الاثنين، فبراير 3

الاخبار العاجلة لاكتشاف الجزائريين ان الدولة الفرنسية كانت تفضل اسم فاطمة كافضل الاسماء النسائية الجزائرية اقتداءا بالبنت فاطمة بنت الباي احمد بقسنطينة والموجود جناح خاص بها ففي قصر احمد باي بقسنطينة والاسباب مجهولة

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http://www.constantine-hier-aujourdhui.fr/LaVille/visiteaupalais/visiteaupalais05.htm
L'entrée. - Les cours. - Le pavillon du général. - Logement des généraux inspecteurs. - Les sculptures. - Les portes. - Les serrures du harem. - Le kiosque du bey. - Une dédicace. - L'ancien ameublement. - La chambre du cafetier. - L'éclairage des galeries. - Logements des femmes du harem et des servantes, aujourd'hui salle des Conférences.

Passant de l'ensemble aux détails, nous allons maintenant parcourir l'édifice et essayer de décrire tout ce qui mérite d'être signalé, sans omettre de raconter les scènes trop dramatiques dont chaque partie que nous visiterons aura été le théâtre ; on verra que ce palais est peuplé de souvenirs d'une époque relativement toute récente, mais qui n'en sont pas moins caractéristiques.
Aux renseignements que j'ai pris moi-même sur place, en interrogeant des personnes initiées aux mystères du harem d'El hadj Ahmed, je joindrai plusieurs anecdotes que j'ai trouvées dans une ancienne notice du docteur Baudens, médecin en chef de l'armée expéditionnaire en 1837, et aussi dans divers articles de M. Félix Mornand, qui les tenait lui-même d'Aïcha, favorite du bey.
Les démolitions exécutées depuis une vingtaine d'années pour l'agrandissement de la place ont fait perdre au palais une grande partie de ses dépendances. Au moment de notre arrivée à Constantine, plusieurs corps de logis masquaient presque entièrement la façade actuelle et atténuaient un peu sa lourdeur et la froideur de son aspect.
La porte d'entrée principale du Derb se trouvait alors, ainsi que je l'ai déjà dit, à hauteur de l'escalier qui aboutit actuellement de la place à l'église. Après avoir franchi cette porte, on pénétrait dans une ruelle mal pavée et encadrée par plusieurs maisons de médiocre tenue servant au logement des mameluks préposés à la garde du bey, des nègres ses esclaves et d'une foule d'autres serviteurs des deux sexes, dont le kaïd Briba, sorte d'huissier ou de majordome, avait la haute surveillance.
On ne doit pas oublier que la vie des beys était troublée par des alarmes perpétuelles. Ils n'avaient de valeur politique et de sécurité personnelle qu'autant qu'ils étaient entourés d'un personnel de gardes et de serviteurs suffisamment nombreux pour les rendre redoutables.
Un couloir à droite conduisait à la Mahakma, salle d'audience où le bey recevait les dignitaires et les plaignants.
A gauche, la ruelle tournait à angle droit et aboutissait à Dar ou-men-Noun, dans laquelle habitaient la mère et les quatre femmes légitimes du bey.
En face du point où les deux passages dont je viens de parler se bifurquaient, existait la porte qui encore aujourd'hui donne accès au palais. C'était l'entrée du harem. Cette porte n'a rien de monumental; elle est encadrée d'un chambranle et d'une corniche cintrée en marbre, que surmonte un fronton à écusson dans le genre italien, sans nulle inscription. Elle donne entrée dans un vestibule qui lui-même a deux portes à peu près parallèles, ouvrant dans les cours intérieures.
La première cour dans laquelle on entre après avoir traversé ce vestibule se lie de trois côtés différents aux autres cours, par la suppression, dans la longueur des lignes communes, des murs de séparation qui sont remplacés par des colonnades. D'un point de vue central et par les échappées, qui sont ménagées d'une cour à l'autre, l'œil peut, suivant différentes directions, rencontrer dans un même plan trois ou quatre colonnades de file.
Les trois cours principales portent aujourd'hui des noms qui indiquent leur destination : cour du logement des généraux commandant la province, cour des bureaux de l'état-major, et cour de la direction du génie.
Ces différentes désignations peuvent servir à qui veut se diriger au milieu de ce dédale de constructions et de cette forêt de colonnades.
Le pavillon du général se présente le premier.
Porte d'une chambreA gauche on voit d'abord le logement dit des généraux inspecteurs.. Il a trois entrées sur les galeries.
