chaque barrage offre des difficultés particulières qu’il faut vaincre avec quelque originalité. Ici c’est la surélévation, la précontrainte, les injections, le déversoir aux goulottes, le grand tunnel, les bassins de filtration, enfin la longue canalisation de 163 kms avec commande automatique par l’aval dans 8 brises charges.
Il y a toujours des surprises désagréables.Il ne faut pas oublier les catastrophes dont les oueds sont capables. Ainsi le barrage de l’ex Perrégaux, prévu pour supporter une lame déversante de 1m60 au maximum, voit arriver un mois plus tard,, une lame de 2 m. C’était, il est vrai vers 1880. Mais en novembre 1927 sa retenue d’eau monte en 11 heures de plus 8 mètres à plus 32 m, atteint le déversoir et le déborde par une lame qui s’enfle jusqu’à 3m 85.

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La ville d'Oran dont les besoins en eau en 1944 sont de l'ordre du mètre cube à la seconde et bien qu’elle se trouve à 135 km à vol d'oiseau au NE des Beni Bahdel, la longueur de la conduite atteint quand à elle 170 km.
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Anisette offerte aux Oranais lors de l’arrivée de l’eau douce dans la ville.
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Quelques photos récentes
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5

http://popodoran.canalblog.com/archives/p591-1.html

https://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=AG_660_0129

Danse exotique, danse érotique. Perspectives géographiques sur la mise en scène du corps de l'Autre (XVIIIe-XXIe siècles)


Jean-François Staszak
 
Publié dans

Annales de géographie

2008/2 (n° 660-661)

 
Éditeur
Armand Colin / Dunod
Pages 129 - 158
« Et je veux, les seins nus, une Almée agitant
Son écharpe de cachemire
Au-dessus de son front de rubis éclatant,
Des spahis, un harem, comme un riche sultan
Ou de Bagdad ou de Palmyre ».
Théophile Gautier, Les Souhaits, 1830-1832
1
L’exotisme n’est pas de l’ordre des faits, si ce n’est des faits de langage. Il n’est pas le propre de certains lieux, personnes ou objets, mais celui d’un regard et d’un discours sur ceux-ci, ainsi exoticisés. Il s’agit d’une formation discursive à travers laquelle l’Occident se constitue une altérité (et, par la même occasion une identité) géographique. Comme dans toutes les constructions de l’altérité, le Même stigmatise une différence (ici géographique) pour l’essentialiser et fonder sur elle un déni identitaire, susceptible de légitimer des discriminations. L’exotisme est ainsi par nature asymétrique : le Même (ici) a le pouvoir d’ériger l’Autre (l’ailleurs) comme tel, mais celui-ci ne peut lui rendre la pareille. Il est réducteur car il essentialise une différence, déterministe car il assigne l’Autre à son espace, dont il doit tirer ses caractéristiques essentielles. Ainsi, est exotique le lointain ou plutôt notre lointain, et plus spécialement les pays chauds et tropicaux. Ainsi, l’Europe ne saurait être exotique pour le Péruvien ou le Sénégalais. C’est dans cette logique qu’hier un magasin de « produits exotiques » vendait des denrées coloniales, qu’aujourd’hui les expressions « fruits exotiques » ou « bois exotiques » désignent exclusivement des végétaux tropicaux.
2
Le terme exotic possède en anglais un sens légèrement différent. Plus systématiquement qu’en français, il peut vouloir dire bizarre, étrange, mystérieux. Mais il s’agit encore d’autre chose quand on parle d’exotic dance. Celle expression ne désigne pas ou plus seulement une chorégraphie empruntée à d’autres cultures, comme la « danse du ventre » : elle est en fait plus spécifique. Depuis le milieu des années 1950, elle évoque précisément le strip-teaseExotic dance est dès lors purement un synonyme de erotic dance. On appelle exotic dancer « une danseuse qui enlève en partie ou en totalité ses vêtements d’une façon sexuellement suggestive lors d’un spectacle public payant » (Skipper, McCaghy, 1970). Parmi les synonymes : stripper, stripteaser, go-go dancer, table dancer, adult entertainer. Certains spectacles d’exotic dance sont purement occidentaux, comme la pole dance, qui consiste pour une jeune femme plus ou moins déshabillée à danser autour d’une barre de métal verticale, chorégraphie qui n’a rien d’exotique au sens géographique du terme. La musique est généralement empruntée au répertoire des chansons populaires américaines du moment. Le costume, le plus souvent, n’a rien de davantage exotique : talons aiguilles, boa et bikini en constituent les pièces maîtresses. Si l’exotic dance n’est pas exotique, on peut aussi se demander si elle est même une danse, tant elle semble servir de prétexte à dénuder les corps.
3
Comment le terme d’exotisme en est-il venu à se substituer à celui d’érotisme ? Si la question mérite d’être posée, c’est dans l’hypothèse que cette substitution ne se réduit pas au cas particulier du strip-tease [2][2]  De la même façon, Turkish beauties désignerait le..., et qu’elle ne résulte pas d’une dérive sémantique aléatoire. Le lien entre exotisme et érotisme serait ancien et nécessaire : il tiendrait à la nature même de l’exotisme.

1 Aux origines de la danse exotique et de son érotisme : le regard et l’exposition coloniale

4
C’est une centaine d’années avant que l’expression exotic dance ne se fige dans son acception érotique que l’on peut trouver les premiers éléments d’explication.
5
En 1838 se produisent pour la première fois à Paris des danseuses indiennes, quatre « bayadères », au Théâtre des Variétés (Décoret-Ahiha, 2004a).
6
On allait voir enfin quelque chose d’étrange, de mystérieux et de charmant, quelque chose de tout à fait inconnu à l’Europe, quelque chose de nouveau ! Et les spectateurs les moins enthousiastes ne pouvaient pas s’empêcher d’être émus de cette curiosité craintive qui vous saisirait, si l’on ouvrait tout à coup devant vous les portes du sérail si longtemps impénétrable (Théophile Gautier, La Presse, 20 août 1838).
7
L’excitation des spectateurs et le phantasme du harem (… et de sa pénétration) montrent la nature érotique non du spectacle mais de l’attente du public, certainement masculin. On voit bien que l’exotisme de la scène ajoute à son érotisme, voire le constitue. Il en va de même lors de la fameuse scène où Gustave Flaubert assiste au spectacle de l’almée  [3][3]  Les almées, en Égypte et dans le monde arabe, sont... Kuchiuk-Hanem, lors de son premier séjour au Caire.
8
Il y avait 4 femmes danseuses et chanteuses, almées (le mot almée veut dire savante, bas bleu. Comme qui dirait putain, ce qui prouve, Monsieur, que dans tous les pays les femmes de lettres ! ! ! …) […]. Deux joueurs de rebeks assis par terre ne discontinuaient pas de faire crier leur instrument. Quand Kuchiuk s’est déshabillée pour danser, on leur a descendu sur les yeux un pli de leur turban afin qu’ils ne vissent rien. Cette pudeur nous a fait un effet effrayant. Je t’épargne toute description de danse ; ce serait raté. Il faut vous l’exposer par des gestes, pour vous le faire comprendre, et encore ! j’en doute. Quand il a fallu partir, je ne suis pas parti. (lettre de Gustave Flaubert à Louis Bouilhet, 13 mars 1850).
9
Nombreux d’artistes orientalistes peignent des danses exotiques, en particulier celle des almées (fig. 1). L’érotisme de ces tableaux est évident et délibéré. La peinture orientaliste, faite par des hommes pour des hommes, doit pour partie son succès au désir qu’elle parvient à susciter chez le spectateur. Représenter des danseuses exotiques donne l’occasion de montrer des femmes plus ou moins dévêtues (tout comme les scènes de harem, de hammam ou de marché aux esclaves), des attitudes lascives et soumises, et dans une mise en scène où le spectateur peut se projeter à la place des hommes qui figurent dans le tableau et y regardent les danseuses d’un œil concupiscent.
Fig. 1 - Pierre-Louis Bouchard, Les Almées(1893, Musée d’Orsay).
10
Rares sont alors les hommes qui font le voyage en Orient, rares aussi ceux qui ont pu assister au spectacle de ces danseuses dans les grandes villes européennes. L’expérience de la danse exotique est médiatisée par les peintres et les écrivains, et s’effectue le plus souvent à la lecture de la presse, notamment celle dévolue aux voyages.
11
Il en va différemment à la fin du XIXe siècle, car ce genre de spectacle se banalise en Occident. Voici ce que raconte le valet de chambre de Guy de Maupassant :
12
Mon maître fait venir rue Montchanin une troupe d’Arabes, qui arrivait d’Alger, pour donner des représentations à l’Exposition. Il profita de l’occasion pour offrir à quelques amis privilégiés la primeur du savoir-faire de ces artistes d’Afrique, artistes drôles, originaux.
L’une des femmes, en entrant, me sauta au cou en me disant des choses très aimables : « Je te reconnais, toi, tu es venu à Alger, je me souviens de toi, oh oui, oui ! » […] Elle était, ma foi, très gentille avec sa petite figure ronde et brune, ses beaux yeux veloutés. Seulement je ne sais si elle avait eu chaud, mais une odeur fade, sauvage, plus écœurante qu’appétissante, se dégageait de sa poitrine presque entièrement découverte, ornée seulement d’un collier de sequins qui, à chaque mouvement de tête, rendait un son de ferraille […].
Elles voulaient toutes maintenant faire la danse du ventre, même les plus âgées. Alors ce fut un sabbat de tous les diables, c’était à qui produirait les contorsions les plus agiles et vraiment les plus extraordinaires […] À chaque instant mon maître quittait le salon et allait dans sa chambre jusqu’à la serre, accompagné d’une invitée et, tout en marchant, il enfonçait les mains dans ses poches, comme il a l’habitude de le faire quand il est seul et qu’il se promène à travers l’appartement, cherchant à mettre au point une phrase qui ne prend pas la forme qu’il veut. (François Cassard, Nouveaux souvenirs intimes sur Guy de Maupassant, Paris, Nizet, 1962).
13
Cette « troupe d’Arabes » présentait un spectacle dans la section coloniale de l’exposition universelle de Paris de 1889. Celle-ci ne visait pas seulement à célébrer la technique (la Tour Eiffel, la « Fée Électricité ») mais aussi à glorifier l’Empire français et à justifier le projet colonial. Parmi les attractions : une réplique d’un village javanais et une Rue du Caire. Sur celle-ci donnent plusieurs cabarets (égyptien, marocain, algérien) où se produisaient les almées (fig. 2). Leurs « danses du ventre » eurent un tel succès que les organisateurs s’inquiétèrent qu’il puisse détourner les spectateurs du but de l’exposition et nuire au sérieux de l’entreprise. Si 2 000 spectateurs se pressaient chaque jour pour voir danser les almées, c’était, craignait-on, moins par un intérêt légitime pour les mœurs des indigènes, dont la satisfaction alimenterait le savoir et donc le projet colonial, que par une curiosité superficielle et malsaine, teintée de voyeurisme. Le spectacle s’impose pour 50 ans comme l’attraction incontournable des expositions coloniales : « Vous représentez-vous une exposition sans Rue du Caire et une Rue du Caire sans almées ? »  [4][4]  Le Panorama : Paris s’amuse, Paris, L. Baschet, vers...
Fig. 2 - Le concert algérien, cliché de Roland Bonaparte, 1889
14
E. de Goncourt témoigne bien de la nature de cet engouement :
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Et nous voilà dans la rue du Caire, où le soir, converge toute la curiosité libertine de Paris, dans cette rue aux âniers obscènes, aux grands Africains en leurs attitudes lascives, à cette population en chaleur ayant quelque chose des chats pissant sur la braise, — la rue du Caire, une rue qu’on pourrait appeler la rue du rut.
Alors la danse du ventre, une danse qui serait pour moi intéressante, dansée par une femme nue, et me rendrait compte du déménagement des organes féminins, du changement de quartier des choses de son ventre. (E. de Goncourt, Journal des Goncourt, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, VIII (1889- 1891), 2 juillet 1889, p. 66)

