Un chameau à Constantine
On a ordonné la démolition de la prison du Coudiat pour se rétracter en dernière minute. On a ramené une société de jardinage d’Alger pour voir tout son travail refait une année après. On a ordonné la réfection du stade Hamlaoui mais le gazon refuse toujours de pousser. On a décidé que le téléphérique devienne un moyen de transport, passant au dessus d’habitations, violant l’intimité des familles. On a décidé de faire ou de refaire les trottoirs de Constantine, les couvrant de carrelage inapproprié. On a décidé de refaire plusieurs fois les routes et planter des palmiers sur les artères menant à Constantine, se trompant certainement d’oasis. On a ordonné la démolition de Bardo en plein hiver, poussant les enfants à sillonner les rues à la recherche d’une école ou d’un lycée, parce que leurs familles ont été déportées ailleurs que dans l’endroit où ils ont vécus depuis plusieurs générations. Quelles qu’en soient les raisons, on aurait dû négocier, attendre la sortie de l’hiver et la fin de l’année scolaire. On a décidé de ramener un chameau et deux chameliers de Ghardaïa dans une camionnette de marque Toyota, faisant fi de la maltraitance des animaux, réquisitionnant, en guise d’écurie, une institution scolaire pour toute une semaine, jusqu’au 13 janvier 2008. On a décidé de délocaliser de Constantine toute manifestation culturelle, d’occuper la radio, de publier un miroir bimensuel donnant une image déformante de la ville, à travers une propagande parfois inélégante. On a ordonné au directeur du CHU de retirer la domiciliation du CRI, accordée par son prédécesseur depuis 2002, afin de légitimer un éventuel retrait d’agrément. Nous tenons à remercier au passage ces dizaines de Constantinoises et de Constantinois qui se sont spontanément proposés pour héberger gracieusement notre club, comme nous tenons aussi à remercier chaleureusement la presse nationale pour son soutien. Il faut que tout un chacun sache que notre club continuera à croire que gérer c’est ne jamais servir un clan, c’est savoir écouter, comprendre, sensibiliser, persuader, pour mieux asseoir une notion fondamentale très chère au peuple algérien, qu’est l’équité. Le Cri de Constantine continuera calmement et dignement à faire dans l’éveil citoyen, afin que les nouvelles générations apprennent à se comprendre, à respecter leurs différences, à s’accepter, dans le strict respect des lois de la république. Nous sommes aussi convaincus que chaque intellectuel a le devoir de dénoncer toute forme de mauvaise utilisation ou de gaspillage des deniers publics, toute forme de népotisme, afin d’éviter que nos enfants n’aillent se jeter à la mer, non à la recherche d’argent, mais de liberté, de justice et de paix. Nous resterons toujours producteurs d’idées et d’initiatives pour que vive Constantine dans notre chère Algérie éternelle, quelle que soit l’étiquette que certains voudraient bien nous coller. Nous resterons à Constantine, terre de Massinissa, de Benbadis, de Benmehidi, de Boudjeriou et de Kateb Yacine, pour dire fièrement:
Constantine a poussé un cri si haut et si beauQu’il s’est confondu avec celui des oiseauxSillonnant le Rhummel, des chutes jusqu’au BardoAfin de mieux fienter sur le chameau
Professeur Hocine BENKADRIPrésident du CRI de Constantine
Apprenons à gérer ensemble !