Ses portes, couvertes de sculptures dans le goût oriental, méritent l'attention. On trouve là, comme dans beaucoup d'autres parties du palais, des échantillons curieux de la menuiserie et de la sculpture indigènes. On y remarque des panneaux en vieux chêne ou en cèdre, ajustés avec art les uns aux autres et relevés par des arabesques assez bien fouillées , s'enchevêtrant avec beaucoup de goût et offrant des motifs d'ornement que nos artistes ne dédaigneraient point. Ce sont autant de travaux de patience qui on dû être payés très cher par les propriétaires auxquels le bey les avait pris. D'autres portes sont formées par une série de petite plaques carrées, toujours en chêne ou en cèdre contenant des rosaces élégantes ou des losange alternativement disposés en échiquier. Des baguettes en relief couvertes de vives couleurs vert, rouge ou jaune, circonscrivent les sculptures et les rehaussent écore. Quelques portes sont ornées de moulures peintes jadis vert et or d'un très bel effet. Le chambranles, en rapport avec le reste, forment un encadrement ogival et festonné très gracieusement découpé. Ces portes sont généralement à un ou deux battants, fortes et massives; des verrous en bois, d'un agencement très original, les ferment intérieurement. On s'arrête avec curiosité devant les serrures des chambres consacrées au logement des femmes: on y avait adapté un timbre très vibrant, comme une sonnette d'appartement qui résonnait à la moindre rotation de la clef, de manière à signaler au satrape l'étranger téméraire qu aurait tenté de pénétrer dans le gynécée.
Chaque soir les logements des femmes étaient cadenassés et verrouillés avec soin; à partir de ce moment tout devait être immobile et silencieux dans le palais, néanmoins, pour plus de sûreté, on lâchait une demi-douzaine d'énormes dogues qui, toute la nuit, vaguaient dans les galeries et les jardins.
Le pavillon dit des généraux inspecteurs prend jour par des fenêtres garnies de forts treillages en fer.
C'était le logement de Fetouma, jeune esclave noire favorite du bey.
Khedidja, fille du kaïd des Harakta, l'une des premières femmes légitimes d'El hadj Ahmed, outrée de l'abandon dans lequel celui-ci la laissait, lui reprocha un jour, dans un accès de jalousie, d'être l'époux d'une négresse. A ces mots, le bey furieux se précipita sur Khedidja et lui porta dans le bas-ventre un coup de pied dont elle mourut, après avoir langui quelque temps dans l'état le plus misérable.
En face de nous, s'ouvre maintenant la galerie à triple rangée de colonnes qui s'étend devant le kiosque du bey, actuellement cabinet de travail du général.
Une balustrade en bois peint très artistement découpée la ferme du côté du jardin.
Au point de vue de l'effet pittoresque on peut dire que cette galerie est très habilement conçue; non pas qu'elle soit faite avec régularité, mais elle est fort appréciée en toute saison comme promenoir. Elle offre à l'air libre un moyen rapide de circulation et de dégagement. Elle conduit au logement particulier du général et dans les salons destinés aux réceptions officielles.
Galerie du kiosqueNulle part les architectes indigènes n'ont déployé plus d'art et plus de soin que dans la construction et l'ornementation de ce kiosque, bâtiment capital de l'édifice, et qui était le logement de prédilection d'El hadj Ahmed. De magnifiques colonnes en marbre, octogonales jusqu'à un mètre au-dessus du sol, puis s'élevant en spirale jusqu'au chapiteau, soutiennent les trois rangées d'arcades qui forment trois nefs devant le kiosque. Leurs chapiteaux offrent sur leurs corbeilles des ornements assez bien fouillés, de manière à faire valoir les oppositions d'ombre et de lumière. Comme dans tout le reste de l'édifice, aussi bien dans les galeries que dans les appartements, les plafonds sont en planches enluminées de couleurs, simulant de longues bandes, alternativement rouges, vertes ou jaunes, qui s'harmonisent très bien avec le style architectural.
Il y avait autrefois une vasque avec jet d'eau à l'entrée du kiosque, au milieu de la galerie. Elle donnait trop d'humidité et on a dû la transporter dans le jardin des Orangers.
A l'intérieur le kiosque est une vaste pièce coupée maintenant par des cloisons qui séparent le cabinet de travail du général de celui de ses aides de camp; elle prend ,jour presque au niveau du sol par quatre grandes fenêtres sur chacun de ses grands côtés et par deux sur les autres. Ces ouvertures, garnies de beaucoup de fer à l'extérieur, ont, en dedans, des volets à doubles vantaux dont la surface est plaquée de petits miroirs carrés d'un effet charmant.