2 Les danseuses exotiques dans l’Europe des années 1890-1920

16
Le triomphe des almées ne laissa pas indifférents les organisateurs de spectacles. Dès les années 1890 se multiplient sur les scènes des grandes villes européennes et particulièrement à Paris les « danses exotiques ». Les danseuses se font une spécialité d’évoluer, affublées de costumes exotiques laissant une partie de leur corps dénudé, sur des musiques d’ailleurs et en empruntant aux gestes des danseuses arabes, turques, persanes, hindoues, khmères, etc. On se souvient de La Goulue, entourée d’almées, se livrant à une « danse mauresque » dans sa « baraque » (fig. 3). De Maud Allan en Salomé (fig. 4). De Colette en danseuse égyptienne. De Mata-Hari en javanaise (fig. 5). De Cléo de Mérode en cambodgienne. L’authenticité de leur performance est évidemment limitée, mais ce n’est guère important. Comme on le dit à propos du spectacle de cette dernière à l’exposition parisienne de 1900 : « ce n’est pas du tout cambodgien mais c’est délicieux » (Decoret-Ahiha, 2002).
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L’inspiration orientale, notamment à travers la figure de Salomé et sa fameuse Danse des sept voiles, inventée comme danseuse exotique et érotique par le drame d’Oscar Wilde (Salomé, 1893), y joue un rôle majeur (Bentley, 2002 ; Koritz, 1994 ; Walkowitz, 2003). Une véritable « salomania » saisit les métropoles européennes, sur les scènes desquelles des dizaines de femmes fatales s’effeuillent avec langueur. C’est en toute logique que H. de Toulouse-Lautrec représente l’auteur anglais au premier plan de La Danse mauresque (de dos, en haut-de-forme, à gauche de Jeanne Avril) (fig. 3).
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Certains succès (comme ceux de Ruth Saint-Denis ou des Ballets russes) tiennent au réel renouveau chorégraphique d’inspiration non-occidentale. Le plus souvent, il relève d’un exotisme perçu dès l’époque comme de pacotille et surtout de l’érotisme plus ou moins explicite du spectacle. Les voiles suggestifs, la nudité partielle, les gestes plus libres et audacieux mettent sensuellement en scène le corps, en rupture avec les canons de la danse de tradition européenne… et de la pudeur bourgeoise. Il s’agirait des premières formes de danse érotique, si ce n’est de strip-tease. Certaines de ces « artistes » qui enthousiasmaient les foules n’avaient d’ailleurs, à l’exemple de Mata-Hari, aucune formation de danseuse : l’enjeu était bien plus le dévoilement du corps que la chorégraphie.
Fig. 3 - Henri de Toulouse-Lautrec, La Danse mauresque, baraque de La Goulue(1895, Musée d’Orsay).
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Même si la danseuse est dénudée, le spectacle n’est pas scabreux, car, loin d’être un artifice répondant à la demande d’un Occident voyeur et dépravé, il aurait reflété en toute innocence et authenticité le simple naturel d’autres cultures, d’autres mœurs, d’autres époques, d’autres climats  [5][5]  De la même façon, les photographies de femmes indigènes...… En la matière, le summum est atteint avec le spectacle offert au Théâtre des Champs-Élysées en 1925. En première partie de la Revue nègre, Joséphine Baker interprète une « danse sauvage », charleston endiablé mâtiné d’une improbable danse africaine, vêtue de plumes et d’une culotte de satin. L’année suivante, dans un tableau inspiré duRoman d’un Spahi de Pierre Loti, elle entre en scène à quatre pattes sur la branche d’un arbre, habillée (si l’on peut dire) d’une ceinture de bananes.
Fig. 4 - Maud Allan en Salomé, carte postale des années 1910.
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Le goût pour la danse exotique et érotique venu des expositions coloniales déborde des cabarets et alimente dancings  [6][6]  Les années 1900 à 1930 connaissent une « dansomanie..., cinémas  [7][7]  La danseuse, en particulier la danseuse du ventre,..., cartes postales (fig. 7) et chansons. Ainsi on fredonne en 1908 la Bouss-Bouss-Mée, danse des baisers (citée dans Ruscio, 2001) (fig. 6) :
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J’ai vu au Congo
Danser l’benjo
Et la gigue à Chicago
J’ai vu près d’Alger
L’air dégagé
Des ouleds au pied léger
J’ai vu l’boléro
Le fandango
Ay pays du toréro
Mais ce qui surtout convient à mon goût
Ce que j’aime avant tout
Refrain
C’est la Bouss-Bouss Mée
De Mascara
Que dansent les almées
Sous les palmiers du Sahara
Le vent soulève la Gandourah
Et comme dans un rêve
On voit… le gai paradis d’Allah
Fig. 5 - Mata Hari, carte postale des années 1900-1910.
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Ainsi, les premières danseuses exotiques (en Occident) furent des danseuses (perçues comme) érotiques, et les premières danseuses érotiques prirent le voile de l’exotisme. C’est évidemment dans le cadre de la colonisation que s’établit et se perpétue le lien entre exotisme et érotisme, dont la danse est une manifestation. Les postcolonialgender et feminist studies ont assez montré que la colonisation est une affaire d’hommes, que l’aventure coloniale est aussi une aventure sexuelle, et que, dans la construction discursive de l’altérité et les structures de domination, la femme et l’indigène occupent la même place : celle des esclaves, des sous-hommes, réduits aux statuts d’animaux ou d’objets, notamment sexuels quand la femme se trouve être indigène, quand l’indigène se trouve être une femme (McClintock, 1995 ; Phillips, 2006 ; Schick, 1999 ; Yegenoglu, 1998)  [8][8]  Parmi les tropes de la sexuation de l’Empire, retenons....
Fig. 6 - Couverture de la partition de La Bouss-Bouss-Mée (1908).
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Quels sont les éléments qui expliquent la mise en place de l’équation danse érotique = danse exotique ? Toute question d’exotisme mise à part, la danse est un spectacle du corps en mouvement, et qui comporte une composante plus ou moins érotique (Hanna, 1998) — comme en attestent à la fin du XIXe siècle le french cancan et les danseuses peintes par Toulouse-Lautrec, si ce n’est le ballet classique et celles peintes par Renoir. L’univers de la danse a été longtemps pensé comme un demi-monde, et les danseuses comme des demi-mondaines. La danseuse, surtout si elle se produit dans des cabarets, est souvent une courtisane, et la danse constitue ainsi une première étape (symbolique et moins onéreuse) dans la mise à disposition du corps.
Fig. 7 - Carte postale, vers 1910.
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La danseuse exotique possède une dimension érotique supplémentaire. Premièrement, le corps de l’Autre serait plus légitime à être nu, sa gestuelle à être sensuelle, du fait des coutumes et des climats qui prévaudraient dans les pays exotiques. Deuxièmement, il serait plus excitant, car plus sensuel, animal, instinctif. L’altérité de l’indigène s’ajouterait à celle de la femme pour composer une double hétérosexualité qui articulerait le genre et la « race » pour mieux attiser le désir de l’homme blanc. Troisièmement, le corps de l’Autre, du fait de son inscription dans des rapports coloniaux, serait sexuellement disponible et présenté dans une soumission (voire une position) propre à satisfaire les phantasmes de domination et de violence masculins. Quatrièmement, si le strip-tease réclame que « toute une série de couvertures [soient] apposées sur le corps de la femme » pour ensuite les enlever, « l’exotisme est la première de ces distances, car il s’agit toujours d’un exotisme figé qui éloigne le corps dans le fabuleux et le romanesque » (Barthes, 1970, p. 147). Il rendrait le corps plus désirable en le mettant à distance et en l’objectivant.
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Voilà pourquoi la danse exotique est érotique, mais aussi pourquoi la danse érotique gagne à être exotique. L’exotic dancer, pour gagner en nudité, sensualité et soumission, peut ainsi s’inspirer de la danse du ventre et des voiles de l’Orient, et accroître le désir du spectateur masculin, qui se voit en pacha dans le harem. Sur un plan symbolique au moins, la transformation de la danseuse en un corps offert comme objet de phantasme pour satisfaire le regard masculin s’apparente à un processus de colonisation du corps de l’Autre.
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En Occident et en particulier depuis les Lumières (appellation révélatrice en la matière), le savoir est conçu comme un regard capable de voir la vérité cachée derrière les apparences. Le regard inquisiteur (gaze) propre au sujet masculin européen le différencie et le distancie de l’objet de la connaissance, en l’instituant comme tel. Le projet scientifique moderne s’inscrit dans une épistémologie du dévoilement et du voyeurisme, mêlant indissociablement désirs de voir, de savoir et de pouvoir (Brooks, 1993). Dans cette perspective, on comprend pourquoi le voile joue un tel rôle dans les phantasmes orientalistes (Yegenoglu, 1998), et comment le striptease, particulièrement s’il est exotique, s’inscrit dans une entreprise d’objectivation et de domination du corps de l’Autre, à la fois scientifique, érotique et politique, propre à la société (post) coloniale et patriarcale. La danse exotique serait ainsi une technologie comparable aupanopticon foucaldien.

