موقع شخصي للمثقف الجز ائري المهمش نورالدين بو كعباش
يتضمن مقالات و حوارات وصور رسائلية
كما يشمل موضوعات من الصحافة الجز ائرية والعالمية
Site personnel de l'intellectuel algérien marginalisé Noureddine Bou Kaabache
Comprend des articles, des dialogues et des images
Il comprend également des sujets de la presse algérienne et internationale
السبت، يناير 28
الاخبار العاجلة لعقد ابناء المجاهدين واحفاد مناضلي حزب التحريرالوطني اجتماع سياسي عاطفي بقاعة الخحليفة بقسنطينة ويدكران ابناء مناضلي حزب جبهة التحرير اعلنوا عن تاسيس منظمة ابناء المجاهدين ويدكران الجزائر يغيش فيها المجاهدين الاموات بقبورهم والمجاهدين الاحياءببطاقة انخراطهم والامتيازات االسياسيية والاقتصادية وللعلم فان الدولة الجزائرية انشئت الاداعات المحلية من اجل توظيف ابناء المجاهدين الاحياء ويدكران فرنسا تعتبر المجاهدين الجزائرين الاحياءوالاموات برتبة ارهابيين حسب الوثائق الرسمية التاريخية والاسباب مجهولة
اخر خبر الاخبار العاجلة لاحتفال سكان قسنطينة بدكري اغتيال المواطن الجزائري عبد الحق بن حمودة ويدكر ان الزعيم بن حمودة حاول تاسيس حزب سياسي للعمال الجزائريين فوجد نفسه زائر لمقبرة الجزائر وللعلم فان دكري وفاة بن حمودة تزامنت مع جنازة الوزير بلعايب المعارض لحزب اويحي وهكد ا يحتفل حزب اويحي بدكري رحيل مؤسسه الرسمي بقسنطينة و يشيع جنازة احدي معارضيه في الجزائر العاصمة ومن غريب الصدف ان قسنطينة عاشت دكري رحيل ابن الخروب مهري وشر البلية مايبكي اخر خبر الاخبار العاجلة لعقد ابناء المجاهدين واحفاد مناضلي حزب التحريرالوطني اجتماع سياسي عاطفي بقاعة الخحليفة بقسنطينة ويدكران ابناء مناضلي حزب جبهة التحرير اعلنوا عن تاسيس منظمة ابناء المجاهدين ويدكران الجزائر يغيش فيها المجاهدين الاموات بقبورهم والمجاهدين الاحياءببطاقة انخراطهم والامتيازات االسياسيية والاقتصادية وللعلم فان الدولة الجزائرية انشئت الاداعات المحلية من اجل توظيف ابناء المجاهدين الاحياء ويدكران فرنسا تعتبر المجاهدين الجزائرين الاحياءوالاموات برتبة ارهابيين حسب الوثائق الرسمية التاريخية والاسباب مجهولة
TANZANIE - Jakaya Kikwete - Chef de l'État
3 195 euros par moisSource : Wikipedia
NIGERIA - Muha
RDC - Joseph Kabila - Chef de l'État
4 000 euros par mois
Le montant affiché ne prend pas en compte les indemnités, primes et autres prises en charge de frais personnels. Source : Jeune Afrique
mmadu Buhari - Chef de l'État
2 600 euros par moisSource : Annonce faite par le porte-parole, le 12 juillet 2015
MALI - Ibrahim Boubacar Keïta - Chef de l'État
5 335 euros par mois
Avant le coup d'État du 22 mars 2012 contre Amadou Toumani Touré
(ATT), le chef de l'État malien percevait 5 335 euros par mois et avait
droit à 4 000 euros d'indemnité mensuelle forfaitaire. Source : Journal du Mali
RDC - Joseph Kabila - Chef de l'État
4 000 euros par mois
Le montant affiché ne prend pas en compte les indemnités, primes et autres prises en charge de frais personnels. Source : Jeune Afrique
NIGERIA - Muhammadu Buhari - Chef de l'État
2 600 euros par moisSource : Annonce faite par le porte-parole, le 12 juillet 2015
MALI - Ibrahim Boubacar Keïta - Chef de l'État
5 335 euros par mois
Avant le coup d'État du 22 mars 2012 contre Amadou Toumani Touré
(ATT), le chef de l'État malien percevait 5 335 euros par mois et avait
droit à 4 000 euros d'indemnité mensuelle forfaitaire. Source : Journal du Mali
TUNISIE - Beji Caïd Essebsi - Chef de l'État
13 712 euros par mois
Le président a annoncé un prochaine réforme pour réduire ce salaire
et limiter ou supprimer les avantages des présidents à la retraite. Source : Jeune Afrique
MAROC - Mohammed VI - Roi
N.C.
Outre son argent privé, ses palais, ou encore ses frais de
déplacement, Mohammed VI perçoit chaque mois un salaire prélevé sur une
"liste civile" - qui sert également à rétribuer les membres de sa
famille proche. Source : Tel Quel
LIBYE - Ali Zeidan - Chef de gouvernement
7 345 euros par moisSource : Jeune Afrique
ALGÉRIE - Abdelaziz Bouteflika - Chef de l'État
6 334 euros par mois
Bouteflika, Ouattara, Kabila… Quels sont les salaires officiels des dirigeants africains ?
Jeune Afrique vous propose de découvrir les salaires officiels et
les différents avantages octroyés aux dirigeants africains. Qui est le
mieux payé ? Le plus avantagé ? Le mieux loti ? Réponses avec notre
carte interactive.
Vous êtes nombreux à réagir dans les commentaires en
vous étonnant de la faiblesse de certaines des sommes que nous
indiquons. Nous précisons donc que nous avons choisi de recenser
uniquement les salaires officiels des chefs d’État.