La position centrale et isolée du kiosque et les douze fenêtres qui le perçaient à jour comme une lanterne , faisaient de ce point une sorte d'observatoire d'où le bey pouvait d'un seul regard voir tout ce qui se passait dans son harem. Cette disposition rappelle celle de l'intérieur de nos grandes prisons , dont toutes les cellules peuvent être surveillées par un même gardien.
Galerie devant le kiosqueCinq arcades soutenues par quatre belles colonnes en marbre sont disposées dans le sens de la longueur de la pièce. Tous les murs sont couverts de peintures aux couleurs vives, et les parties pleines entre les fenêtres garnies de carreaux de porcelaine.
Le Koubon, ou sorte d'alcôve, que l'on rencontre dans presque toutes les grandes chambres du palais, est orné de colonnettes en marbre très gracieuses.
Dans le compartiment servant de vestibule au cabinet du général on voit une plaque de marbre, ornée d'une inscription arabe. Le graveur a eu le soin de couler du plomb dans le creux des lettres et des fioritures, de manière à leur donner une teinte noirâtre, pour les faire ressortir sur le marbre avec plus de vigueur.
Cette inscription était la dédicace de la mosquée voisine du palais, consacrée aujourd'hui au culte catholique. En voici la traduction :
"Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! que la prière soit sur notre seigneur Mahomet !
"Dans les édifices que Dieu a permis d'élever et dans lesquels son nom est répété, on chante ses louanges matin et soir.
"Salles décorées par les prodiges de l'art, êtes-vous des palais consacrés au culte, ou bien le paradis de la grâce divine, au sein duquel reposent les justes ?
"Ou bien êtes-vous un temple de bonnes œuvres, dont l'éclat est rehaussé par la gloire de son illustre fondateur ?
"C'est un édifice où sont dressées les colonnes de la religion, à l'ombre de l'observance des commandements de Dieu unique.
"Il est pareil au soleil; mais cet astre est destiné à perdre sa splendeur chaque soir, tandis que lui conserve éternellement son caractère sacré.
"Sa vaste nef érigée par la main de Husseïn s'ouvre riante devant les humbles dévots.
"Le fondateur espère obtenir sa grâce de celui qui laissera tomber demain sur les pécheurs le voile de la miséricorde.
"O toi sublime Bonté ! à qui ne s'adressent jamais en vain les espérances des mortels, daigne combler ses vœux dans cette vie et dans l'autre.
"Si tu veux apprendre, ô lecteur, la date de la construction, elle est contenue dans ces mots: "Le Bey du siècle, Husseïn ben Mohammed," qui donnent la date 1143 de l'hégire (de J. C. 1730)."
La chambre du bey n'avait rien de ce qui, chez les Européens, constitue le luxe de l'ameublement; on n'y remarquait aucune superfluité. C'était le confortable arabe dans toute sa simplicité. La description de cet intérieur peut donner une idée du goût qui présidait à l'appropriation des autres appartements du palais.
De grands et moelleux tapis à longs poils couvraient le sol dans tous les sens. Le bey s'y tenait allongé ou assis à la turque pendant la journée; le soir, des négresses lui apportaient des matelas, des couvertures et des coussins, sur lesquels il dormait. Autour du kiosque, on voyait quelques glaces et de belles armes suspendues à des étagères. Des coffres ou bahuts à tête de clous en cuivre, disposés le long des murs, contenaient de l'argent, quelques papiers et des vêtements. On y voyait aussi des meïda ou tables rondes, à pieds très courts, sur lesquelles on servait le repas du bey quand, par hasard, il se décidait à le prendre dans son harem. D'habitude il mangeait chez sa mère, et sa méfiance de tout ce qui l'entourait était telle qu'il ne touchait qu'à ce qui lui était offert par elle ou par son eunuque Merzoug.
Dans cette chambre, il n'y avait aucune cheminée ; en hiver, on se bornait à y déposer un réchaud contenant de la braise.
Là, pendant l'épidémie de choléra qui, en 1835, causa de si grands ravages à Constantine, El hadj Ahmed reçut les soins empressés de sa mère. En cette circonstance, El hadja Rekia, veillant nuit et jour sur lui, ne se borna pas à lui rendre la santé; elle eut l'habileté et l'énergie de déjouer un complot tramé en beaux caractères arabes, pour l'assassiner.