3 Le tournant des années 1950 : exotic dance et strip-tease aux États-Unis

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Toutefois, ce qu’on appelle en français « danse exotique », de la fin du XIXe siècle aux années 1950, ce sont bien « des danses appartenant à des cultures venues d’ailleurs, et qui rompent avec la gestuelle du ballet », « celles des peuples colonisés, considérés comme primitifs, sauvages ou barbares » (Decoret-Ahiha, 2002, 2004a, 2006). Si elles ont une composante plus ou moins franchement érotique, leur exotisme répond encore à la définition géographique du terme.
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Aux États-Unis, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle se produisent également des danseuses exotiques qui doivent cette appellation aux univers culturels auxquels elles cherchent à renvoyer. Ainsi, la danseuse Little Egypt rencontre le succès et suscite le scandale pour sa danse du ventre dans l’inévitable Rue du Caire de la World’s Columbian Exposition de Chicago en 1894 (fig. 8). Cette rue est une copie en plus grand de celle de l’exposition parisienne de 1889, et elle inclut notamment les villages algériens et tunisiens de cette dernière, que le producteur américain Sol Bloom a acquis lors de sa visite parisienne. En plus des danseuses égyptiennes, le public masculin peut, dans le Persian Palace of Eros, admirer des danseuses françaises, qui évoluent en costumes pseudo-orientaux sur des musiques orientales.
Fig. 8 - Le village algérien de la World’s Columbian Expositionde Chicago (1894).
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Les danses exotiques de l’exposition de Chicago prennent ainsi place dans le même type de contexte colonial qu’en Europe. Les réactions du public en attestent. Les danseuses du ventre évoquent « la passion grossière et animale de l’Orient, non le chaste sentiment du monde chrétien. Chaque mouvement de leur corps illustre leur animalité » (Burg, 1979, p. 222), note un commentateur contemporain dans la plus pure veine orientaliste.
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À l’occasion, Sol Bloom écrivit une chanson qui entra dans le répertoire populaire (et enfantin) américain : The Hootchy Kootchy Dance [9][9]  La chanson est connue sous d’autres titres : The Streets..., expression qui en est venue à désigner la danse du ventre dans le langage parlé américain.
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There’s a place in France where the naked ladies dance
There’s a hole in the wall where the men watch it all
The way they shake is enough to kill a snake
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Cet endroit en France dont parle la chanson est-il l’Afrique du Nord, exotique au sens géographique pour les Français et les Américains ? Ou est-ce la France métropolitaine qui est exotique, de par sa réputation légère ? Quoi qu’il en soit de la comptine, le spectacle est à la fois exotique et érotique, mais il semble que la seconde composante soit plus importante que dans les spectacles européens du même genre.
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Le strip-tease naît après la Première Guerre mondiale, et constitue une industrie florissante dès les années 1930. En 1942 encore, on distingue bien la danse exotique du strip-tease, lors duquel « l’artiste n’enlève pas tous les voiles qui constituent sa seule parure, mais les soulève et les fait froufrouter » : « exotic dance has more strip than a strip-tease, and pratically no tease at all » (cité dans Safire, 2006). La danseuse exotique se contente d’onduler dans un costume évoquant le Moyen-Orient ou l’Amérique latine. Toutefois, les spectacles de variétés (Burlesque shows [10][10]  Aux États-Unis, le Burlesque est un genre de spectacle...) présentaient au même moment des danseuses exotiques et orientales dans une optique clairement érotique (Stencell, 1999 ; Allen, 1991), que l’exotisme justifiait et/ou accentuait, dans une logique en place un siècle plus tôt (fig. 9). Sur les scènes du début du XXe siècle, on montre une femme qui danse pour les mêmes raisons qu’une femme qui se baigne ou se met au lit : pour la déshabiller.
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Le sens de l’expression exotic dance change après-guerre, pour désigner sans doute d’abord un genre de strip-tease (fin des années 1940, début des années 1950), puis le strip-tease lui-même (fin des années 1950). Un philologue note alors : « le strip-tease est un terme générique, dont la danse exotique [exotic dance], du fait de ses connotations, serait un sous-type » (Orrick, 1956, p. 234-235). Mais lequel ? Le philologue, qui n’a « pas le temps de faire le travail de terrain nécessaire », confie : « je suis incapable de dire ce qui différencie exactement une danseuse exotique d’une strip-teaseuse ordinaire ».
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En 1954, Jennie Lee (surnommée the Bazoom Girl)  [11][11]  Bazoom est sans doute une contraction de bazooka et... fonde à Los Angeles la Exotic Dancers League of North America (section de la American Guild of Variety Artists), qui fédère les danseuses érotiques. Les performances de Jennie Lee elle-même exploitent sa plastique avantageuse et son étonnante capacité à « faire tourner avec aisance des pompons sur sa poitrine comme sur son derrière »  [12][12]  wwww. exoticworldusa. org,23/2/2007.. Les photographies des années 1950 témoignent qu’elle se produisait dans un décor exotique, pas que son costume, très réduit il est vrai, ni sa chorégraphie aient été d’aucune manière exotique (fig. 10).
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Les magazines pour homme de la période marquent le même glissement sémantique. Exotic adventures, dont le premier numéro date de 1958, montre en couverture des femmes dénudées sur le point d’être violées et/ ou torturées par un sauvage africain, un kapo russe ou un pacha turc… à la place desquels le lecteur se projetterait semble-t-il volontiers (à moins qu’il n’imagine en être la victime ?) (fig. 11). L’enjeu n’est pas le dépaysement : l’exotisme n’est que l’occasion de mettre en scène des phantasmes sadiques qu’on ne pourrait décemment pas situer en Occident. Le magazine Exotique, qui paraît de 1951 à 1960, ne s’encombre pas de pareil prétexte, qui semble inutile pour faire voir ce dont cette revue se fait la spécialité : les femmes fatales dominatrices, vêtues (d’un peu) de cuir, chaussées de hauts-talons, prêtes à satisfaire les phantasmes masochistes et fétichistes.
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Le terme exotic dance perd à la fin des années 1950 toute dénotation géographique pour désigner purement et simplement le strip-tease, dans une rhétorique de l’euphémisme. Comme l’affirme aujourd’hui une strip-teaseuse : « danseuse exotique (exotic dancer), c’est juste un mot idiot dont se servent les filles qui n’admettent pas qu’elles sont des strip-teaseuses (strippers) »  [13][13]  wwww. geocities. com/ alysabethc/ strippers. html....
Fig. 9 - Un spectacle itinérant de Burlesqueen 1945 : le Austin Bros.
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C’est ainsi au moment où l’expression n’est plus guère usitée en Europe qu’elle se fixe aux États-Unis pour désigner le strip-tease. Pourquoi le glissement sémantique danse exotique/danse érotique s’opère-t-il dans les années 1950 aux États-Unis ? Faute de recherches sur le sujet, on en est réduit à des hypothèses, selon lesquelles le sens du mot exotique, forgé en Europe, ne pouvait être transposé dans le contexte américain sans subir de modifications. L’exotisme propre à l’imaginaire géographique occidental s’est construit lors des grandes découvertes de la Renaissance et la colonisation : le Nouveau Monde et l’Empire y occupent une place centrale. Il ne peut évidemment en aller de même aux États-Unis, qui appartiennent au Nouveau Monde et ont été une colonie.
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L’Amérique n’a pas vraiment d’ailleurs sur lequel construire l’exotisme, et le Nord du continent est longtemps resté fermé sur lui-même. Quand les États-Unis triomphants de l’Après-Guerre s’ouvrent sur le monde, l’attention se tourne vers l’extérieur aussi bien dans les champs politiques, économiques et culturels. En même temps que l’ailleurs, les États-Unis découvrent les catégories et les pratiques européennes qui permettent de le penser et de le mettre en scène, notamment l’exotisme. Dans le cadre de la société américaine puritaine, la découverte des danses exotiques aurait alors marqué les esprits moins par le caractère non-occidental de la chorégraphie, des musiques et des « costumes » que par l’érotisme débridé qui s’en dégage. Au point qu’en l’affaire, exotisme et érotisme seraient devenus synonymes — raccourci audacieux d’une société qui marque, avec la naïveté et la pertinence du Huron, un sens des mots que l’Ancien Monde des puissances coloniales n’avait pas jugé bon, utile ou nécessaire d’expliciter.
Fig. 10 - Affiche du spectacle itinérant de Jennie Lee, milieu des années 1950
Fig. 11 - Exotic adventures, n° 1, publié à Philadelphie en 1958.
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Par ailleurs, la présence sur le territoire américain de minorités autochtones ou issues de l’esclavage change radicalement la façon de penser l’Autre, puisqu’il est ici. L’exotisme ne saurait avoir la même signification dans une société colonisatrice (l’Europe) et dans une société coloniale (les États-Unis). Dans le contexte du développement du jazz et des danses qui lui sont associées (le charleston par exemple), de l’intérêt ethnographique et touristique pour les danses indiennes, le public d’origine européenne n’avait pas besoin d’aller très loin pour trouver des danses exotiques : il suffisait d’aller à Harlem ou dans une réserve indienne. Cela pourrait expliquer pourquoi le sens géographique de l’expression exotic dance avait moins de pertinence aux États-Unis qu’en Europe.
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Ce n’est pas parce que la danse exotique, dans son acception strictement érotique, naît en Amérique du Nord qu’elle échappe pour autant au cadre colonial et orientaliste au sein duquel elle fait sens. Ce n’est pas non plus parce que celle-ci peut être pratiquée par des hommes qu’elle sort du cadre patriarcal. Si, jusqu’aux années 1980, l’exotic dancer était nécessairement une femme  [14][14]  Certains danseurs exotiques ont fait carrière en Occident...., des hommes exercent en effet depuis cette profession, où ils restent tout de même très minoritaires. Certains se produisent pour un public masculin, dans le cadre d’établissement gays : les go-go dancers y exhibent leurs corps plus qu’ils n’y dansent. Dans le cadre de la banalisation des spectacles érotiques et du changement du statut de la femme, des exotic dancers effectuent leur show devant une audience féminine (souvent exclusivement féminine) : ainsi les Chippendales ou les héros du film The Full Monty (Caltaneo, 1997). Ces derniers spectacles comporteraient une dimension plus ludique, si ce n’est moins directement sexuelle : on s’y rend ainsi à l’occasion des enterrements de vie de jeune fille. L’existence de danseurs masculins à destination d’un public féminin (ou masculin d’ailleurs) ne remet pas en cause le caractère profondément patriarcal de la danse érotique (Faludi, 1999), qui est, non sans ambiguïtés, transposée pour changer de public sans rien perdre de son cadre de référence. Quoi qu’il en soit, ces exotic dancers ne sont pas plus exotiques que celles qui s’exhibent pour un public masculin  [15][15]  Les danseurs exotiques (au sens géographique) existent,....