S’attaquer aux salaires et avantages officiels octroyés aux chefs
d’État et de gouvernement africains n’est pas chose aisée. La tâche
s’avère même particulièrement délicate dans certains pays. Parmi les
plus opaques, sur lesquels nous n’avons réussi à glaner aucune
information : le Soudan, la Gambie, l’Érythrée, par exemple.
Certains pays de la bande sahélienne (Mauritanie, Niger, Tchad…)
s’illustrent également par leur opacité. Tandis que d’autres jouent du
salaire du patron pour aller dans le sens du vent. Comme Muhammadu
Buhari, qui, le 11 juillet, a fait savoir qu’il ne toucherait que la
moitié du salaire de son prédécesseur.
La palme de la transparence revient en revanche aux États d’Afrique
de l’Est, centrale et australe, et tout particulièrement aux pays
anglophones. Certains, comme le Rwanda ou le Nigeria, publient aux yeux
de tous, dans des textes officiels, les montants des salaires
présidentiels.
Officiellement, le chef d’État le mieux payé est le Sud-Africain
Jacob Zuma, avec une rémunération mensuelle de 19 765 euros. Le plus
« petit » salaire officiel est celui du Camerounais Paul Biya, rémunéré
200 euros par mois pour son mandat de président. À titre de comparaison
internationale, Barack Obama a un salaire mensuel de 24 264 euros par
mois, François Hollande de 13 764 euros par mois, et Vladimir Poutine de
7 460 euros.
Cliquez sur les pays pour connaître le salaire du chef de l’État.
Passez votre souris sur les diagrammes pour afficher les résultats.
D’après nos résultats, la grande majorité des dirigeants africains
sont payés entre 2 500 et 8 000 euros par mois. À ces chiffres
s’ajoutent bien évidemment diverses indemnités mensuelles et de nombreux
avantages liés à la fonction, qui selon les pays, sont plus ou moins
secrets.
Dans la Gazette officielle rwandaise n°46 bis datée du 12 novembre
2012, il est ainsi précisé que Paul Kagamé dispose d’une « résidence
présidentielle avec tous les équipements nécessaires », de cinq
véhicules de fonction ou encore de « frais de représentation au service à
la charge de l’État ». Mais le Rwanda est une exception. Dans la
majorité des cas, les avantages en nature ne sont pas précisés dans les
textes de lois.
Notre enquête, basée sur les sources de la rédaction de Jeune Afrique
mais aussi sur des articles de presse locaux, ne prétend pas être
exhaustive. Elle sera mise à jour régulièrement selon les réactions que
cette carte ne manquera pas de susciter.
Algérie : Bouteflika, « d’El-Mouradia au cimetière d’El-Alia sans escale »
À mi-parcours du quatrième mandat du président, le débat ne porte
déjà plus sur sa capacité à le terminer mais sur l’éventualité, martelée
par ses proches et ses soutiens, d’un nouveau bail à El-Mouradia.
La scène se passe peu de temps après l’élection d’Abdelaziz Bouteflika
à la présidence de la République, en avril 1999. Mohamed Chérif
Messaadia, pur apparatchik du FLN, président du Conseil de la nation
(Sénat) d’avril 2001 à sa mort, en juin 2002, évoque avec son médecin
traitant sa longue amitié avec Bouteflika, qu’il connaît depuis la fin
des années 1950, quand les deux hommes furent chargés par l’état-major
de l’Armée de libération nationale (ALN) d’ouvrir un front au Mali.
Parlant de la vision et de la conception du pouvoir du président,
Messaadia glisse cette phrase à son docteur : « Bouteflika, c’est
d’El-Mouradia à El-Alia, sans escale… » Comprendre : il ne quittera le
palais de la présidence que pour le repos éternel au cimetière
d’El-Alia, aux côtés des martyrs de la révolution et de certains de ses
prédécesseurs. Lancé comme une boutade, le propos de Messaadia, qui,
comme son vieil ami, a connu la disgrâce après les émeutes d’octobre
1988 puis une longue traversée du désert avant d’être réhabilité,
résonne aujourd’hui comme une quasi-prophétie. Remise en question de l’aptitude à gouverner
Au pouvoir depuis presque dix-sept ans, Abdelaziz Bouteflika, 80 ans
au printemps prochain, n’est pas près de se retirer. Il y a quelques
mois, le débat tournait autour de sa capacité à terminer son quatrième
mandat (2014-2019). Mettant en doute son aptitude à gouverner compte
tenu de ses problèmes de santé consécutifs à l’accident vasculaire
cérébral (AVC) qu’il avait subi en avril 2013, certains opposants
évoquaient une vacance du pouvoir.
D’autres détracteurs, encore plus virulents, pressaient l’armée
d’intervenir pour l’écarter de ses fonctions en s’appuyant sur l’article
102 de la nouvelle Constitution, lequel prévoit l’impeachment du chef
de l’État en cas de maladie grave et de longue durée. On tablait alors
sur une période de transition dont l’institution militaire se serait
portée garante. En d’autres termes, Bouteflika serait tôt ou tard sur le
départ, et sa succession engagée.
Prétendants à la succession
À mi-parcours de ce fameux quatrième mandat qui a fait couler
beaucoup d’encre, le débat a changé de nature. Aujourd’hui, il tourne
autour d’un nouveau bail au palais d’El-Mouradia, un cinquième mandat
dont les plus fervents partisans sont des proches et des soutiens du
président, qui l’évoquent avec de plus en plus d’insistance. C’est
Djamel Ould Abbès, porté à la tête du FLN en octobre dernier en
remplacement d’Amar Saadani, qui a ouvert le bal. Très proche de la
famille présidentielle, Ould Abbès juge « évident que le parti désigne
son président [Bouteflika est le président d’honneur du FLN] comme
candidat à la présidentielle de 2019 ».