Texte paru sur la presse nationale (El Acil, El Watan, Echourouk, El Khabar)
Constantine, le 08 mai 2007
Cela fait cinq années que le CRI de Constantine accomplit une œuvre, dont le but est de faire des Constantinois des citoyens à part entière et non de simples habitants. Nous avons nettoyé le Rhummel, le monument aux morts, des quartiers et des mosquées, des rues et des lycées. Nous avons parlé de civisme, d’insécurité et de respect des lois de la république. Nous avons parlé de communication entre citoyens, entre gouvernants et gouvernés. Nous avons parlé de culture, de science et surtout d’inconscience. Nous avons provoqué un débat d’idées dans la société Constantinoise, en disséquant l’histoire de la cité, afin de remettre de l’ordre dans la mémoire collective, la faire aimer par toutes les générations, surtout par les jeunes que nous avons longtemps abreuvés d’illusions. Notre démarche, faite de réflexion et surtout d’initiatives citoyennes, nous a conduit à diagnostiquer ce mal chronique qui ronge Constantine, celui d’une gestion médiocre et archaïque. Nous n’avons ménagé aucun effort pour faire parvenir nos propositions par l’écrit, par le son et par l’image à tous les responsables locaux et nationaux, les incitant à revoir leur copie quant à la gestion d’une métropole comme Constantine, qui recèle un nombre impressionnant de compétences qui se font discrètes à force de marginalisation. Constantine demande à être gérée avec sérénité, avec amour et goût de l’esthétique, avec tact et impartialité pour ne pas tomber dans le parti pris. C’est l’une des villes ou tout responsable nouvellement installé est approché par une éternelle cour, spécialisée dans l’illusionnisme et la danse du ventre, entonnant des lamentations, afin de faire obstacle à toute initiative citoyenne, combattre la compétence, l’intégrité et l’engagement pour les remplacer par une trilogie morbide faite de médiocrité, d’opprobre et d’allégeance. Nous n’avons jamais cessé de dire à nos gouvernants que Constantine a une âme, une mémoire, qu’il faut respecter, mais surtout des compétences qu’il faut savoir rassembler pour mieux les valoriser car, avant de construire des immeubles, il faut avoir une idée sur ceux qui vont les habiter, de même qu’avant de construire un pont, fusse-t-il celui de Normandie, il faudrait prendre avis de ceux qui vont le traverser. Il faut que nos gouvernants sachent une fois pour toutes que quelle que soit la structure construite, sanitaire ou universitaire, elle ne vaut que par les compétences qui y travaillent. Il faut que nos gouvernants apprennent à communiquer, sans avoir recours à des miroirs déformants, à partager, sans avoir recours à l’exclusion, à respecter sans avoir recours à l’intimidation, car Constantine appartient à tous ceux qui l’aiment. Il faut qu’ils apprennent à parler aux citoyens, à ne pas les considérer comme des sujets, à ne pas les monter les uns contre les autres, à respecter leurs différences d’opinions et d’idées. Comme nul ne peut prétendre être le sauveur de Constantine ou l’aimer plus que les autres, nul n’a aussi le droit de prétendre être plus patriote que les autres. Chaque Constantinois et chaque Constantinoise, jeunes ou vieux, lettrés ou illettrés, riches ou pauvres, forts ou faibles, ont un droit de regard sur la gestion de leur cité. Constantine a besoin d’une véritable société civile, dont la force de propositions l’inscrirait comme véritable contre poids, dans le strict respect des lois de la république. C’est ainsi qu’au sein de notre club, pour mieux nous rapprocher des citoyens, nous avons travaillé en collaboration avec les médias, qui n’ont ménagé aucun effort pour servir, pour une période donnée, de relais à nos idées, et nous les en remercions. Nous avons aussi utilisé les ondes de la radio régionale, lors d’une émission hebdomadaire intitulée cri d’espoir, selon un programme mensuel remis au préalable à la direction, afin de débattre des problèmes de civisme, d’éducation et de citoyenneté, en toute responsabilité et en toute transparence, et que nous nous sommes vus interdits de micro pour la dangereuse raison que « nous étions entrain de verser de l’eau fraîche sur nos concitoyens afin de les réveiller ». Sous d’autres cieux, on aurait interdit de micro et passé en justice ceux qui veulent continuer à endormir sans avoir le diplôme d’anesthésiste, c'est-à-dire les charlatans. Il faut que les Constantinoises et les Constantinois sachent que notre club continuera à déranger par son débat d’idées, son travail de mémoire, afin de participer à l’éveil citoyen, et faire que la société civile ne soit pas déviée de ses objectifs.