4 Danse et colonisation des corps : l’exemple tahitien

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À ce stade de notre analyse, la danse exotique se présente comme une conséquence vénielle ou une manifestation secondaire de la colonisation, dont l’intérêt pour les sciences sociales réside dans et se résume à ce qu’elle révèle, dans le champ de la géographie culturelle et l’optique de la déconstruction des discours. Mais il est nécessaire d’aller plus loin, de quitter le registre du symbolique et en même temps les métropoles européennes où se produisent les danseuses. La danseuse exotique compte non seulement par ce qu’elle fait mais aussi par ce qu’elle fait faire.
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Les organisateurs de l’exposition parisienne de 1889 qui avaient peur que l’érotisme de la danse des almées détourne les spectateurs de l’enjeu colonial se sont probablement trompés. Les almées ont peut-être rallié au projet impérial autant de jeunes Français que la propagande coloniale, dont elles étaient à leur insu un argument. Les promesses érotiques de l’Orient se sont ajoutées à l’aspiration nationaliste, l’appât du gain, l’appétit scientifique ou l’appel de la religion dans les vocations coloniales. L’exotisme n’est pas l’ennemi de la colonisation, mais, jusque dans sa composante érotique, son puissant allié.
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Et la danse exotique n’est pas pour rien dans l’affaire. Parmi les visiteurs enthousiastes de l’Exposition universelle de 1889, on compte Paul Gauguin (Druick, Zagers, 1991). On ne sait s’il a vu le spectacle des almées, ni les autres danseuses exotiques qui s’y produisaient : espagnoles, gitanes, martiniquaises, africaines, etc. En revanche, il écrit : « Dans le village de Java, il y a des danses Hindous [fig. 12]. Tout l’art de l’Inde se trouve là et les photographies que j’ai du Cambodge se retrouvent là textuellement. J’y retourne jeudi car j’ai rendez-vous avec une mulâtresse » (lettre à É. Bernard, août 1889). Gauguin mélange le monde khmer, balinais et indien. Il mêle aussi un intérêt artistique ( « l’art de l’Inde ») et érotique, car il est clair que le rendez-vous annoncé est galant.
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Gauguin fait aussi indirectement la connaissance des danseuses khmères et javanaises. Les premières sont figurées par les bas-reliefs du temple d’Angkor Vat, reconstitué sur l’esplanade, et dont Gauguin ramasse un morceau représentant une danseuse tevada dont il tirera plusieurs de ses œuvres. Les secondes ornent les murs des temples javanais de Borodudur, dont Gauguin achète plusieurs clichés. Ces danseuses de pierre constituent à partir de cette date une des premières sources d’inspiration du peintre (Staszak, 2003). Dès avant son départ à Tahiti, il représente ces danseuses (débarrassées de leurs vêtements) dans plusieurs de ses toiles. L’imaginaire géographique, artistique et érotique de Gauguin, qui détermine ses attentes et sa décision de partir à Tahiti, est ainsi très marqué par les danseuses exotiques que l’Exposition lui a montrées. En Polynésie, elles continueront à peupler ses toiles, plus que les danseuses tahitiennes elles-mêmes (fig. 13).
Fig. 12 - Danseuses javanaises, Revue de l’Exposition Universelle de 1889, t. 1, fig. 104 bis, gravure d’André Brouillet.
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L’imaginaire exo-érotique de l’Orient est marqué par ses danseuses. Deux figures comptent particulièrement. La première est, on l’a vu, l’almée avec danse du ventre. La seconde est la vahiné et sa danse polynésienne (hula, upa upaetc.). Les danseuses arabes et hawaïennes constituent les deux attractions exotiques et érotiques des girl-shows itinérants des années 1920-1940 (Stencell, 1999). Une des nombreuses variantes de la comptine The Hootchy Kootchy Dance se décline ainsi :
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All the girls in France like to do the hula dance
And the way they shake is enough to kill a snake
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Les danses polynésiennes jouent un rôle déterminant dans l’imaginaire occidental de Tahiti. Dès la « découverte » de l’île, Bougainville écrit : « L’air qu’on respire, les chants, la danse presque toujours accompagnée de postures lascives, tout rappelle à chaque instant les douceurs de l’amour, tout crie de s’y livrer » (Voyage autour du monde… , 1771). Les gravures de l’époque montrent souvent des danses tahitiennes, qui font voir les étranges costumes des vahinés (sans grand rapport avec ceux qu’elles portaient)… et les seins de celles-ci (fig. 14). Les occidentaux insistent sur la sensualité de ses danses, au terme desquelles les vahinés se libèrent de tout vêtement pour s’offrir au spectateur.
Fig. 13 - Paul Gauguin, Te nave nave fenua (terre délicieuse)(1892, Kurashiki, Ohara Museum).
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Quand la nuit tombait les Tahitiennes se paraient de fleurs éclatantes ; les coups précipités du tam-tam les appelaient à la upa-upa, — toutes accouraient, les cheveux dénoués, le torse à peine couvert d’une tunique de mousseline, — et les danses, affolées et lascives, duraient souvent jusqu’au matin.
[La Reine] Pomaré se prêtait à ces saturnales du passé, que certain gouverneur essaya inutilement d’interdire […]. Les Tahitiennes battaient des mains, et accompagnaient le tam-tam d’un chant en chœur, rapide et frénétique ; - chacune d’elles à son tour exécutait une figure ; le pas et la musique, lents au début, s’accéléraient bientôt jusqu’au délire ; et quand la danseuse épuisée s’arrêtait brusquement sur un grand coup de tambour, une autre s’élançait à sa place, et qui la surpassait en impudeur et en frénésie.
[…] Rarahu aimait passionnément ces spectacles qui lui brûlaient le sang […]. Nous partions la tête en feu ; nous rentrions dans notre case, comme grisés de ce mouvement et de ce bruit, et accessibles à toutes sortes de sensations étranges.
Ces soirs-là, il semblait que Rarahu fût une autre créature. La upa-upa réveillait au fond de son âme inculte la volupté fiévreuse et la sauvagerie. (Loti, Le Mariage de Loti, 1880, 2e partie, chap. 13)
Fig. 14 - L. F. Labrousse, « Danseuse de Taïi »,Encyclopédie des voyages, contenant l’abrégé historique des mœurs, usages, habitudes domestiques, religions, fêtes… , 1796, pl. 73 en reg. p. 12.
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La femme et la danse polynésiennes deviennent des objets de phantasme qu’on inscrit au répertoire des maisons closes : ainsi au XVIIIe siècle un établissement londonien présente un spectacle érotique dansant. « À sept heures précises, douze magnifiques nymphes, de pures vierges, vont accomplir la fameuse Fête de Vénus, telle qu’elle est célébrée à Tahiti, sous la direction et les instructions de la reine Oberea (rôle tenu par Mme Hayes elle-même) » (cité dans Porter, 1982 : 9). C’est dans le même esprit qu’à la fin des années 1930 Joséphine Baker interprète par sa voix et sans doute ses gestes un Chant d’amour de Tahiti [16][16]  Ce Chant d’amour composé par V. Scotto et G. Koger... :
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Tahiti, pays d’amour
Tahiti, divin séjour
[…]
Il est un coin merveilleux
Fait pour la joie des yeux
Le soir, sous les palmiers immenses
Dès que descend la nuit
Les femmes, les chansons, les danses
Tout vous prend, vous séduit
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Ce sont pour partie les danses tahitiennes qui ont fait assimiler la Polynésie à un Paradis d’avant la chute, où la nudité et la sexualité seraient vécues sans honte et où l’homme occidental pourrait facilement assouvir ses pulsions. La danse n’intervient pas de façon anecdotique dans l’aventure coloniale : c’est elle qui fait rêver le colon, et c’est par elle qu’il satisfait son désir à Tahiti. Bien sûr, ces jeunes danseuses offertes aux « explorateurs » occidentaux ne furent ces sauvages adeptes de l’amour libre… que dans la tête des Européens. Les travaux récents des ethnologues montrent une réalité autrement sordide : ces « jeunes filles en pleurs » étaient sacrifiées aux Européens dont les Polynésiens espéraient détourner la violence (Tcherkézoff, 2004).
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Les danses tahitiennes ont cessé d’être pratiquées suite à l’évangélisation de l’île et à leur interdiction en 1820 par le code Pomaré. Elles ont connu une renaissance à partir des années 1950, dans le cadre du renouveau culturel et identitaire polynésien mais aussi en réponse à une demande touristique à laquelle les Tahitiens répondent par une forme d’auto-exotisation. Les spectacles de troupes de ballet tahitien constituent une attraction majeure des grands hôtels de l’île. Les touristes en sont friands en raison de leur sincère intérêt pour les traditions polynésiennes (aussi ré-inventées qu’elles soient) et du fait de la qualité de la performance. Mais ils ne sont pas insensibles à l’exotisme du spectacle de ces danses à la chorégraphie pour eux étonnante, à la typicité des costumes des danseurs et des danseuses, aux charmes de leurs jeunes corps plus ou moins exposés. La « lascivité » de la danse et l’attrait des jeunes vahinés qui s’y adonnent ne manquent pas de susciter des commentaires égrillards de la part du public masculin. Tout comme un siècle plus tôt et dans un contexte hérité de la colonisation, se mêlent encore l’exotisme et l’érotisme. Les cartes postales de Tahiti exploitent la même veine : si elles figurent souvent des scènes de danse polynésienne, est-ce par intérêt ethnographique ou folklorique, ou parce que c’est l’occasion de voir le corps dénudé des Tahitiennes ?
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Cette articulation de la danse, de l’érotisme, de l’exotisme et du tourisme serait également à l’œuvre dans les clubs de strip-tease. La clientèle de ces établissements y exerce une « pratique touristique », dont on retrouve les caractéristiques dans les formes géographique classiques du tourisme : l’importance du regard (gaze), la recherche d’expérience interactive, d’évasion, d’exploration d’un lieu à part (Franck, 2002, 2006). Le streap-tease est un pays : stripperland. « Un comportement qui serait puni là-bas (out there) est ici (in here) autorisé, voire récompensé »  [17][17]  C’est l’auteur qui souligne.(Fenstertock, 2006, p. 199), Le tourisme sexuel actualiserait le voyage symbolique expérimenté par les clients de clubs de danse exotique. Il n’y a sans doute pas beaucoup de différences entre les spectacles offerts en la matière en Thaïlande et aux États-Unis, si ce n’est qu’ils débouchent sur place plus facilement sur la prostitution, qui constitue également une actualisation de la mise à disposition symbolique du corps de la danseuse.