À ceux qui écarquillent les yeux en l’entendant envisager cette
perspective, Ould Abbès répond avec un certain agacement : « Je ne suce
pas mon pouce, je ne suis pas un écolier. J’ai de longues années de
militantisme derrière moi. Il faut prendre mes propos au sérieux. » Il
n’est manifestement pas le seul à les prendre au sérieux. Ancien
ministre, qui faisait partie de la garde prétorienne du raïs, et actuel
sénateur du tiers présidentiel, Amar Tou considère qu’un cinquième
mandat est « une nécessité » pour le pays.
« Ce qui n’a pas été encore réalisé en cette période de crise doit
être terminé », argue-t-il. Jamais avare d’un soutien au président,
Amara Benyounes, lui aussi ex-ministre, plaide dans le même sens, même
s’il prend soin de préciser que l’échéance est encore loin et que la
décision revient au seul concerné. On s’en doute. Naturellement, ce
dernier ne se prononce pas sur le sujet. Pas plus qu’il ne donne
publiquement la moindre indication sur ses intentions futures ni sur
d’éventuels prétendants qui pourraient concourir à sa succession. Un personnage complexe
Quiconque prétendrait connaître l’agenda futur d’Abdelaziz Bouteflika
serait bien présomptueux, comme le confirment ses proches. Une vieille
amie du président prenait un jour le thé à Paris avec un ambassadeur
occidental. Informelle, l’entrevue tournait autour de la situation en
Algérie, ainsi que des projets et des intentions du chef de l’État
concernant l’avenir. « J’aimerais bien savoir ce qui se trame »,
s’interrogeait le diplomate.
Son interlocutrice lui rétorqua avec un sourire malicieux : « Il n’y a
que Dieu et lui qui sachent ce qu’il va faire. » « Moi, je sais, et
Dieu, un peu », aurait d’ailleurs déclaré un jour Bouteflika, non sans
une pointe d’humour, pour résumer ses intentions. C’est dire si ce vieux
briscard, dont la carrière est aussi riche qu’incomparable et qui est
un acteur majeur de l’histoire politique de son pays depuis plus d’un
demi-siècle, est imprévisible, fascinant, mystérieux et déroutant.
Depuis son retour aux affaires, en 1999, après une longue disgrâce,
Abdelaziz Bouteflika n’a jamais fait mystère de son ambition de durer. À
peine s’était-il installé à El-Mouradia qu’il lançait à son directeur
de cabinet, Ali Benflis, cette phrase qui illustre toute son appétence
pour le pouvoir : « Nous allons faire deux mandats, puis modifier la
Constitution. »
Il a tenu parole. En novembre 2008, il a fait amender la loi
fondamentale promulguée en 1996 par son prédécesseur, Liamine Zéroual,
laquelle limitait à deux le nombre de mandats présidentiels. Quelques
mois plus tard, il est réélu pour un troisième mandat. Au général
Mohamed Mediène, dit « Toufik », alors patron du puissant Département du
renseignement et de la sécurité (DRS, dissous en janvier 2016) et
désormais à la retraite, Bouteflika a justifié sa volonté de rester aux
commandes de l’État en ces termes : « Je n’ai pas terminé mon
programme. » Garant de la stabilité nationale
En avril 2014, alors qu’il s’apprêtait à rempiler pour un quatrième
exercice en dépit d’une santé fragile, il avait brandi le même argument,
soulignant, en outre, la nécessité de mettre l’Algérie à l’abri du
chaos et de l’instabilité.
« Bouteflika est convaincu qu’il est né pour commander, dit l’un de
ses anciens ministres. Il a gardé une grande amertume et nourri une
rancune tenace à l’égard des militaires qui l’avaient écarté à la mort
de Boumédiène, en 1978, lui préférant l’un des leurs, le colonel Chadli
Bendjedid. Il pensait que la succession lui revenait tout
naturellement. » Un cacique du FLN qui a géré plusieurs portefeuilles
ministériels au cours des deux dernières décennies met en avant une
autre dimension chère au chef l’État : la notion d’homme providentiel.
« Bouteflika a souvent évoqué comme exemple le président tunisien Ben
Ali [chassé du pouvoir en janvier 2011], explique-t-il. C’est un zaïm
qui n’aime pas partager ses prérogatives. S’il écoute et consulte, il
se range rarement à l’avis des autres. » Adepte d’un régime
ultraprésidentiel, Bouteflika a une conception plutôt monarchiste du
pouvoir.
« Sa longue fréquentation des monarchies et émirats du Golfe arabe
l’a converti au modèle de la présidence à vie, même si celui-ci est
passé de mode, avance un diplomate algérien. Ceux qui gravitent autour
du pouvoir l’ont d’ailleurs très bien compris et assimilé. Aujourd’hui,
chacun s’empresse, non pas de soutenir son programme, mais de prêter
allégeance à sa personne. On est presque dans le culte de la
personnalité. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. » Contrôle des renseignements et de la sécurité
Au cours des dix-sept dernières années, Bouteflika a patiemment
travaillé à reformater le système politique, au point d’avoir réussi à
en changer le logiciel. Les généraux influents qui faisaient et
défaisaient les présidents depuis l’indépendance ? Tous ont été écartés
ou mis à la retraite, ou sont décédés. L’armée, colonne vertébrale du
régime ? Elle est définitivement sous sa coupe. Les services
d’intelligence qui constituaient un pouvoir parallèle, omniscient et
redoutable ? Ils ont été dissous, puis restructurés en une seule entité
placée sous le contrôle direct de la présidence.