Passent les heures et passent les minutesEt coule le Rhummel sous le pont des chutes
Professeur Hocine BENKADRI
On a ordonné la démolition de la prison du Coudiat pour se rétracter en dernière minute. On a ramené une société de jardinage d’Alger pour voir tout son travail refait une année après. On a ordonné la réfection du stade Hamlaoui mais le gazon refuse toujours de pousser. On a décidé que le téléphérique devienne un moyen de transport, passant au dessus d’habitations, violant l’intimité des familles. On a décidé de faire ou de refaire les trottoirs de Constantine, les couvrant de carrelage inapproprié. On a décidé de refaire plusieurs fois les routes et planter des palmiers sur les artères menant à Constantine, se trompant certainement d’oasis. On a ordonné la démolition de Bardo en plein hiver, poussant les enfants à sillonner les rues à la recherche d’une école ou d’un lycée, parce que leurs familles ont été déportées ailleurs que dans l’endroit où ils ont vécus depuis plusieurs générations. Quelles qu’en soient les raisons, on aurait dû négocier, attendre la sortie de l’hiver et la fin de l’année scolaire. On a décidé de ramener un chameau et deux chameliers de Ghardaïa dans une camionnette de marque Toyota, faisant fi de la maltraitance des animaux, réquisitionnant, en guise d’écurie, une institution scolaire pour toute une semaine, jusqu’au 13 janvier 2008. On a décidé de délocaliser de Constantine toute manifestation culturelle, d’occuper la radio, de publier un miroir bimensuel donnant une image déformante de la ville, à travers une propagande parfois inélégante. On a ordonné au directeur du CHU de retirer la domiciliation du CRI, accordée par son prédécesseur depuis 2002, afin de légitimer un éventuel retrait d’agrément. Nous tenons à remercier au passage ces dizaines de Constantinoises et de Constantinois qui se sont spontanément proposés pour héberger gracieusement notre club, comme nous tenons aussi à remercier chaleureusement la presse nationale pour son soutien. Il faut que tout un chacun sache que notre club continuera à croire que gérer c’est ne jamais servir un clan, c’est savoir écouter, comprendre, sensibiliser, persuader, pour mieux asseoir une notion fondamentale très chère au peuple algérien, qu’est l’équité. Le Cri de Constantine continuera calmement et dignement à faire dans l’éveil citoyen, afin que les nouvelles générations apprennent à se comprendre, à respecter leurs différences, à s’accepter, dans le strict respect des lois de la république. Nous sommes aussi convaincus que chaque intellectuel a le devoir de dénoncer toute forme de mauvaise utilisation ou de gaspillage des deniers publics, toute forme de népotisme, afin d’éviter que nos enfants n’aillent se jeter à la mer, non à la recherche d’argent, mais de liberté, de justice et de paix. Nous resterons toujours producteurs d’idées et d’initiatives pour que vive Constantine dans notre chère Algérie éternelle, quelle que soit l’étiquette que certains voudraient bien nous coller. Nous resterons à Constantine, terre de Massinissa, de Benbadis, de Benmehidi, de Boudjeriou et de Kateb Yacine, pour dire fièrement:
Constantine a poussé un cri si haut et si beauQu’il s’est confondu avec celui des oiseauxSillonnant le Rhummel, des chutes jusqu’au BardoAfin de mieux fienter sur le chameau
Professeur Hocine BENKADRIPrésident du CRI de Constantine
Apprenons à gérer ensemble !