5 Femmes indigènes en re-présentation : points de vue et pouvoirs des danseuses

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Puisque l’exotisme, a-t-on vu, est lié à la colonisation et que celle-ci, comme le soutiennent les auteurs postcoloniaux et/ou féministes, est liée au désir masculin, il n’est pas surprenant qu’exotisme et érotisme se recouvrent. L’enjeu est celui du corps de l’autre et de sa possession. La mise à disposition effective du corps exotique passe dans les colonies par des formes institutionnalisées de prostitution (Taraud, 2003a). Sur place et en métropole surtout, elle s’effectue aussi symboliquement par les représentations : celles du roman (Ruscio, 1996 ; Yee, 2000) et du cinéma (Bernstein, Studlar, 1997 ; Slavin, 2001) coloniaux, de la peinture orientaliste (Thornton, 1993), de la chanson osée (Ruscio, 2001), de la littérature (Schick, 1999) et du spectacle ethnographiques (Badou, 2000 ; Bancel, 2002), du magazine géographique (Lutz, Collins, 1993 ; Rothenberg, 1994), de la photographie et de la carte postale érotiques (Belmenouar, Combier, 2007 ; Boëtsch, 1993 ; Boëtsch, Savarese, 1999 ; Taraud, 2003b). On a ainsi parlé d’ethnopornography (Schick, 1999) ou de porno-tropics (McClintock, 1995).
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La danse exotique/érotique compte parmi ces dispositifs, au sein desquels elle occupe une position intermédiaire et changeante. Au début du XXe siècle en Europe, l’exotisme du spectacle est clairement affirmé, et dissimule plus ou moins son érotisme, auquel il sert de prétexte. Aux États-Unis à la fin du siècle, c’est l’exotisme qui disparaît, ou plus exactement qui est réduit à sa composante érotique, désormais explicite. La mise à disposition du corps est ambiguë. Il est plus ou moins dévêtu, selon le spectacle ou le moment de celui-ci. Comme la danseuse est effectivement là, sur scène, le spectacle est non seulement une représentation mais aussi une présentation de son corps. Mis à distance, il n’est en principe offert qu’au regard, au plus à contact physique furtif (lap dance) dont les limites sont très codifiées, mais certains exotic dancers se prostituent. Le spectacle peut être d’un érotisme plus ou moins poussé, voire assumer son caractère pornographique (peep show) (Egan, Frank, Johnson, 2006).
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Cet article, comme souvent les travaux qui s’inscrivent dans une perspective postcoloniale, ne considère que le point de vue et le discours de l’homme occidental, même si c’est pour le déconstruire, voire le dénoncer. Il est vrai qu’il est plus facile de parler de Flaubert que de Huchiuk-Hanem. Mais en négligeant la parole de ceux/celles qui n’ont pas voix au chapitre, ne risque-t-on pas, une fois de plus, de réduire ceux/celles-ci au rang de victime passive de leur ( ?) histoire et de perpétuer les effets de domination qu’on cherche à analyser ? La danse exotique n’est pas nécessairement un stigmate porté par celle qui s’y adonne. La danse, tout aussi bien que d’altérité et d’oppression, peut être vecteur d’identité et d’expression (Civilisations, 2006 ; Doolittle, Flynn, 2000 ; Dorier-Apprill, 2000 ;Terrain, 2000).
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Mais est-ce le cas des danses exotiques/érotiques ? Les strip-teaseuses qui prétendent aimer leur métier sont-elles nécessairement des victimes dans le déni (Thompson, Harred, 1992) ? Dès la fin du XIXe siècle, la danseuse exotique, dont Salomé est l’archétype, incarne la femme fatale castratrice, qu’on soupçonne d’être lesbienne (Maud Allen) ou espionne (Mata Hari) (Bentley, 2002). Instrumentalisant le désir qu’elle sait susciter, elle impose sa volonté au spectateur : le personnage obtient la tête de Saint-Jean-Baptiste, la danseuse fait carrière. Le Burlesque mettait en scène une sexualité féminine charismatique et une inversion des rapports de genre qui a donné à certaines artistes les « moyens d’utiliser le système d’oppression contre lui-même », faisant de la scène « une arène où la sexualité peut servir à faire payer (au sens propre) le patriarcat pour son exploitation sociale et économique des femmes » (Allen, 1991, p. 284). Dans les clubs actuels de striptease, « le pouvoir est échangé et négocié entre les clients, les danseuses, les managers, les propriétaires et les agents de la force publique » (Egan, Frank, Johnson, 2006, p. xviii), et certaines strip-teaseuses, peuvent (aujourd’hui ?) assumer et exercer leur profession de façon très revendicative et féministe  [18][18]  R. D. Egan, K. Frank et M. L. Johnson, qui ont toutes.... Le développement depuis les années 1990 du new burlesque, ironique réinterprétation féministe et queer du glamour des strip-teaseuses des années 1940-1950 dont Dita van Teese est la figure la plus médiatique (Bosse, Camart, 2004), atteste de la malléabilité des représentations des genres, dont on peut changer le sens sans guère toucher à la forme.
Fig. 15 - Cartes postales, vers 1905.
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De la même façon, certaines danseuses noires parviennent à récupérer et déstabiliser les stéréotypes propres à leur ethnicité (Dixon Gottschild, 2003). Joséphine Baker a ainsi su jouer avec les codes dominants de son temps (Jules-Rosette, 2007 ; Lahs-Gonzales, 2006). Elle les a travaillés et dépassés dans ses spectacles et le personnage qu’elle a joué, et les a instrumentalisés au profit de son engagement politique. Ses inventions chorégraphiques sont une étape importante dans la naissance de la danse moderne. Son cas manifeste une aptitude à transgresser les normes, renverser les hiérarchies, hybrider les cultures, autant si ce n’est plus que la capacité de la société patriarcale et coloniale d’alors à imposer son carcan.
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Le cake-walk était une danse noire américaine par laquelle les esclaves mimaient la démarche empruntée de leurs maîtres se rendant au bal. C’est, en 1902, la première des danses exotiques dont Parisiens et Parisiennes s’amourachent (Decoret-Ahiha, 2004b). Ils ne savaient pas qu’en imitant « ce pas de nègres en délire »  [19][19]  Les Coulisses parisiennes, Paris, La Vie de Paris,..., le corps et les bras exagérément cambrés, c’est d’eux-mêmes qu’ils se moquaient (fig. 15).
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Ils ne savaient pas non plus que l’émergence de la mode des danses « nègres » puis du jazz allait les conduire en foule dans les « bals nègres » des années 1920-1930, rares espaces et moments de liberté où se touchèrent les corps, blancs et noirs. Simone de Beauvoir témoigne de cette rencontre :