Porte de la chambre du cafetierA quelques pas du kiosque, dans un angle obscur, au fond de la galerie, existe une petite chambre servant actuellement de poste aux spahis de garde au palais: là se tenait, à portée de la voix, l'eunuque nègre chargé d'apporter le café, dont le bey faisait en fumant une consommation extraordinaire. La porte qui ferme ce réduit est un chef-d'œuvre de menuiserie; les panneaux sont eu bois de noyer, sculptés avec un art infini, figurant des rosaces et des feuillages aux courbes gracieuses. Sur un écusson également en noyer, ajusté à la partie supérieure des panneaux, on lit une inscription gravée en relief dont voici la traduction: "Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Pour le maure de ce palais, paix et félicité; une vie qui se prolonge tact que roucoulera la colombe, une gloire exempte d'avanie, et des joies sans fin jusqu'au jour de la résurrection."
Au-dessous de l'écusson, on voit la trace d'un ornement de forme semi-ovoïde qui a été enlevé d'un coup de ciseau. Sa surface portait autrefois le millésime 1186, correspondant à l'année chrétienne 1772, époque où Salah bey fit embellir la maison qu'il possédait dans le quartier de Sidi el Kettani. L'inscription ci-dessus n'est donc point, comme l'ont supposé quelques personnes, la dédicace du palais. El hadj Ahmed ayant enlevé cette porte de la place qu'elle occupait primitivement, en fit effacer le millésime qui aurait pu indiquer sa provenance.
Une particularité digne de remarque, c'est qu'on ne trouve dans l'édifice aucune inscription commémorative rappelant la date de sa construction. Le nom de son fondateur El hadj Ahmed bey n'y figure même nulle part. Serait-ce un oubli ? Je crois plutôt que le bey, qui ne jouit que peu de temps de son œuvre, n'eut pas le loisir de songer à la consacrer. Se croyant hors des atteintes de la mauvaise fortune, il était loin de prévoir que son palais, ses femmes dont il était si jaloux, toute sa puissance, s'échapperaient bientôt de ses mains pour passer dans les mains abhorrées des chrétiens.Cafetière
A côté de la chambre du cafetier du bey est une porte de communication avec la cour dite du Génie.
Repassant près du kiosque, on a devant soi, une grande galerie à double colonnade. Ici encore l'éclat des couleurs prête sa magie aux lignes gracieuses des constructions. Les murs sur lesquels se détachent les ogives et l'épaisseur même des cintres, sont vivement enluminés en rouge ou en vert.
De grandes lanternes aux formes bizarres, également couvertes de couleurs tranchantes, sont suspendues entre chaque arceau. Autrefois un certain nombre de négresses étaient chargées de l'entretien de ces lanternes. On en voyait alors à peu près à chaque arcade.
Les tribus kabyles fournissaient, l'huile nécessaire, à ce luxe d'éclairage, et, pendant que les rues de la ville étaient plongées dans l'obscurité la plus complète, le palais resplendissait chaque soir comme en un jour de fête.
La première chambre que l'on rencontre dans la galerie est la salle des Conférences ou des Conseils. On a dû la percer de grandes fenêtres et la garnir d'une porte vitrée pour lui donner plus de clarté. Elle est lange plutôt due longue; deux colonnes torses d'une légèreté remarquable soutiennent les trois arceaux.
Cette chambre était destinée au logement des femmes du harem. .A quelques pas plus loin, on se trouve devant une grande porte qui donne accès dans une cour où sont les écuries du général. Il y avait là autrefois plusieurs chambres habitées par des négresses, servantes du palais.
Au bout de la galerie, on est en face d'un escalier en marbre qui conduit à l'étage supérieur. Mais, avant de le monter, on a encore à visiter au rez-de-chaussée trois autres pièces qui s'ouvrent et prennent jour sur la galerie du rez-de-chaussée: elles ne donnent lieu, il est vrai, à aucune observation intéressante: l'une d'elle était grande, mais sans ornementation. C'était encore un logement pour les femmes.
Nous nous arrêterons un moment ici avant, de donner quelques détails sur le harem et sur la vie intime d'El hadj Ahmed, trop fidèle représentant d'un pays où régnait la force brutale, où la vie humaine ne comptait pour rien, où celui qui était investi de l'autorité, de quelque manière due ce fût, pouvait impunément se livrer à tous, ses caprices, à toutes ses passions et aux actes de la cruauté la plus atroce, n'étant arrêté par aucune loi, par aucun sentiment religieux ou moral, ni évidemment par aucune répulsion de sa conscience.