Le gouvernement ? Il coordonne et applique le programme du président
sans barguigner. Les divers clans qui se partageaient et se disputaient
les centres de décision ? Il n’en reste plus qu’un seul : le cercle
présidentiel. Les médias, à qui leur hostilité à son égard au cours des
deux premiers mandats conférait un vrai contre-pouvoir ? Ils ont été
domestiqués. Le monde des affaires et de l’argent ? Il s’est rangé
derrière le clan du président. Même le siège de la présidence, située
sur les hauteurs d’Alger, a symboliquement changé de lieu.
Bouteflika ne s’y rend que deux ou trois fois par an pour y tenir le
Conseil des ministres. Depuis l’été 2013, il a en effet élu domicile à
Zeralda, sur le littoral ouest de la capitale. C’est dans cette
résidence ultrasécurisée que le président vit, travaille, se soigne et
reçoit ses collaborateurs et ses hôtes étrangers. Pourquoi un Bouteflika
maître de son destin céderait-il demain à un autre tout ce système
qu’il a inlassablement œuvré à mettre en place ? L’impossible renonciation
Pourtant, que de fois n’a-t-il songé à passer la main. Que de fois
n’a-t-il évoqué la possibilité de s’éloigner du pouvoir. D’abord en
2007. Deux ans après l’ulcère hémorragique qui a failli lui coûter la
vie en novembre 2005, il confiait à l’un de ses amis la tâche de
réfléchir à une période de transition. Alors que la présidence avait
acquis une vaste propriété dans la banlieue de Genève, qui aurait
éventuellement servi de lieu de villégiature au futur retraité, cette
personnalité menait des consultations discrètes à Alger pour former la
nouvelle équipe qui dirigerait cette transition. Le président s’étant
ravisé, le projet a été abandonné.
Bouteflika fit part une seconde fois de son intention de passer le
flambeau dans la foulée des révolutions qui ont balayé les pouvoirs en
Tunisie et en Égypte durant l’hiver 2011. Devant un parterre de hauts
responsables qui lui demandaient de promulguer, conformément à ses
engagements, une nouvelle Constitution, il évoqua sa lassitude et son
envie d’ailleurs. Une nouvelle loi fondamentale ? « Ce sera pour un
jeune dirigeant qui me succédera », avait-il dit en substance.
Trois mois plus tard, le président déclarait à Sétif devant un
millier de personnes qu’il était temps que la génération de vieux
dirigeants qui truste le pouvoir depuis 1962 transmette le relais aux
plus jeunes. Laissant ainsi entendre que l’heure était venue pour lui
d’organiser l’alternance. Mais il n’en fera rien. La troisième fois que
le raïs laissera entrevoir la possibilité de quitter le pouvoir remonte à
2013. Fragilisé par son état de santé, il avait alors fait part à
différents interlocuteurs de son intention de ne pas briguer un
quatrième mandat.
L’un de ses visiteurs rapporte qu’au cours d’une longue entrevue avec
lui, en février 2014, il osa la question que tout le monde se posait.
« Monsieur le président, allez-vous être candidat ? » Tassé dans son
fauteuil roulant et tirant sur peignoir, celui-ci répondit avec un air
de résignation : « Vous me voyez me représenter dans cet état ? » Coup
de bluff ? Pressions de son entourage ? Désir irrépressible de se
maintenir ? Toujours est-il que vingt jours après cette audience,
Abdelaziz Bouteflika était officiellement candidat à la présidentielle
de 2014. On connaît la suite. Une santé fragile
« Son appétence pour le pouvoir va l’inciter à se représenter en
2019, décrypte Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ambassadeur au
Mexique et en Espagne. Mais sa maladie pourrait l’en empêcher. »
Vraiment ? Si le dossier médical du chef de l’État reste l’un des
secrets les mieux gardés de la République, sa santé fragile ne constitue
plus un handicap rédhibitoire pour une éventuelle candidature. Du moins
pour ses proches, qui sont nombreux à assurer que son état de santé
s’est amélioré. Djamel Ould Abbès jure même que le président
recommencera à marcher dans les prochains mois.
Son incapacité à voyager à l’étranger et à s’adresser directement à
ses compatriotes ? Elle ne l’a pas empêché de faire un quatrième mandat.
Le fait qu’il exerce ses fonctions dans un fauteuil roulant ? « Vous
voyez bien qu’il a repris ses sorties sur le terrain en visitant la
Grande Mosquée d’Alger ou en inaugurant la nouvelle ville de Sidi
Abdellah, plaide l’un de ses soutiens. Ceux qui pensent qu’il est proche
de la retraite se trompent. »
Ses partisans expliquent encore que le pays est bien dirigé malgré
une crise financière aiguë qui fait craindre des lendemains incertains.
Paradoxalement, cette crise qui frappe l’Algérie en raison de
l’effondrement de ses revenus pétroliers pourrait servir d’argument pour
un cinquième mandat. L’actuel exercice a été dicté par l’impératif
d’assurer la stabilité du pays, dit-on. Le prochain le serait par la
nécessité de gérer un contexte socio-économique délicat et
potentiellement explosif. Alliés fidèles, possibles successeurs
« Préparer sa succession, c’est donner déjà l’impression qu’il est
sur le départ, analyse un initié du sérail. Il n’est pas dans cette
disposition d’esprit là. » Le modèle de la présidence à vie écarte
l’idée d’une succession choisie et préparée, observe un ministre qui a
longtemps côtoyé le raïs. À l’instar de tous ses prédécesseurs,
Bouteflika n’a pas préparé de dauphin. Mais, contrairement à eux, lui a
eu tout le loisir de le faire. Il ne l’a pas fait. Y a-t-il songé ?
