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Point de vue : Pour la sauvegarde de la patrie Photo : H. Lyes Ahmed Benbitour

Point de vue : Pour la sauvegarde de la patrie

Photo : H. Lyes
15 décembre 2018 à 11 h 05 min
L’avenir proche de la patrie est très certainement en danger. Ce qui relevait de la prévision, il y a quelques années, est aujourd’hui une réalité vécue par la majorité des Algériennes et des Algériens. Ce qu’il y a lieu de faire face à une telle situation découlera d’un diagnostic de la situation de la patrie, aujourd’hui et demain. Alors, il sera possible de définir les remèdes et les modalités de les administrer.
Aujourd’hui, la patrie souffre de problèmes au niveau de la société, du système de pouvoir et ses conséquences sur les institutions ainsi qu’au niveau de l’économie nationale.
La société souffre de cinq maux qui lui sont propres, plus l’influence dangereuse des réseaux sociaux.
Ces cinq maux sont : la perte de la morale collective ; la violence qui devient l’instrument privilégié de règlement de conflits entre les individus, entre les groupes d’individus et même entre les groupes d’individus et l’Etat ; la corruption généralisée ; l’individualisme
«Akhti rassi» ; le fatalisme «Allah ghaleb». Ajouter à cela, l’influence négative des réseaux sociaux.
D’où, le premier pas vers la sauvegarde de la patrie commence par l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme pour remédier aux cinq maux et pour intérioriser la citoyenneté «mouwatana» chez chaque citoyenne et chaque citoyen.
Le système de pouvoir se décrit par trois caractéristiques : l’autoritarisme, le patrimonialisme et le paternalisme.
L’autoritarisme : «Vous êtes avec moi en applaudissant, sinon je vous considère contre moi et je mobilise tous mes moyens pour vous faire taire.» Alors, la haute hiérarchie n’est pas informée sur la situation réelle de la patrie, dans la mesure où elle n’entend que ceux qui l’applaudissent.
Le patrimonialisme est un système qui se reconnaît par la présence d’un chef entouré de cercles de courtisans qui se font la guéguerre pour plaire au chef afin de bénéficier de ses gratifications. Cela peut être un poste important, un projet ou un prêt… Mais ils considèrent la société comme arriérée, non apte à la politique. Alors, il se crée un gap énorme entre gouvernants et gouvernés.
Le paternalisme, c’est la présence d’un chef qui se considère comme le père du peuple ; donc «ma relation avec ‘‘mon peuple’’ doit être directe, sans intermédiaire». Consciemment ou non, il affaiblit les institutions intermédiaires (Parlement, gouvernement, administrations). D’où, l’affaiblissement des institutions.
En plus de ces trois caractéristiques du système de pouvoir, il faut prendre en considération la rente et la prédation dans l’utilisation de la rente ; ce qui mène vers un Etat déliquescent.
L’Etat déliquescent se définit scientifiquement par cinq critères :
– l’institutionnalisation de l’ignorance et de l’inertie : moins vous possédez de savoir scientifique, moins vous êtes capable d’engagement plus vous avez de chance de gravir les niveaux élevés de la hiérarchie de l’Etat ;
– le culte de la personnalité ;
– l’institutionnalisation de la corruption. Celle-ci devient partie intégrante du fonctionnement des institutions ;
– un nombre très restreint d’individus prennent les décisions stratégiques à la place des institutions habilitées ;
– l’émiettement des clans au sommet de la hiérarchie de l’Etat.
Malheureusement, ces cinq critères sont présents dans le fonctionnement du système de pouvoir algérien. Nous sommes bien dans un Etat déliquescent.
D’où la nécessité de changement de tout le système de gouvernance, et pas seulement, le changement des individus.
L’économie nationale avait connue une situation d’aisance financière exceptionnelle pendant plusieurs années :
– des réserves en devises couvrant trois années d’importations sans besoin d’exporter ;
– une dette extérieure presque nulle ;
– un fort excédent budgétaire ;
– un taux d’épargne de 50% du PIB, c’est-à-dire que quand il y a une production de 100 DA ; 50 DA étaient épargnés ;
– un taux de thésaurisation de 20%, c’est-à-dire que sur 100 DA produits, 20 DA restaient dormants ;
– une surliquidité au niveau du système bancaire.
Autrement des moyens importants pour financer des programmes d’investissements productifs ambitieux.
Malheureusement, cette aisance financière était accompagnée par la mauvaise gouvernance, ce qui a débouché sur la pénurie de moyens de financement de l’économie et du Budget de l’Etat.
Effectivement, les recettes annuelles d’exportation des hydrocarbures sont passées de 63 milliards de dollars en 2013 à 27 milliards en 2016 et elles dépasseront difficilement la barre des 30 milliards de dollars dans l’avenir. Alors que les dépenses d’importations et de transferts ont atteint 76 milliards de dollars en 2014, composées de 68 milliards d’importations de biens et services, comparativement aux 12 milliards en 2001, et 8 milliards de dollars de transfert des bénéfices des sociétés étrangères exerçant en Algérie.
D’où la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre un programme économique moins dépendant des exportations des hydrocarbures.
Les tenants du pouvoir doivent comprendre que leur départ est inscrit dans la logique de l’histoire. Le retarder ne fera qu’aggraver leur propre situation, malheureusement, aussi celle de la patrie.
Il faut bien considérer que le maintien du système de pouvoir actuel par des élections présidentielles, telles qu’elles ont été organisées jusqu’à maintenant, est un suicide collectif pour les tenants du pouvoir mais aussi pour le peuple.
C’est le moment pour se mobiliser pour la sauvegarde de la patrie.
Cette mobilisation commence par le travail à la réponse à trois questions :
– quel instrument de mobilisation ? Est-ce la création d’un front unifié pour la sauvegarde de la patrie ?
– Quel mode d’organisation de la mobilisation ? Est-ce la création de cercles de partisans pour la sauvegarde de la patrie ?
– Quel programme de sauvegarde pour venir à bout des maux dans la société, pour la construction d’un Etat digne du prestige de la Révolution nationale et des potentialités du pays, pour la construction d’une économie diversifiée ?
Ensemble pour la sauvegarde de la patrie.
Par le Dr Ahmed Benbitour , ancien chef de gouvernement

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