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Le dimanche soir, on délaissait les amères élégances du scepticisme, on s’exaltait sur la splendide animalité des Noirs [du bal] de la rue Blomet. […] À cette époque, très peu de Blanches se mêlaient à la foule noire ; moins encore se risquaient sur la piste : face aux souples Africains, aux Antillais frémissants, leur raideur était affligeante ; si elles tentaient de s’en départir, elles se mettaient à ressembler à des hystériques en transe. (Simone de Beauvoir, La Force de l’âge, 1960)
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Dans les « bals nègres » se rencontrèrent aussi les descendants d’esclaves venus des Amériques et les « indigènes » des colonies africaines. C’est ainsi chez Flo, au Blomet, au Grand Duc et à la Cabane cubaine, fréquenté par Léopold Sédar Senghor, que se forgea pour partie la négritude.

Conclusion

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Pourquoi un article sur la danse exotique ? Pourquoi dans un numéro dédié à la géographie culturelle ? Au-delà de l’intérêt du thème, son enjeu réside bien sûr dans la façon dont il atteste du lien entre la question du genre et celle de la colonisation, et permet d’aborder les composantes géographiques de la construction de l’altérité (Staszak, à paraître). C’est aussi l’occasion de montrer (est-ce encore nécessaire ?) ce que la géographie gagne à emprunter aux gender,feminist et postcolonial studies, et ce qu’elle peut leur apporter. Enfin, c’est une façon de plaider par l’exemple pour une géographie qui s’intéresse aux représentations sans les déconnecter des pratiques qui les produisent ou qu’elles déterminent, pour une géographie qui ne coupe pas le culturel, du politique et du social, pour une géographie qui ne fétichise pas l’espace mais accepte de se saisir d’objets non-spatiaux. Est-ce « encore » de la géographie, est-ce de la géographie culturelle ? N’est-ce pas plutôt le moment de s’interroger sur l’utilité de ces deux questions ?

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Notes

[1]
Je remercie Christine Chivallon pour ses précieuses remarques sur une version antérieure de ce texte.
[2]
De la même façon, Turkish beauties désignerait le postérieur féminin, et Asiatic ideas le désir sexuel (Schick, 1999, p. 55).
[3]
Les almées, en Égypte et dans le monde arabe, sont des femmes lettrées (âlmet signifie savante) qui chantent en musique, dansent et disent des poésies.
[4]
Le Panorama : Paris s’amuse, Paris, L. Baschet, vers 1900 (cité in Décoret-Ahiha, 2004b, p. 27).
[5]
De la même façon, les photographies de femmes indigènes aux seins nus dans une revue familiale comme le National Geographic n’avaient rien d’indécent, si ce n’est d’érotique (Rothenberg, 1994).
[6]
Les années 1900 à 1930 connaissent une « dansomanie » : on abandonne des danses sociales de tradition européenne et s’enthousiasme pour diverses danses exotiques (cake-walk, tango, fox-trot, charleston, meringue, etc.), qui firent successivement la mode (Décoret-Ahiha, 2004a).
[7]
La danseuse, en particulier la danseuse du ventre, est présente sur les écrans dès le début du cinéma. Huit courts-métrages diffusés par Thomas Edison entre 1894 et 1896 figurent des danseuses orientales. Parmi ces films, la Danse du ventre de Fatima représente sans doute la performance de la danseuse Little Egypt à l’exposition de Chicago (voir infra). Le caractère clairement érotique du film est attesté par sa censure, ((www. venusbelly. com/ fatim. htm ;Allen, 1991). La danse exotique fut aussi le motif de nombreux longs-métrages (Slavin, 2001) : ainsi, La Danseuse de Marrakech met en scène les amours, nécessairement tragiques, du capitaine Portal et de la belle Kalina (L. Mathot, 1949) ; Picadilly, celles de Shosho (jouée par Anna May Wong), danseuse exotique d’un cabaret londonien (E. A. Dupont, 1929).
[8]
Parmi les tropes de la sexuation de l’Empire, retenons pour notre propos : l’assimilation de l’Orient à l’éternel féminin et/ou à une vierge prête à être déflorée ; la conception de la terre à coloniser comme un espace vierge et fertile à pénétrer ; la vision des Colonies (Tahiti en particulier) comme Paradis sexuel et l’idée d’une sexualité primitive ; la féminisation de l’indigène ; la menace du viol et d’une sexualité incontrôlée propre aux autochtones hystérisés ; le despotisme occidental et la soumission de la femme. Le lien entre sexualité et colonisation ne se limite bien sûr pas à la place accordée à la femme indigène dans le phantasme (et/ou les pratiques) du colon (potentiel) masculin hétérosexuel (Schick, 1999), mais c’est de celle-ci qu’il s’agit ici.
[9]
La chanson est connue sous d’autres titres : The Streets of Cairo, Poor Little Country Maid. Sa musique serait, ironie de l’histoire, empruntée à une chanson arabe (Kradoutja) connue en France dès le XVIIe siècle (J. J. Fuld, Book of World-Famous Music).
[10]
Aux États-Unis, le Burlesque est un genre de spectacle de variétés populaires, qui, sur les scènes des théâtres ou les tréteaux des foires, exploite un registre parodique et figure des jeunes femmes en petite tenue. Né dans les années 1850, le genre se rapproche du vaudeville puis évolue résolument vers le strip tease dans les années 1920 (Allen, 1991).
[11]
Bazoom est sans doute une contraction de bazooka et bosom (poitrine).
[12]
wwww. exoticworldusa. org,23/2/2007.
[13]
wwww. geocities. com/ alysabethc/ strippers. html,13/2/2007.
[14]
Certains danseurs exotiques ont fait carrière en Occident. Ainsi Féral Benga (Dakar, 1906-Châteauroux, 1957), le « bel Adonis nègre » triomphe sur les scènes parisiennes, comme et avec Joséphine Baker, de la fin des années 1920 au début des années 1940. Son cas reste exceptionnel.
[15]
Les danseurs exotiques (au sens géographique) existent, et fascinent quelquefois : ainsi les derviches tourneurs du monde turc, les danseurs du haka polynésien ; mais leur attrait ne possède aucune dimension érotique. Il existait dans le monde turc des « danseurs du ventre », mais, du fait du rôle joué par le regard et le discours masculins hétérosexuels occidentaux en la matière, « la construction de la danse orientale moderne comme rite de fertilité féminine a étouffé la coutume très répandue des danseurs masculins » (Karayanni, 2004, p. 70).
[16]
Ce Chant d’amour composé par V. Scotto et G. Koger fut au répertoire d’un autre « oiseau des îles », sur une autre gamme exotique : Tino Rossi.
[17]
C’est l’auteur qui souligne.
[18]
R. D. Egan, K. Frank et M. L. Johnson, qui ont toutes trois été danseuses exotiques et sont respectivement spécialistes de sociologie, anthropologie culturelle et woman’s studies, s’inscrivent dans le third-wave feminism, anti-essentialiste et post-structuraliste, qui cherche à déstigmatiser la sexualité en en proposant une vision plus positive et radicale. Les essais qu’elles ont rassemblés prennent souvent la forme des récits auto-ethnographiques des strip-teaseuses et de leurs clients, à partir desquels toute généralisation à propos des premières ou des seconds doit évidemment être très prudente.
[19]
Les Coulisses parisiennes, Paris, La Vie de Paris, vers 1902 (cité in Decoret-Ahiha, 2004 b, p. 64).