« Je n’ai pas de favori », avait-il glissé à l’une de ses
connaissances à l’hiver 2014. Mais Abdelaziz Bouteflika n’est pas
éternel. S’il venait à disparaître avant ou après la fin de son
quatrième mandat, qui pourrait briguer le fauteuil présidentiel ? Les
prétendants ne manquent pas. Dans un pays dont la colonne vertébrale
demeure l’institution militaire, les regards se portent vers Ahmed Gaïd
Salah, 76 ans, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la
Défense.
Nourrit-il une ambition présidentielle ? Bouteflika ne l’exclut pas. À
l’un de ses proches, qui venait de rendre visite à Gaïd Salah au
printemps 2014, le président murmura avec malice : « Vous avez trouvé un
homme en campagne, n’est-ce pas ? » Certains confient avoir entendu
Gaïd dire : « Si ce n’est pas le président, ça sera ses frères. Ou alors
moi… »
Mais la fidélité de ce général à l’égard du chef de l’État ne peut
pas être prise en défaut. Bouteflika vivant, Gaïd Salah ne prendra
aucune initiative pouvant laisser penser qu’il vise la place du chef.
D’ailleurs, ces derniers temps, il ne rate pas une occasion pour
exprimer sa loyauté et celle de l’armée envers le président.
S’il demeure fidèle au chef de l’État, le Premier ministre,
Abdelmalek Sellal, 68 ans, n’en est pas moins présenté comme un autre
potentiel successeur. À l’automne 2013, à l’époque où le doute planait
encore sur l’avenir politique de Bouteflika, Sellal s’y voyait déjà. Ses
atouts ? Sa proximité avec le cercle présidentiel, les réseaux
d’influence qu’il a tissés au cours des quatre dernières années à la
tête de l’exécutif, ou encore son expérience au sommet de l’État.
Ses handicaps ? L’usure du pouvoir, ses difficultés à trouver les
bonnes solutions à la crise, de multiples couacs qui sapent la cohésion
de son équipe depuis plusieurs mois. Tout cela mine sa crédibilité au
point que des rumeurs récurrentes le donnent comme partant après les
législatives du printemps 2017. Voire avant. Son rival, Ahmed Ouyahia,
chef de cabinet de la présidence et secrétaire général du Rassemblement
national démocratique (RND), fait également partie de la galerie des
prétendants.
Il l’était déjà à l’automne 1998, au moment où le président Liamine
Zéroual, dont il était le chef de gouvernement entre 1995 et 1998, avait
annoncé sa démission anticipée. Depuis, le nom d’Ouyahia revient à
chaque fois que le débat sur la succession de Bouteflika agite le
Landerneau algérois. Ahmed Ouyahia, né en Kabylie deux ans avant le
début de la guerre d’indépendance, successeur ? « Ce serait bien, un
président kabyle, aurait dit de lui un jour Bouteflika. Mais il est très
impopulaire. » Son impopularité, qu’il assume d’ailleurs avec une
certaine fierté, n’est pas son seul handicap.
Les dirigeants et les militants du FLN, autre matrice du pouvoir, ne
sont pas vraiment enclins à accepter que la présidence revienne à une
personnalité qui ne soit pas issue des rangs du vieux parti. Cela ne
s’est jamais produit depuis que l’Algérie est indépendante. « Bouteflika
joue avec leurs nerfs en démultipliant les potentiels successeurs, se
gausse un ex-ministre. À chacun il laisse entendre qu’il a des chances
de prendre un jour sa place. Pour finir, il reste seul maître de toutes
les cartes. Sauf de celle du temps. »
Saïd, l’autre Bouteflika
«Il s’est préparé, a fondé un parti politique, a été adoubé. Et va
lui succéder… » Depuis presque huit ans, le destin de Saïd Bouteflika,
59 ans en janvier, fait l’objet de toutes les supputations. Et pour
cause : son rôle clé au sein du cercle présidentiel alimente tous les
fantasmes. Conseiller spécial à la présidence, proche du milieu des
affaires, Saïd jouit de la confiance absolue de son frère aîné. À la
faveur de la maladie de ce dernier et de son effacement du devant de la
scène, cet universitaire aussi muet qu’une tombe est devenu l’interface
entre le chef de l’État et les grandes institutions.
Certains le considèrent comme une sorte de président bis. De lui on
dit qu’il nomme et démet les ministres, préfets et ambassadeurs. On lui
prête aussi une fortune considérable. Pourtant, plusieurs membres du
gouvernement assurent qu’il n’en est rien. « Je n’ai jamais reçu un coup
de fil de Saïd Bouteflika », jure l’un d’eux, qui a occupé un poste
régalien. Un autre minimise cette prétendue grande influence.
« Bouteflika a une trop haute idée de la fonction présidentielle pour
permettre à son frère d’empiéter sur ses pouvoirs. Saïd Bouteflika est
un épouvantail que certains agitent pour décrédibiliser le chef de
l’État. »
Des ambitions présidentielles ? Les amis de l’intéressé, qui refuse
d’accorder le moindre entretien aux journalistes, en sourient. Son frère
aîné en sourit moins. À l’été 2015, quand de nouvelles rumeurs prêtent à
Saïd l’intention inavouée de lui succéder, le président convoque son
chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, pour le sommer de les démentir. Le
7 juillet, Ouyahia met les points sur les i : « Je ne pense pas que le
peuple algérien soit un peuple royaliste, ni que le moudjahid Bouteflika
ait des visions monarchistes. Ceux qui connaissent Saïd Bouteflika
savent qu’il n’est candidat à rien. »
On le dit malade et affaibli, voire incapable d'exercer pleinement
ses fonctions. Qu'en est-il réellement ? Enquête exclusive dans les
coulisses du pouvoir.
