https://photo.capital.fr/algerie-la-derive-de-l-economie-sous-bouteflika-qui-veut-rempiler-pour-un-cinquieme-mandat-34288?#le-club-des-boursicoteurs-592478

Inflation, déficits jumeaux, dépendance à l’énergie… Les boulets de l’économie algérienne
La
dynamique d’amélioration sociale semble s’être enrayée en Algérie. Il
faut dire que le modèle basé sur les hydrocarbures, qui permettait de
financer cette avancée, “est mis à mal, dans un contexte de forte
volatilité des prix de l’énergie”, souligne Eric Dor, directeur des études économiques à IESEG
School of Management. Alors qu’Abdelaziz Bouteflika va se présenter
pour un cinquième mandat, voici un tour d’horizon de l’économie
algérienne dans ce diaporama, rédigé le 20 février 2019.

Après une longue amélioration, le niveau de vie peine à s’élever, depuis 10 ans
Entre
le milieu des années 90 et le début des années 2010, le revenu national
brut (ou RNB, voir illustration ci-dessus) par habitant a connu une
progression marquée. La trajectoire s’est toutefois nettement infléchie,
depuis...

Un modèle social généreux, basé sur la rente pétrolière… Comparateur devises
Le
modèle de gestion appliqué par le gouvernement depuis 1999 consiste
essentiellement à utiliser ses recettes issues des exportations
d’hydrocarbures pour financer des dépenses publiques généreuses.
“Celles-ci comprennent beaucoup de dépenses sociales, dont des logements
gratuits et des subventions aux achats par la population de carburants
et produits de base. Ce modèle a amélioré la situation de la population
et assuré une certaine cohésion sociale, surtout les 10 premières
années” souligne Eric Dor. En particulier, la malnutrition et le chômage
ont reculé. Ce modèle a aussi favorisé “l’émergence d’entrepreneurs
très liés au gouvernement et attachés à ce fonctionnement”.
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… mais l’économie algérienne est très dépendante de l’or noir et du gaz
Le
pays souffre - comme tant d’autres -, de la corruption. Et les hommes
d’affaires proches du pouvoir “sont peu enclins à accepter une
modernisation du pays, dont l’économie reste extrêmement dépendante des
hydrocarbures - gaz et pétrole -, qui représentaient 94,5% des
exportations en 2017”, dénonce Eric Dor. L’évolution de la valeur des
exportations est ainsi étroitement corrélée à l’orientation des prix de
l’or noir.

Un modèle fragile, soumis aux aléas des prix du pétrole et du gaz Test profil épargnant
La
forte chute des prix du pétrole, divisés par 4 entre l’été 2014 et le
creux majeur de début 2016, “a compromis le modèle de gestion de
Bouteflika, les recettes du gouvernement issues de la vente
d’hydrocarbures ayant diminué”, explique Eric Dor.
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Le poids de l’agriculture reste relativement important…
Le
poids du secteur agricole dans le PIB a presque doublé en 10 ans, à
12%, “contre près de 2% en Europe occidentale”, relève Eric Dor.

… alors que celui des hautes technologies demeure négligeable ! Pre-IPO
Si
l’économie traditionnelle a le vent en poupe en Algérie, le secteur des
hautes technologies reste relativement peu développé, en raison d’un
“relatif manque d’ouverture vis-à-vis des technologies étrangères”,
explique Eric Dor. Au bout du compte, l’économie algérienne se cantonne
surtout aux secteurs traditionnels et reste tributaire de la manne
pétrolière et gazière. Or, elle ne peut pas tout miser sur cette
dernière. “Il faut diversifier l’économie et libéraliser davantage
l’environnement des affaires. Helas, l’oligarchie au pouvoir peine à
retirer sa main-mise. Il faudrait aussi s’attaquer à la corruption et
mettre en oeuvre des réformes libérales”, plaide l’économiste.
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Le chômage a chuté, mais il reste élevé !
Si le chômage a fortement diminué en 20 ans, il est resté à deux chiffres et tend même à remonter...

Le chômage des jeunes est inquiétant Comparateur comptes-ti...
Le chômage des jeunes n’est jamais passé sous la barre de 20%. Et il est même reparti à la hausse, sur les 10 dernières années.
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Le chômage des femmes reste massif
Le
taux de participation des personnes en âge de travailler est faible. Et
c’est notamment le cas pour les femmes, même si ce phénomène est lié en
partie à des facteurs culturels.