Résumé

Français
La danse exotique, qui fascine les hommes occidentaux dès le XIXe siècle, s’inscrit dans le cadre d’une société coloniale et patriarcale. Elle possède une dimension plus ou moins explicitement érotique, consubstantielle à son exotisme. C’est dans cette logique que l’expression exotic dance en vient à désigner le strip-tease dans les années 1950 aux États-Unis. La danse exotique/érotique n’est pas que la manifestation secondaire de la colonisation : elle en est la métonymie, voire le vecteur. Le processus colonial est lié à la domination et à la mise à disposition du corps de l’autre, dont la danse exotique est une forme importante. Elle peut aussi être l’occasion pour la danseuse de transgresser les normes et de s’imposer à travers le rôle qui lui est donné.
Mots-clés
  • Altérité
  •  
  • colonisation
  •  
  • corps
  •  
  • danse
  •  
  • exotisme
  •  
  • érotisme
  •  
  • genre
  •  
  • postcolonial
  •  
  • strip-tease
  •  
  • Tahiti
English
Exotic dance, erotic dance. Displaying the Other’s body (18th-21st centuries)Since the 19th century, Occidental males have been mesmerized by exotic dancing. The colonial and patriarchal society made of this exotic show an erotic one, and, in the 1950’s, exotic dance came to mean strip tease in the USA. Exotic/ erotic dance is not just a symptom : it is also a metonymy and a process of colonization. Exotic dance is a way to control the Other’s body, and to put it/her at the colonizer’s disposal. Nevertheless, it gave to some dancers the opportunity to challenge colonial and gender stereotypes... and their white male public. 




Danse exotique, danse érotique. Perspectives géographiques sur la mise en scène du corps de l'Autre (XVIIIe-XXIe siècles)



Petites chroniques d'une cité de banlieueComme la rose et comme l’hirondelleEpinay, dimanche, 11 mai 2008   

Si tous les êtres humains avaient le cœur naturel et bon des vieilles femmes et des vieux hommes d’Algérie de mon enfance il se peut que ça m’arrive encore d’en croiser une ou un sur mon chemin d’errance de la banlieue à Paris sur Seine deux fois par semaine c’est de plus en plus rare et je me dis qu’un jour j’aurai perdu tout à fait cette possibilité qu’ils m’ont donnée de retirer ma peau d’apparence pour retrouver dessous l’être d’enfance le seul en fait qui m’intéresse…
Ouais si tous les êtres humains renouaient avec ce qu’y a dessous cette peau dedans ils se sont casés à l’étroit et puis ils s’y sont faits et puis ils ont oublié qu’ils ont eu tout l’espace du monde pour crever papillons la chrysalide sanguine de l’habitude à vieillir absents pour s’échapper de la prison-carapace de la muraille-corps qui est le manque d’émotions devenu non pas une façon d’être mais l’être… s’ils renouaient avec l’urgence de ressentir et d’improviser des réactions spontanées comme les roses qui sont l’intuition qu’a le rosier du printemps alors le bonheur nous reviendrait semblable à une hirondelle et il nicherait sa petite maison d’argile et de paille sous le toit de notre demeure ouverte à tous les hommes…
J’ai grandi comme je vous ai déjà raconté dans un de ces blocks à Aubervilliers tout proche de l’endroit où les cabanes de l’ancien bidonville avaient fini par crouler et muer décharges terrains vagues pour chiffonniers et ferrailleurs chantiers en rade au milieu des zimmigris qui à l’époque de ces années 60 nous venaient de l’Algérie ça se comprend bien… Ceux qui ont traversé le cocon de mon univers d’enfant étaient des vieux hommes et des vieilles femmes arabes ou kabyles que je trouvais vieux j’imagine parce qu’ils étaient loin de mon âge mais du coup le fait qu’ils soient si proches du monde sensible qui était le mien me les a rendus obligé tout de suite fraternels…
Aucun d’eux n’était allé à l’école ou si peu et ils n’avaient pas perdu leur rapport premier aux choses et aux êtres qui fait qu’avant d’acquérir un savoir raisonnable on est paré d’un savoir d’intuition comme le rosier et l’hirondelle… Pendant que je grandissais dans le giron des vieux zimmigris sans me faire à cette théâtralisation du quotidien où on ne doit plus que jouer son rôle bouffon qui n’réagit jamais avec ses tripes automate à la mécanique que la société lui a greffée à l’intérieur du trognon je résistais tant que je pouvais à la violence de l’éducation faut voir comment on nous traitait la plupart des maîtres ou des maîtresses étaient des brutes sans bonté qui devaient faire de nous des répliques d’eux-mêmes et une grande part de leur savoir s’écoulait dans les caniveaux des cités parce qu’ils ne savaient pas transmettre ni donner… Pas sûr que ça ait beaucoup changé aujourd’hui et que le pas envie d’apprendre des gamins n’soit pas le même que le nôtre…
Nos maîtres eux ils n’ont jamais eu l’intuition du printemps ou du bonheur et les vieux zimmigris qui ont évité de perdre la relation magique que les êtres simples partagent avec ce qui les entoure pareils à des artistes débarrassés de la conquête de la gloire étaient pour nous enfants de la zone les derniers survivants d’une Babylone où les roses et les hirondelles rendaient la maison des hommes meilleure à vivre…
      C’était il y a deux jours dans notre cité d’Orgemont à Epinay comme vous savez et j’étais très inquiète parc’que les hirondelles étaient pas encore de retour de leur hiver africain d’habitude dans la cité on les entend piailler crier se poursuivre avec leurs appels stridents leur vol très haut leur folie de pirouettes en bas en haut mais là rien et si elles allaient plus revenir qu’elles restent de l’autre côté qu’elles m’abandonnent…


         L’autobus des brousses notre 154 j’étais dedans direction Paris la rotonde au fond là où j’aime bien parc’qu’on se trouve au milieu des gens mais là des gens y’en avait pas lerche pour cause de vacances j’ai remarqué une femme sans doute maghrébine avec le foulard qui cachait vraiment tous les cheveux les lunettes noires et la grande robe sombre jusqu’aux pieds pas la djellaba ni le haïk mais quand même… elle avait le caddie pour aller faire les courses à Saint-Denis sans doute… Pas loin d’elle un jeune gamin maghrébin aussi tout seul genre 12 piges à peine vêtu comme les mômes pas friqués d’ici pantalon de survêt et polo ordinaires elle plutôt sévère et lui le regard doux rêveur des enfants qui sont aimés et aussi deux jeunes femmes blacks tout le monde moi avec bien occidentalisé dans les façon de faire et de n’pas se regarder et de n’pas se causer des automates remontés à point quoi…
Ils sont montés un ou deux arrêts après moi Lacépède je crois enfin vous connaissez… les Studios Eclair… lui je l’ai tout de suite repéré vu que le couple qu’ils formaient était pas ordinaire… Il avait une veste et un pantalon gris négligé sur une chemise ouverte des cheveux couleur café et des boucles pas très longs pas très courts je me suis dit tiens ! il ressemble à Gainsbourg c’est drôle il avait vraiment l’allure quand il l’a menée direction de notre recoin an fond du bus notre animal des brousses presque déserté ce jour et qu’elle est arrivée le petit sourire mutin l’expression enfantine sur les lèvres je me suis toujours fait la remarque que les vieilles femmes d’Algérie les vieilles Kabyles surtout ressemblent à des petites filles… Il la tenait par la main elle était intimidée mais on la sentait ravie elle ne voulait pas s’asseoir pas nous déranger il lui a dit d’une voix caressante :
- Mais si assied-toi il y a la place…
Elle a ri de plaisir et elle s’est assise au milieu de nous elle nous a tous regardés chacun notre tour elle a fait un geste de salut de la main et de la tête aussi…
- Bonjour tout le monde… sa voix était comme celle de son fils une caresse le parfum des fleurs des champs dans ce matin de printemps et elle avait l’air d’une fleur elle aussi avec son visage aux pommettes roses sa peau fine couleur mie de pain pas ridée du tout ses cheveux qui frisaient légers papillons au henné roux sur son front sous le foulard couvert de marguerites de tas de nuances des bleus des mauves des verts et des tatouages indigo insectes légers incrustés à son cou et à son front bijoux un peu pâlis par les années… 
Ses yeux deux noisettes claires ont rencontré les miens et on s’est regardées un long moment elle a semblé me questionner : qui tu es toi ? et c’était toute mon enfance à Aubervilliers qui me revenait une grande goulée de bonheur léger qui se pointait comme les hirondelles d’Afrique elles avaient fait le grand voyage elles étaient là enfin…