 


Le harem. - Son régime intérieur. - Histoire de la favorite Aïcha. - Meurtre de son frère.

El hadj Ahmed ne se contentait pas de dévaliser et de piller les maisons de ses sujets, il leur enlevait aussi leurs filles et leurs femmes.
Les quatre épouses légitimes que lui accordait la loi musulmane et les esclaves amenées d'Orient et achetées parfois très cher à Tunis ou même à Alexandrie ne suffisaient point à sa vanité. Les femmes ou les filles dont la beauté lui était signalée étaient arrachées à leurs familles et conduites à son palais.
En s'éloignant de Constantine, quelque temps avant le siége, il n'avait emmené avec lui que ses femmes légitimes, les autres étaient restées au harem, et avec elles, par conséquent, tous les tissus et objets d'approvisionnement destinés à leur usage; les magasins du palais en regorgeaient, et de là provenaient, pour le dire en passant, les belles couvertures de laine et effets de literie qui furent d'un si grand secours aux nombreux brûlés et aux nombreux blessés de l'armée expéditionnaire.
Une galerie du palais"Le palais ou sérail que nous visitâmes, dit un officier (1), deux ou trois jours après notre entrée dans la ville, était une vaste maison mauresque ouvrant dans l'intérieur du palais; les appartements en étaient généralement sombres et la plupart communiquaient les uns dans les autres.
"Leur ameublement, loin d'être somptueux, était fort simple; il consistait surtout en tapis, matelas, coussins, bahuts (2).
"Le personnel du harem se composait de trois cent quatre-vingt-cinq femmes de tous les âges et de toutes les couleurs, depuis celle de la négresse jusqu'à celle de la Géorgienne ou de la Circassienne. Cette bigarrure de couleurs était loin d'avoir rien d'attrayant. Aucune figure riante ou seulement quelque peu gracieuse n'apparaissait dans cette agglomération féminine; peut-être cela tenait-il aux événements qui venaient de s'accomplir, ainsi qu'aux inquiétudes qui devaient s'ensuivre au sérail. En effet quel était le sort réservé à ses habitants ? C'était ce que chacune d'elles devait se demander avec inquiétude. Plusieurs avaient des enfants, ce qui n'ajoutait pas du tout à la propreté des appartements et à la pureté de l'air, malgré les parfums qu'on y brûlait sans cesse.
"Toutes ces femmes logeaient séparément et ne pouvaient communiquer entre elles. En revanche, le soir, El hadj Ahmed se plaisait à les réunir autour de lui dans les jardins de son palais, et à devenir le point de mire des craintives agaceries par lesquelles elles s'efforçaient d'éclaircir son front soucieux. Quelquefois il se déridait au point de rire, de plaisanter et de jouer avec elles , à peu près de la façon d'un chat qui fait patte de velours avec une troupe de souris. Heureuses les pauvrettes quand la griffe, dont chacune d'elles redoutait l'atteinte, ne venait pas subitement faire couler le sang et les larmes ! Dans ses accès de bonne humeur, Ahmed faisait servir le café; envoyait chercher des danseuses et improvisait des espèces de fêtes qui rompaient pour quelques instants la monotonie du harem. A quelques-unes de ces femmes il faisait de riches présents; mais au moindre sujet de plainte il les frappait comme les autres sans pitié."
Deux ou trois fois par mois, le bey faisait sortir tout le personnel du sérail pour en passer la revue, comme un colonel passe la revue de son régiment.
Les femmes défilaient alors sur deux rangs, que le bey traversait, s'arrêtant plus ou moins auprès de chaque femme pour s'assurer de son état de santé. Cette inspection qu'accompagnait la kaïd-en-Nsa, kaïd des femmes, sorte de matrone toute-puissante dans le harem, était toujours suivie d'une distribution de remèdes, de vêtements, d'objets de toilette et de divers cosmétiques, tels que parfums, essences, poudre d'antimoine et henné.
Au nombre des femmes du harem se trouvait Aïcha, qui après la prise de Constantine acquit une certaine célébrité. Elle était grande et belle et semblait avoir de vingt à vingt-quatre ans ; ses cheveux, d'un noir d'ébène, descendaient en bandeaux sur ses joues fraîches et roses. Les traits de son visage, sans être parfaitement réguliers, étaient d'une exquise finesse et avaient beaucoup de charme, grâce surtout à de grands yeux bruns que des cils longs et soyeux voilaient comme d'une gaze transparente et d'où s'échappait un regard à la fois impérieux et caressant. La physionomie d'Aïcha, même lorsqu'elle exprimait l'effroi ou la prière, restait digne et imposante.
