Une banderole noire avec quatre mots en majuscules : "Nous sommes tous Charlie". Un hashtag #JeSuisCharlie. Nombreux sont les Français qui sur la toile font part de leur soutien aux journalistes de la rédaction de Charlie Hebdo, victime d'une attaque terroriste. "Le nombre de victimes, le fait qu'il s'agisse de victimes civiles, qui plus est de civils connus et engagés conduit à une identification projective", explique à metronews Hélène Romano, docteure en psychopathologie au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne).
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Il est logique que cet attentat soit "psychologiquement violent pour le quidam", poursuit-elle. La spécialiste du psychotraumatisme évoque l'étymologie du terme "terrorisme", qui dérive de terror, mot latin qui signifie terreur. Un attentat, en ce qu'il est intentionnel et organisé, engendre des "traumatismes psychologiques plus graves qu'une catastrophe naturelle", produit du hasard. Il crée un régime de terreur. "Après un crime de ce type-là, il y a inévitablement des angoisses fortes de la population, comme si nous étions en état de guerre."
"C'est de la barbarie à l'état pur"

Le mode opératoire des individus, qui ont tiré avec des armes lourdes sur les journalistes de l'hebdomadaire satirique, ajoute à l'anxiété. "Une bombe n'a pas la même dimension d'exécution droit dans les yeux." Idem pour une fusillade. Là, les auteurs de l'attentat ont ciblé leurs victimes et les ont abattues les unes après les autres. "C'est méthodique, froid, sans aucune empathie ni culpabilité, analyse Hélène Romano. C'est ça qui est déstructurant : c'est de la barbarie à l'état pur."
Autres effets majorants : l'attaque a eu lieu alors que la police exerçait une surveillance, en réponse aux menaces qu'avait reçues le journal. "Il y a une dimension 'même pas peur', à laquelle s'ajoute le fait qu'ils sont toujours en fuite." En outre, l'attaque a eu lieu dans la capitale et Charlie Hebdo représente la liberté de la presse, ce qui accroît ce poids symbolique. Ce sont tous ces facteurs qui sont anxiogènes.
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Peuple français solidaire

Pour sortir de cette terreur, "il faut rester un peuple debout, droit. Ne pas fléchir, c'est la meilleure des armes. Il nous faut être résistant psychologiquement, éthiquement et humainement afin de ne pas nous laisser imposer cette dictature de la terreur", indique la docteure en psychopathologie. Ne pas être passif, c'est montrer sa solidarité, par exemple en participant aux rassemblements organisés en hommage aux victimes ou en mettant en place une minute de silence.
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En effet, "les rituels permettent de devenir actif face à ce quelque chose de violent qui nous a été imposé, de redevenir sujets alors qu'on a été objectivé par l'attentat", ajoute-t-elle. Une journée de deuil national pourrait également aider. "Une cohésion du peuple français est nécessaire pour faire face. Pour nous en sortir, nous devons être solidaires et ne surtout pas assimiler ces islamistes aux musulmans."