Station balnéaire du Club des pins, sur le littoral ouest d’Alger,
lundi 28 avril 2014. Abdelaziz Bouteflika, réélu une semaine plus tôt
pour un quatrième mandat, quitte la tribune après avoir prêté serment
devant les hauts responsables de l’État, les membres du gouvernement et
le corps diplomatique. Dans l’une des salles du Palais des nations, il
s’entretient en aparté avec Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT).
Opposante au verbe haut, jamais avare de critiques à l’égard du
gouvernement, cette « dame de fer » a pourtant l’oreille du président.
Durant une quarantaine de minutes, ils passent en revue divers sujets.
Louisa Hanoune décline l’invite à rejoindre le gouvernement d’Abdelmalek
Sellal, demande au chef de l’État, dont le nouveau mandat commence
officiellement ce jour-là, de faire un geste symbolique en prononçant la
dissolution de l’Assemblée nationale issue des élections de mai 2012.
Surtout, elle dénonce les attaques du secrétaire général du FLN, Amar
Saadani, contre le général Mohamed Mediène, dit Toufik, patron du
Département du renseignement et de la sécurité (DRS), qui sera finalement limogé en septembre 2015.
D’une voix à peine audible, Bouteflika évoque ses projets pour les cinq
ans à venir, s’inquiète du moral de ses compatriotes, avant de glisser à
son interlocutrice, à propos de ses collaborateurs, cette phrase qui
aura plus tard une grande résonance médiatique : « Ils me mentent,
chuchote le président. Ils me ramènent de faux rapports. »
Pendant une année et demie, Louisa Hanoune se gardera de faire état
publiquement de la confidence de Bouteflika. Mais en novembre 2015, elle
décide de sortir de son silence lorsque la présidence de la République
oppose une fin de non-recevoir à la demande d’audience qu’elle avait
introduite avec un groupe de plusieurs personnalités afin de s’assurer
que le chef de l’État exerce réellement ses prérogatives en toute
connaissance de cause. Depuis, un débat enflammé agite les états-majors
politiques, les médias, les réseaux sociaux et même les chancelleries
étrangères accréditées à Alger. Des pouvoirs parallèles ont-ils usurpé
les prérogatives du président ? La santé fragile du chef de l’État
constitue-t-elle un handicap rédhibitoire pour gérer les affaires du
pays ? Bref, est-ce bien le président élu qui dirige l’Algérie ? Un président physiquement très faible
Bouteflika, 79 ans en mars prochain, donne l’image d’un homme
au-dessus des tumultes qui agitent la scène politique. On le dit malade,
lui murmure qu’il va beaucoup mieux. Des rumeurs fantaisistes le disent
mourant, il réapparaît deux minutes au journal télévisé aux côtés du
diplomate Lakhdar Brahimi ou d’Ahmed Gaïd Salah, son vice-ministre de la
Défense. Son bulletin de santé ? C’est le secret le mieux gardé de la
République. À preuve, la résidence de Zeralda, où il s’est installé dès
juillet 2013 après quatre-vingts jours d’hospitalisation à Paris à la
suite d’un accident vasculaire cérébral, est aussi bien protégée que
Fort Knox. Depuis l’incident qui a impliqué, en juillet 2015, un
lieutenant de la garde présidentielle et coûté leur poste à deux
généraux, la sécurité autour du compound a été considérablement
renforcée.
Dans cette résidence bordée par un parc forestier et dotée de toutes
les commodités, Zhor, ancienne sage-femme et sœur du président, ne
quitte pas son grand frère d’une semelle. Sur place, une équipe médicale
veille sur lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Des médecins
chinois, dont un acupuncteur, viennent régulièrement pour superviser sa
rééducation, alors qu’une esthéticienne est aux petits soins,
particulièrement avant les audiences présidentielles. Si ce patient qui
aime à prendre l’air marin sur les balcons de sa résidence a quelque peu
retrouvé la mobilité de ses deux bras, la paralysie qui affecte ses
membres inférieurs l’oblige à travailler dans un fauteuil. Sa voix est
devenue si faible qu’il porte un micro discrètement attaché à sa joue
droite et relié à des haut-parleurs. Pour des raisons liées davantage à
un manque de confidentialité qu’à la qualité des soins, le recours aux
services de l’hôpital militaire d’Aïn Naadja, sur les hauteurs d’Alger,
est aujourd’hui proscrit.
Il se rend aussi, en toute discrétion, à Genève, où un
avion, mis à sa disposition par des amis émiratis, l’attend pour gagner
notamment l’Allemagne et y suivre des traitements
Pour les contrôles médicaux de routine, le président se rend donc à Grenoble, dans le sud-est de la France,
dans la clinique où officie Jacques Monségu, son fidèle cardiologue
depuis une dizaine d’années. Pour étouffer les rumeurs – en mai 2013,
deux journaux qui avaient annoncé que Bouteflika avait sombré dans un
coma profond ont été interdits -, la présidence prend désormais le soin
de communiquer, a minima bien sûr, sur ses brèves escapades médicales.
Mais la France n’est pas le seul pays où le président se rend pour
traiter ses ennuis de santé.