Ahmed avait distingué cette femme et les autres esclaves lui obéissaient comme à une reine; elle marchait l'égale de celui auquel le bey avait confié la garde du sérail. Depuis elle s'est faite chrétienne et a épousé un Français. Son baptême et son mariage ont été célébrés à Alger, au couvent du Sacré-cœur de la baronne de Vialar, où elle avait été recueillie à son arrivée de Constantine. Elle a eu pour parrain l'évêque d'Alger, alors Mgr Dupuch, et pour marraine une dame de Bordeaux.
Aïcha ignorait son origine; elle se rappelait seulement qu'elle avait été prise fort jeune sur les côtes d'Italie. C'est elle qui a raconté tous les détails d'intérieur qui vont suivre.
Ahmed, quoiqu'elle eût été sa favorite, avait toujours été pour elle un objet de haine et d'effroi. Non seulement elle fut souvent maltraitée par lui, mais elle avait à lui reprocher le meurtre de son frère, enlevé comme elle par des pirates barbaresques qui avaient massacré sa famille. Ce jeune homme, tandis que sa sœur était exposée à Alexandrie au bazar des esclaves où elle fut achetée pour le bey de Constantine, avait été conduit à Alger et là incorporé dans la milice turque. Après la conquête française, il fut du nombre des soldats de Hasseïn bey qui suivirent Ahmed dans la capitale de son beylik.
El hadj Ahmed beyArrivé à Constantine, il apprit, d'un renégat italien établi dans cette ville, que sa sœur, dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis le jour de leur séparation, était dans le harem du bey. Heureux de cette découverte, il alla aussitôt trouver Ahmed et lui demanda s'il n'avait pas pour femme une jeune Italienne enlevée par des pirates quelques années auparavant et nommée Aïcha. A ces mots, El hadj Ahmed fronça le sourcil. Dans leur jalousie excessive, les mahométans non seulement ne souffrent point qu'on voie le visage de leurs femmes, mais ils prétendent qu'on ignore jusqu'à leurs noms, et ressentent à l'égal d'une injure toute indiscrétion sur ce point délicat. Qui donc es-tu, dit-il en toisant le jeune homme, pour m'adresser une telle question ?
- Je suis le frère d'Aïcha, et je désire voir ma sœur, répondit le jeune janissaire.
- Comment te nommes-tu ?
- Ahmed; mais ce nom n'a pas toujours été le mien. Dans mon enfance on m'appelait Agostino.
- Où t'a-t-on pris ?
- A l’île de Chio."
Sans en entendre davantage, le bey tourna le dos au jeune homme. De retour au harem, il fit appeler Aïcha, et lui demanda s'il était vrai qu'elle eût un frère.
"Sans doute, s'écria-t-elle toute joyeuse. Oh ! mon cher Agostino, quoi ! serait-il ici ?
- Agostino, dites-vous ? Oui, un jeune homme de ce nom est ici, et prétend que vous êtes sa sœur; je viens de le voir.
- Que je suis heureuse ! Et moi, ne pourrai-je pas le voir aussi ?
- C'est impossible; et si vous tenez à ce que votre frère vive, vous lui écrirez pour l'avertir de ne plus m'offenser par l'indiscrète demande qu'il m'a adressée ce matin."
En vain Aïcha supplia le bey, au nom de cette providence qui semblait prendre par la main les deux orphelins de Chio pour les réunir après une si longue et si cruelle séparation, de lui permettre de serrer dans ses bras, ne fût-ce qu'une fois, le seul parent, le seul ami qu'elle eût au monde. Toutes ses supplications échouèrent, moins encore contre la dureté de cœur que contre la jalousie effrénée d'El hadj Ahmed.
Cependant le jeune homme n'avait pas renoncé à l'espérance de voir sa sœur, et ne cessait de harceler imprudemment le bey pour que celui-ci le laissât pénétrer auprès d'Aicha. Outré du refus obstiné qui accueillait une si légitime demande, il se laissa un jour emporter au point d'élever la voix en présence de son redoutable beau-frère, et de lui reprocher hardiment l'abus qu'il faisait de sa puissance. Pour toute réponse, El hadj Ahmed appela un chaouch et lui ordonna de trancher la tête du pauvre Agostino, ce qui fut exécuté à l'instant même (3).