Le déficit public s’est creusé... Palmarès des fonds
En
raison de la persistance de ce chômage élevé, “le gouvernement a craint
l’impopularité d’une réduction des dépenses sociales, auxquelles la
population est très attachée, et les risques de troubles sociaux qui en
résulteraient. Les autorités ont donc maintenu leurs dépenses sociales
relativement inchangées et laissé filer le déficit public”, dénonce Eric
Dor. Or, les prochaines années pourraient être chahutées, selon lui,
les nécessaires efforts de réduction du déficit public risquant de
dégrader l’environnement social. “Le déficit public accru a été financé
en grande partie en puisant dans une réserve FRR (fonds de régulation
des recettes) où s’étaient accumulées des recettes inutilisées de la
vente passée de pétrole et gaz. Ce FRR, qui représentait presque 35% du
PIB en 2013, a commencé à être vidé à partir de 2014 et s’est retrouvé
épuisé en 2017”, souligne l’économiste. Les arriérés du gouvernement
envers les fournisseurs ont par ailleurs augmenté.
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… le déficit de la balance courante aussi !
“La
diminution des prix du pétrole et du gaz, et donc des recettes
d’exportation, a provoqué une très forte aggravation du déficit de la
balance courante (solde des échanges de biens, de services, de revenus et de transferts courants, NDLR)”, souligne Eric Dor.
Cette augmentation du déficit de la balance courante a provoqué une
érosion des réserves de change du pays. De 192 milliards de dollars en
2013, les réserves extérieures brutes ont baissé à 87 milliards en
2018 ! Ces réserves sont essentiellement à l’actif du bilan de la banque
centrale.

Une politique monétaire inflationniste Comparateur d'assurances...
Les
autorités politiques ont également pris la décision contestée
d’autoriser la banque centrale à prêter directement au gouvernement à
partir de 2017. “Les prêts directs de la banque centrale au gouvernement
ont représenté 11,6% du PIB - dont 3 points pour financer le déficit
public - en 2017, et 9,9% en 2018. Ces prêts directs ont eu pour
contrepartie une émission de monnaie (création monétaire ou “planche à
billets”, NDLR)”, relève Eric Dor. “Il y a une politique monétaire
expansionniste et certains craignent que cette politique soit
inflationniste”, souligne l’économiste. De fait, l’inflation ressort
actuellement à 6%, “ce qui est beaucoup”, selon lui. Certes, la banque
centrale a relevé le taux des réserves obligatoires des banques de 4% à
8% en janvier 2018, ce qui freine la masse monétaire. Mais le FMI craint
que cela soit insuffisant pour contrer l’expansion monétaire excessive
et l’inflation au cas où le gouvernement utiliserait trop le financement
par la banque centrale, rapporte l’expert.
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Une relance budgétaire qui pourrait creuser un peu plus le déficit public
“Le
gouvernement a réduit légèrement les dépenses publiques, mais surtout
celles d’investissement. Les subventions à l’énergie commencent à être
réformées timidement. Cependant le gouvernement veut maintenant
augmenter les dépenses publiques pour stimuler l’activité par une
relance budgétaire !”, rapporte Eric Dor. Une évolution qui pourrait
accentuer le déficit budgétaire. Comme on pouvait s’y attendre, le FMI
est assez critique. D’autant que le recours à la dépense publique a
jusqu’ici été peu efficace. “Il y a trop de dépenses de fonctionnement,
tandis que les subventions ne représentent pas moins de 8% du PIB”,
souligne l’économiste. Il y a trop de mesures sociales, au détriment des
investissements publics, alors que ces derniers sont plus productifs.

Restrictions aux importations : vers des effets pervers
Le
gouvernement a instauré récemment des restrictions aux importations,
afin de “contrer l’érosion des réserves extérieures du pays et favoriser
le remplacement, par les ménages et entreprises, d’achats de biens
étrangers par des biens domestiques, et ainsi stimuler la production
algérienne”, explique Eric Dor. Le FMI craint toutefois que les
obstacles aux importations favorisent l’inflation, puisque “cela réduit
la concurrence et oblige à acheter les produits d’entreprises locales
peu efficaces aux coûts importants - et donc aux tarifs élevés”,
souligne-t-il.

Quelques efforts de réformes
Le
gouvernement a entrepris de réaliser un programme de réformes
structurelles qui visent à simplifier la réglementation relative aux
entreprises, à améliorer la gouvernance et la transparence, à réformer
le régime de retraites et à moderniser le secteur financier, rapporte
Eric Dor.

Les recommandations du FMI
“Le
FMI propose que le gouvernement émette des obligations à long terme sur
le marché, plutôt que de recourir à des prêts de la banque centrale. Le
Fonds pense également que le gouvernement pourrait s’endetter en
devises étrangères, ce qui apporterait des réserves extérieures, et
préconise par ailleurs une dépréciation de la monnaie nationale pour
améliorer la compétitivité”, rapporte Eric Dor. “Le FMI propose aussi
d’assouplir la loi obligeant les investissements directs étrangers (IDE)
dans le pays à être organisés avec une participation d’un partenaire
domestique à 51% du capital, ce qui limite à 49% le contrôle extérieur”,
ajoute l’économiste, le Fonds estimant que “cela dissuade les
entreprises étrangères d’investir dans le pays”. Helas, le gouvernement a
répondu qu’il tenait beaucoup à garder cette obligation. La réforme de
l’économie algérienne devrait être un travail de longue haleine…

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