Accompagné seulement d’un garde du corps, il se rend aussi, en toute
discrétion, à Genève, où un avion, mis à sa disposition par des amis
émiratis, l’attend pour gagner notamment l’Allemagne et y suivre des
traitements. Si les handicaps physiques l’obligent à garder le fauteuil,
il est intellectuellement aussi alerte qu’au début de sa présidence, en
1999. « Il a une mémoire d’éléphant », dit de lui l’une de ses
anciennes ministres. Selon les jours, Bouteflika peut se montrer très
prolixe, au point de surprendre ses visiteurs. « Il se souvient de
certains faits et détails qui remontent aux années 1960, confie un
ambassadeur occidental. Son cerveau fonctionne bien, même si le
président peut parfois sembler détaché, hagard ou le regard tourné vers
l’intérieur. »
Un diplomate français qualifie de « stratosphérique » la discussion
entre Bouteflika et François Hollande lors de la visite éclair de ce
dernier à Alger, en juin 2015. « Le président peut tenir quatre à cinq
heures pendant un Conseil des ministres, témoigne un membre du
gouvernement. Je n’ai pas de doute sur ses capacités intellectuelles. On
ne peut tout de même pas lui demander d’avoir, à l’approche de ses 80
ans, la force de Barack Obama ! » Une communication sous contrôle
Il reçoit, donc il dirige. Les partisans du raïs aiment à faire
croire que les audiences qu’il accorde à ses partenaires étrangers sont
autant de preuves qu’il jouit de toutes ses facultés, qu’il assume
pleinement ses fonctions ou qu’il n’est pas isolé sur le plan
international. Simples rendez-vous protocolaires dans d’autres contrées,
elles servent de preuves pour démentir les supputations sur les
absences prolongées du président ou sur la dégradation de sa santé.
Exercice obligé pour certains visiteurs étrangers, ces audiences peuvent
être fastidieuses. Les hôtes doivent patienter dans le salon d’honneur
avant d’être reçus. « L’attente peut durer longtemps, assure un
représentant diplomatique à Alger. Le Premier ministre d’un pays de la
rive nord de la Méditerranée a dû patienter deux heures pour être reçu
deux minutes. »
Les journalistes ne sont pas admis, alors que le travail des
photographes est étroitement cadré. Lors de la visite de Hollande, une
seule caméra de France 2 a été autorisée à filmer pendant quarante
secondes avant que le caméraman soit prié de quitter les lieux. « Quand
la journaliste a insisté pour tourner encore d’autres images, le
protocole présidentiel a coupé la lumière dans la salle », se souvient
un responsable qui accompagnait Hollande. Moins les journalistes en
savent, mieux on gardera le secret sur l’état de santé réel du
président. Mais pour l’opposition et une partie de l’opinion, ces
audiences lassent. « Bouteflika ne s’est plus adressé directement à son
peuple depuis mai 2012, il ne voyage plus et tient trois Conseils des
ministres par an, note un opposant. Pour donner l’illusion qu’il dirige
encore, on le montre pendant deux minutes au JT. Et même là, il ne
s’exprime pas. C’est la fonction présidentielle qui est déconsidérée. » Zeralda, siège quasi officiel de la présidence
C’est à partir de cette résidence de Zeralda, transformée en siège
quasi officiel de la présidence, que Bouteflika gère les affaires du
pays. Autour de lui, un cercle très restreint de collaborateurs. Ayant
totalement déserté ses bureaux au palais d’El-Mouradia, le président
s’appuie donc sur trois hommes dont la fidélité et le dévouement n’ont
jamais été pris à défaut : Logbi Habba, secrétaire général de la
présidence, le « soldat serviteur » Ahmed Ouyahia,
directeur de cabinet à la présidence, et Mohamed Rougab, secrétaire
particulier. À ses trois sherpas s’ajoute Benamor Zerhouni, la plume du
président. Depuis son AVC, en 2013, ce dernier ne s’adresse à ses
compatriotes que par lettres interposées. Du coup, le poids de Zerhouni
s’est accru. « Il est souvent au bout du fil avec le président, qui lui
voue une confiance aveugle, affirme l’un de ses amis. Le fait que tous
les deux soient de Tlemcen n’est pas étranger à cette complicité. »
Comment Bouteflika travaille-t-il avec son Premier ministre, Abdelmalek Sellal,
qu’on dit las et désenchanté ? Si les deux hommes sont en contact
permanent, ils se voient peu. « Bouteflika se réunit rarement avec ses
Premiers ministres, reconnaît l’un de ses anciens collaborateurs. Les
longs tête-à-tête l’ennuient souverainement. Il privilégie le portable.
Il donne ses instructions, recadre ses ministres ou s’enquiert de
l’avancement des dossiers par téléphone. » Un ancien ministre des
Transports se souvient encore d’un coup de fil reçu à 2 heures du matin.
« Le président m’a réveillé pour connaître l’avancement des travaux
dans un aéroport, raconte-t-il. D’une digression à l’autre, la
discussion a duré trois heures, au point qu’avant de raccrocher il avait
oublié pourquoi il m’avait appelé. »
Bouteflika consulte ses proches, mais rarement, sinon jamais, ses chefs de l’exécutif, observe un initié du sérail
Même les nominations ou les limogeages des Premiers ministres sont
annoncés aux intéressés par téléphone. Le 23 juin 2008, Abdelaziz
Belkhadem a appris son éviction par un coup de fil du secrétaire
particulier du président qui lui a demandé de descendre le lendemain au
palais du gouvernement pour faire la passation de consignes avec Ahmed
Ouyahia. En 2014, Sellal a reçu la liste de son nouveau gouvernement par
fax, avant de renvoyer le même document au chef du DRS, qui apprendra
inopinément l’arrivée de trois nouveaux ministres, à l’Intérieur, aux
Finances et à l’Énergie. « Comme tous ses prédécesseurs, Sellal n’a pas
été associé à la formation de son équipe, observe un initié du sérail.