Il n'était pas une seule de ses femmes qui ne ressentît les effets et ne portât souvent les marques de sa sauvage brutalité. Sa mère elle-même, qui lui avait donné tant de preuves de dévouement, et de tendresse, sa mère, dis-je, fut un jour frappée rudement par ce frénétique, au moment où elle s'efforçait de sauver la vie d'un coupable. Ce malheureux condamné à mort avait échappé aux chaouchs qui le conduisaient au supplice, et, apercevant la mère du bey, s'était réfugié près d'elle.
Saisissant le bord de ses vêtements, il la supplia de le prendre sous sa protection, et s'attacha à elle comme le naufragé à la planche de salut.
A cette vue, les chaouchs qui le suivaient de près s'arrêtèrent saisis de respect. Mais El hadj Ahmed, qui accourait sur leurs pas, s'avança vers sa mère et voulut lui arracher le condamné. Celle-ci, émue par les larmes de cet infortuné, intercéda d'abord pour lui, puis, voyant que ses prières étaient inutiles, elle lui dit de s'agenouiller derrière elle et lui fit un rempart de son corps. Furieux de cette résistance, El hadj Ahmed se jeta comme une bête fauve sur celle qui l'avait nourri, la frappa à coups redoublés, et la dégageant violemment de l'étreinte du condamné, prouva à celui-ci, en le livrant aux chaouchs, que nul asile n'était inviolable pour ceux qui avaient encouru sa colère.
Trois négresses qui gémissaient de leur réclusion au harem, ayant été accusées de faire des vœux pour la mort d'El hadj Ahmed, événement qui seul en effet pouvait leur rendre la liberté, celui-ci les punit de ce crime mental de la façon la plus horrible: il les fit saisir, garrotter et amener en sa présence, tira son sabre et les coupa littéralement en morceaux.
Il avait si bien la conscience de la haine qu'il inspirait, que si par hasard il surprenait deux de ses femmes causant ensemble à la dérobée, il leur enjoignait de se séparer sur-le-champ.
"Qu'avez-vous à dire tout bas ? s'écriait-il avec humeur; du mal de moi, sans doute. Oh! je sais que vous me détestez; mais, croyez-moi, retenez vos langues de vipères, ou je vous les arracherai !"
1. Le colonel Carette. (retour)
2. Sortes de malles en bois de cyprès ou de cèdre (bois choisi pour cette destination à cause de son odeur). Les indigènes y mettent tous leurs effets de corps. (retour)
3. M. Félix Mornand. (retour)


Le harem. - Son régime intérieur. - Histoire de la favorite Aïcha. - Meurtre de son frère.

El hadj Ahmed ne se contentait pas de dévaliser et de piller les maisons de ses sujets, il leur enlevait aussi leurs filles et leurs femmes.
Les quatre épouses légitimes que lui accordait la loi musulmane et les esclaves amenées d'Orient et achetées parfois très cher à Tunis ou même à Alexandrie ne suffisaient point à sa vanité. Les femmes ou les filles dont la beauté lui était signalée étaient arrachées à leurs familles et conduites à son palais.
En s'éloignant de Constantine, quelque temps avant le siége, il n'avait emmené avec lui que ses femmes légitimes, les autres étaient restées au harem, et avec elles, par conséquent, tous les tissus et objets d'approvisionnement destinés à leur usage; les magasins du palais en regorgeaient, et de là provenaient, pour le dire en passant, les belles couvertures de laine et effets de literie qui furent d'un si grand secours aux nombreux brûlés et aux nombreux blessés de l'armée expéditionnaire.
Une galerie du palais"Le palais ou sérail que nous visitâmes, dit un officier (1), deux ou trois jours après notre entrée dans la ville, était une vaste maison mauresque ouvrant dans l'intérieur du palais; les appartements en étaient généralement sombres et la plupart communiquaient les uns dans les autres.
"Leur ameublement, loin d'être somptueux, était fort simple; il consistait surtout en tapis, matelas, coussins, bahuts (2).