Texte paru sur la presse nationale (El Acil, El Watan, Echourouk, El Khabar)
Constantine, le 08 mai 2007
Cela fait cinq années que le CRI de Constantine accomplit une œuvre, dont le but est de faire des Constantinois des citoyens à part entière et non de simples habitants. Nous avons nettoyé le Rhummel, le monument aux morts, des quartiers et des mosquées, des rues et des lycées. Nous avons parlé de civisme, d’insécurité et de respect des lois de la république. Nous avons parlé de communication entre citoyens, entre gouvernants et gouvernés. Nous avons parlé de culture, de science et surtout d’inconscience. Nous avons provoqué un débat d’idées dans la société Constantinoise, en disséquant l’histoire de la cité, afin de remettre de l’ordre dans la mémoire collective, la faire aimer par toutes les générations, surtout par les jeunes que nous avons longtemps abreuvés d’illusions. Notre démarche, faite de réflexion et surtout d’initiatives citoyennes, nous a conduit à diagnostiquer ce mal chronique qui ronge Constantine, celui d’une gestion médiocre et archaïque. Nous n’avons ménagé aucun effort pour faire parvenir nos propositions par l’écrit, par le son et par l’image à tous les responsables locaux et nationaux, les incitant à revoir leur copie quant à la gestion d’une métropole comme Constantine, qui recèle un nombre impressionnant de compétences qui se font discrètes à force de marginalisation. Constantine demande à être gérée avec sérénité, avec amour et goût de l’esthétique, avec tact et impartialité pour ne pas tomber dans le parti pris. C’est l’une des villes ou tout responsable nouvellement installé est approché par une éternelle cour, spécialisée dans l’illusionnisme et la danse du ventre, entonnant des lamentations, afin de faire obstacle à toute initiative citoyenne, combattre la compétence, l’intégrité et l’engagement pour les remplacer par une trilogie morbide faite de médiocrité, d’opprobre et d’allégeance. Nous n’avons jamais cessé de dire à nos gouvernants que Constantine a une âme, une mémoire, qu’il faut respecter, mais surtout des compétences qu’il faut savoir rassembler pour mieux les valoriser car, avant de construire des immeubles, il faut avoir une idée sur ceux qui vont les habiter, de même qu’avant de construire un pont, fusse-t-il celui de Normandie, il faudrait prendre avis de ceux qui vont le traverser. Il faut que nos gouvernants sachent une fois pour toutes que quelle que soit la structure construite, sanitaire ou universitaire, elle ne vaut que par les compétences qui y travaillent. Il faut que nos gouvernants apprennent à communiquer, sans avoir recours à des miroirs déformants, à partager, sans avoir recours à l’exclusion, à respecter sans avoir recours à l’intimidation, car Constantine appartient à tous ceux qui l’aiment. Il faut qu’ils apprennent à parler aux citoyens, à ne pas les considérer comme des sujets, à ne pas les monter les uns contre les autres, à respecter leurs différences d’opinions et d’idées. Comme nul ne peut prétendre être le sauveur de Constantine ou l’aimer plus que les autres, nul n’a aussi le droit de prétendre être plus patriote que les autres. Chaque Constantinois et chaque Constantinoise, jeunes ou vieux, lettrés ou illettrés, riches ou pauvres, forts ou faibles, ont un droit de regard sur la gestion de leur cité. Constantine a besoin d’une véritable société civile, dont la force de propositions l’inscrirait comme véritable contre poids, dans le strict respect des lois de la république. C’est ainsi qu’au sein de notre club, pour mieux nous rapprocher des citoyens, nous avons travaillé en collaboration avec les médias, qui n’ont ménagé aucun effort pour servir, pour une période donnée, de relais à nos idées, et nous les en remercions. Nous avons aussi utilisé les ondes de la radio régionale, lors d’une émission hebdomadaire intitulée cri d’espoir, selon un programme mensuel remis au préalable à la direction, afin de débattre des problèmes de civisme, d’éducation et de citoyenneté, en toute responsabilité et en toute transparence, et que nous nous sommes vus interdits de micro pour la dangereuse raison que « nous étions entrain de verser de l’eau fraîche sur nos concitoyens afin de les réveiller ». Sous d’autres cieux, on aurait interdit de micro et passé en justice ceux qui veulent continuer à endormir sans avoir le diplôme d’anesthésiste, c'est-à-dire les charlatans. Il faut que les Constantinoises et les Constantinois sachent que notre club continuera à déranger par son débat d’idées, son travail de mémoire, afin de participer à l’éveil citoyen, et faire que la société civile ne soit pas déviée de ses objectifs.
Passent les heures et passent les minutesEt coule le Rhummel sous le pont des chutes
Professeur Hocine BENKADRI
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