Photo de jeune fille kabyle tirée du livre Femmes d'Afrique du Nord Cartes postales ( 1885-1930 )Leïla Sebbar et Jean-Michel Belorgey
Ed. Bleu autour, 2002

      Il est revenu avec les tickets qu’il était allé acheter au conducteur de l’autobus des brousses et il s’est assis à côté d’elle il faisait attention il veillait sur elle il n’avait pas du tout les traits ni rien d’un homme du Sud il ne lui ressemblait pas pourtant ce qui passait entre eux frissonnait dans l’air c’est vrai qu’on aurait dit Gainsbourg quand elle lui a souri j’ai vu qu’elle n’avait presque plus de dents mais ça ne faisait rien vu que ses lèvres fines étaient rouges comme des cerises fraîches…

      Elle a repéré vite fait que sa voisine au foulard sombre et aux lunettes noires devait être d’un paysage comme le sien et elle s’est mise à bavarder en arabe après avoir dit que c’était bien parce qu’il faisait beau et son œil espiègle mine de rien a vite détaillé le vêtement austère et le foulard noir elle a demandé si elle n’avait pas chaud elle elle portait une robe bleue en tissu brillant et des babouches d’un bleu plus clair ses bras nus laissaient voir sa peau pain d’épice presque blanche…
La voisine elle a été d’abord un peu étonnée et elle a hésité et puis comme on n’pouvait pas résister à son sourire de petite fille et à ses mimiques pour cacher sa bouche de sa main quand elle parlait elle a répondu qu’elle était allée à la Mecque alors il ne fallait pas montrer ses cheveux ni ses bras c’était interdit et elles ont approuvé toutes les deux en arabe avec de grands gestes graves des mains et nous autres on formait l’agora autour d’elles on écoutait et on essayait de capter les mots arabes le jeune garçon maghrébin aussi il avait l’air très intéressé par la rencontre des deux femmes leur histoire qu’on devinait et la parole qui circulait vu que le fils s’en est mêlé même si lui non plus il ne parlait pas un mot d’arabe…
- Moi aussi je voudrais y aller… elle a dit en regardant l’autre avec de l’admiration et de la bienveillance… mais je peux pas… toute seule je peux pas… c’est loin…
- Oui c’est loin c’est vrai… non toute seule c’est pas possible… c’est dangereux…
- Moi je n’veux pas qu’elle y aille sans moi… il a réagi en posant sa main sur le bras de la vieille femme qui a hoché la tête… non non ! pas sans moi j’ai pas confiance… il a continué et l’autre a approuvé pareil pendant qu’elle le regardait et qu’il répétait non pas sans moi… c’était un bon fils même s’il ne parlait pas un mot d’arabe et elles ont papoté toutes les deux et nous autres autour on écoutait et lui aussi…
Quand elle s’est arrêtée il a voulu lui mettre son ticket dans la main et j’ai vu qu’elle avait des mains fines et potelées malgré l’usure du temps et la peau qui faisait comme celle des fruits à la fin de l’été avec les poignets tatoués de tifinaghs ces signes de l’écriture kabyle pareils à ceux des femmes algériennes de mon enfance au marché d’Auber je m’débrouillais j’échappais à ma grand-mère qui causait des plombes au marchand de gâteaux je les suivais elles avaient des djellaba aux tissus légers couleurs pastels roses bleu turquoise jaune citron lilas pailletées d’or et d’argent et leurs cheveux longs au roux sombre et lumineux épais sous les foulards en fleurs répandaient l’odeur forte du henné autour d’elles on les repérait facile au milieu du marché elles riaient et parlaient toutes à la fois…
Je les trouvais belles c’était des princesses des contes je voulais toucher leurs robes les tissus étincelants leurs corps généreux à la peau crémeuse elles allaient acheter des poules vivantes que le marchand gardait dans de grandes cages et qui piaillaient c’était une cérémonie je vous raconterai…
   Photo de jeune fille kabyle tirée du livre Femmes d'Afrique du Nord Cartes postales ( 1885-1930 )Leïla Sebbar et Jean-Michel Belorgey
Ed. Bleu autour, 2002
   


      Pour le ticket elle a dit non qu’elle avait peur de le perdre… garde-le toi… et elle a penché la tête du côté de sa voisine pour poser une question en français l’autre a fait répéter plusieurs fois elle ne comprenait pas alors elle lui a demandé toujours avec la malice : tu ne comprends pas le français ?
- Si je comprends le français… elle a répondu d’un ton très sérieux et on a ri et son fils qui suivait comme il pouvait a ri et il a dit gentil…
- C’est toi qui ne parles pas bien le français… et il a ajouté pour l’excuser… elle n’est jamais allée à l’école c’est pas de sa faute… à l’époque hein ! c’était comme ça en Algérie c’était la colonisation…
- Oui elle a répété c’était comme ça… et elle a fait un signe des mains qu’on y peut rien c’est la vie…
- C’est vrai que beaucoup d’enfants algériens y sont pas allés à l’école… on était colonisés mais nos enfants eux maintenant ils ont des bons métiers… médecins… ingénieurs… elle a repris sa voisine et j’ai pigé parce qu’elle s’animait d’un coup elle sortait de sa réserve à cause de l’injustice de tout ça et le jeune garçon maghrébin écoutait… j’ai pigé qu’elle venait d’Algérie elle aussi…
La vieille femme a bien capté et elle a demandé : tu es algérienne alors ?… oui je suis de l’Ouest… d’Oran… elle a répondu et pour la première fois elle a souri et moi aussi j’ai souri parce que de tous les Français de souche comme on dit dans notre autobus d’Afrique j’étais pour sûr la seule à connaître la carte de l’Algérie par le cœur et la ville d’Oran vu que mes amis écrivains d’Algérie m’avaient raconté… je lui ai souri en pensant à Jean Sénac le poète assassiné Yahya el Ouarani Jean l’Oranais à Hélène Cixous et à tant d’amis perdus pour toujours dans les replis de ma mémoire…
- Ah ! Oran… elle a dit songeuse… moi je suis de Kabylie… de Bejaïa… et j’ai ri à l’intérieur de moi je n’m’étais pas trompée je ne pouvais pas me tromper… les vieilles femmes les princesses kabyles de mon enfance lui ressemblaient trop…

 Photo de femme kabyle tirée du livre Femmes d'Afrique du Nord Cartes postales ( 1885-1930 )Leïla Sebbar et Jean-Michel Belorgey
Ed. Bleu autour, 2002
       


      Elles étaient heureuses elles s’étaient retrouvées et elles se sont mises à parler en arabe et à rire ensemble et elle s’est excusée elle mêlait souvent des mots kabyles à l’arabe… l’autre a dit qu’elle aussi elle avait des ancêtres kabyles mais elle n’avait pas appris à parler c’était dommage… et nous tout autour qui ne parlions que le français on écoutait l’histoire de la vie de ces deux femmes qui nous arrivait comme un conte dans l’autobus des brousses et qui donnait à ce printemps un peu lointain une magie pas croyable…
C’était elle toute parée de son innocence de sa légèreté et de son enfance qui nous avait permis pendant ce trajet qui a duré à peine un quart d’heure de retirer nos défroques de passants étrangers pour partager nos vies d’êtres humains ordinaires c’était elle qui venait de me faire piger après toutes ces années ce que les vieux hommes et les vieilles femmes d’Algérie de mon enfance m’avaient légué cette façon simple et fraternelle de voir el monde et les gens autour d’eux dont je me demandais de qui je la tenais qui est celle des poètes et des enfants…
Quand ils sont arrivés à leur station un peu avant la mienne Saint-Denis Porte de Paris vous savez… il a posé sa main sur son épaule et il a dit avec la douceur pareil… tu viens maman c’est là… elle s’est levée et elle nous a fait signe de la main… au revoir la compagnie et bonne journée à tous… à bientôt alors… elle s’était arrêtée et elle nous regardait chacun notre tour elle avait pas envie de s’en aller il l’a appelée encore le bus allait repartir alors vite elle est descendue mais sa présence est restée là au milieu de nous où elle avait fleuri comme les roses du jardin sont l’intuition que le rosier a de l’arrivée prochaine du printemps…
Quand je suis descendue de l’autobus des brousses la première chose que j’ai remarquée ce sont les cris aigus et vifs des hirondelles qui volaient en rase-mottes au-dessus du canal elles étaient là elles étaient revenues de leur hiver africain je le savais et à nouveau le bonheur simple allait nicher sa petite maison d’argile et de paille sous le toit de notre demeure ouverte à tous les hommes…
 



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