Bouteflika consulte ses proches, mais rarement, sinon jamais, ses chefs
de l’exécutif. »
Deux ex- avouent avoir reçu des mains du président la liste complète
de leur gouvernement sans pouvoir ajouter ou biffer un seul nom. «
Bouteflika vous dira : « Travaillez avec cette équipe quelques mois,
ensuite vous pourrez nommer vos hommes », raconte un ex-ministre. Sauf
qu’il ne vous donnera jamais l’occasion de le faire. » Le recours au
téléphone est encore plus systématique maintenant que le président s’est
installé durablement à Zeralda. Les maillons forts de l’entourage de Bouteflika
Il est un homme qui constitue un autre rouage important de ce cercle
présidentiel : Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef
d’état-major de l’armée. « Bouteflika le convoque régulièrement pour se
coordonner avec lui avant de prendre des décisions majeures », avance un
bon connaisseur du « système ». C’est peu dire que l’imposant patron de
l’armée, qui rêve d’un destin national, est d’un soutien sans faille.
Avant de soutenir le quatrième mandat de Bouteflika, Gaïd Salah l’avait
d’abord protégé contre les opposants, qui réclamaient à cor et à cri
l’application de l’article 88 de la Constitution, lequel prévoit la
destitution du président en cas de maladie grave.
Entre les deux hommes, le compagnonnage a commencé au début du
deuxième quinquennat. « Bouteflika a récupéré Gaïd Salah en 2004 en lui
mettant sous les yeux un document dans lequel l’ex-patron du DRS,
Mohamed Mediène, préconisait de le mettre à la retraite, explique un
ancien gradé. Depuis, Gaïd lui jure fidélité. Pour démanteler le DRS et
limoger son patron, le président s’est largement appuyé sur lui en
exploitant l’animosité entre les deux généraux. L’état-major a
d’ailleurs été renforcé en récupérant certaines directions qui
relevaient du DRS. » Grâce au dévouement de Gaïd Salah, Bouteflika a
désormais la haute main sur l’armée, à l’endroit de laquelle il
nourrissait tant de suspicion.
Mais le maillon le plus fort autour duquel s’articule ce cercle n’est autre que Saïd Bouteflika, 58 ans, frère cadet et
conseiller spécial à la présidence. Universitaire dans une autre vie,
l’homme a vu son rôle s’étoffer depuis l’hospitalisation de son grand
frère, en 2005, pour un ulcère hémorragique. Dix ans plus tard, il
passe, à tort ou à raison, pour une sorte de président par procuration.
Avec sa sœur Zhor, Saïd est le seul à avoir un accès direct et permanent
au président. Certains l’accusent de verrouiller les voies de
communication en direction de son frère aîné et de le couper de ses
amis. D’autres le soupçonnent de décider au nom du président, de nommer
ministres et préfets, voire d’imiter la signature du chef de l’État pour
signer des décrets. D’une discrétion absolue, Saïd décline toute
demande d’entretien, contribuant ainsi à épaissir le mystère autour de
lui.
Je ne pense pas que le peuple algérien soit un peuple
monarchiste, ni que le moudjahid Bouteflika ait des visions
monarchistes, affirme Ouyahia
Influence surestimée ? Un ministre qui a récemment quitté le
gouvernement jure qu’il n’a jamais constaté la moindre interférence de
sa part. « Le président, que je connais, a une très haute idée de ses
fonctions, décrypte-t-il. Il ne permettrait pas à son frère de
s’immiscer dans ses prérogatives. » Un autre qui a été écarté d’un
ministère de souveraineté acquiesce. « Depuis 2001, je n’ai pas eu le
moindre contact avec Saïd dans le cadre de mes fonctions, note-t-il. Je
suis étonné que l’on dise que c’est lui qui donne des instructions. »
Même l’ancien chef du DRS juge en privé que la puissance du frère cadet
est exagérée. « Bouteflika ne partagerait jamais le pouvoir, pas même
avec le Bon Dieu, ironise l’une de ses connaissances. Il n’empêche que
certains prennent des décisions et parlent en son nom. Nous voudrions
donc savoir qui dirige la maison Algérie. »
La puissance prêtée à Saïd est telle que ce grand timide est suspecté
de manœuvrer pour succéder à son frère. Bien sûr, ces rumeurs ont fini
par parvenir aux oreilles de ce dernier. Si bien que lors de l’été 2015,
il convoque Ahmed Ouyahia. « Si Ahmed, je sais qui a sorti ces rumeurs,
lui dit Bouteflika. Je vous demande de les démentir dans la presse. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le 7 juillet, le directeur de cabinet nie
les intentions successorales du frère cadet : « Je ne pense pas que le
peuple algérien soit un peuple monarchiste, ni que le moudjahid
Bouteflika ait des visions monarchistes, corrige Ouyahia. Ceux qui
connaissent Saïd Bouteflika savent que ce n’est pas quelqu’un qui est en
train de jouer dans cette élection. »
Certes, la mise au point a le mérite de dissiper les doutes sur les
intentions du frère conseiller, mais elle n’a pas pour autant mis un
terme au débat sur le style de gouvernance de Bouteflika. C’est même le
président en personne qui a donné à ses opposants une nouvelle occasion
de le remettre en question. Lundi 11 janvier, un communiqué de la
présidence annonce que le Conseil des ministres approuve l’avant-projet
de révision de la nouvelle Constitution. À minuit, une dépêche de
l’agence officielle indique que le président a décidé d’amender
l’article 51 sur l’interdiction faite aux binationaux d’accéder à de
hautes fonctions, alors que ce point n’avait pas été soulevé lors dudit
conseil. Louisa Hanoune saisit la balle au bond. « Nous sommes face à
une expression claire et officielle du pouvoir parallèle,
déclare-t-elle. Nous avons un Conseil des ministres de l’ombre. » Farid Alilat
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