"Le personnel du harem se composait de trois cent quatre-vingt-cinq femmes de tous les âges et de toutes les couleurs, depuis celle de la négresse jusqu'à celle de la Géorgienne ou de la Circassienne. Cette bigarrure de couleurs était loin d'avoir rien d'attrayant. Aucune figure riante ou seulement quelque peu gracieuse n'apparaissait dans cette agglomération féminine; peut-être cela tenait-il aux événements qui venaient de s'accomplir, ainsi qu'aux inquiétudes qui devaient s'ensuivre au sérail. En effet quel était le sort réservé à ses habitants ? C'était ce que chacune d'elles devait se demander avec inquiétude. Plusieurs avaient des enfants, ce qui n'ajoutait pas du tout à la propreté des appartements et à la pureté de l'air, malgré les parfums qu'on y brûlait sans cesse.
"Toutes ces femmes logeaient séparément et ne pouvaient communiquer entre elles. En revanche, le soir, El hadj Ahmed se plaisait à les réunir autour de lui dans les jardins de son palais, et à devenir le point de mire des craintives agaceries par lesquelles elles s'efforçaient d'éclaircir son front soucieux. Quelquefois il se déridait au point de rire, de plaisanter et de jouer avec elles , à peu près de la façon d'un chat qui fait patte de velours avec une troupe de souris. Heureuses les pauvrettes quand la griffe, dont chacune d'elles redoutait l'atteinte, ne venait pas subitement faire couler le sang et les larmes ! Dans ses accès de bonne humeur, Ahmed faisait servir le café; envoyait chercher des danseuses et improvisait des espèces de fêtes qui rompaient pour quelques instants la monotonie du harem. A quelques-unes de ces femmes il faisait de riches présents; mais au moindre sujet de plainte il les frappait comme les autres sans pitié."
Deux ou trois fois par mois, le bey faisait sortir tout le personnel du sérail pour en passer la revue, comme un colonel passe la revue de son régiment.
Les femmes défilaient alors sur deux rangs, que le bey traversait, s'arrêtant plus ou moins auprès de chaque femme pour s'assurer de son état de santé. Cette inspection qu'accompagnait la kaïd-en-Nsa, kaïd des femmes, sorte de matrone toute-puissante dans le harem, était toujours suivie d'une distribution de remèdes, de vêtements, d'objets de toilette et de divers cosmétiques, tels que parfums, essences, poudre d'antimoine et henné.
Au nombre des femmes du harem se trouvait Aïcha, qui après la prise de Constantine acquit une certaine célébrité. Elle était grande et belle et semblait avoir de vingt à vingt-quatre ans ; ses cheveux, d'un noir d'ébène, descendaient en bandeaux sur ses joues fraîches et roses. Les traits de son visage, sans être parfaitement réguliers, étaient d'une exquise finesse et avaient beaucoup de charme, grâce surtout à de grands yeux bruns que des cils longs et soyeux voilaient comme d'une gaze transparente et d'où s'échappait un regard à la fois impérieux et caressant. La physionomie d'Aïcha, même lorsqu'elle exprimait l'effroi ou la prière, restait digne et imposante.
Ahmed avait distingué cette femme et les autres esclaves lui obéissaient comme à une reine; elle marchait l'égale de celui auquel le bey avait confié la garde du sérail. Depuis elle s'est faite chrétienne et a épousé un Français. Son baptême et son mariage ont été célébrés à Alger, au couvent du Sacré-cœur de la baronne de Vialar, où elle avait été recueillie à son arrivée de Constantine. Elle a eu pour parrain l'évêque d'Alger, alors Mgr Dupuch, et pour marraine une dame de Bordeaux.
Aïcha ignorait son origine; elle se rappelait seulement qu'elle avait été prise fort jeune sur les côtes d'Italie. C'est elle qui a raconté tous les détails d'intérieur qui vont suivre.
Ahmed, quoiqu'elle eût été sa favorite, avait toujours été pour elle un objet de haine et d'effroi. Non seulement elle fut souvent maltraitée par lui, mais elle avait à lui reprocher le meurtre de son frère, enlevé comme elle par des pirates barbaresques qui avaient massacré sa famille. Ce jeune homme, tandis que sa sœur était exposée à Alexandrie au bazar des esclaves où elle fut achetée pour le bey de Constantine, avait été conduit à Alger et là incorporé dans la milice turque. Après la conquête française, il fut du nombre des soldats de Hasseïn bey qui suivirent Ahmed dans la capitale de son beylik.
El hadj Ahmed beyArrivé à Constantine, il apprit, d'un renégat italien établi dans cette ville, que sa sœur, dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis le jour de leur séparation, était dans le harem du bey. Heureux de cette découverte, il alla aussitôt trouver Ahmed et lui demanda s'il n'avait pas pour femme une jeune Italienne enlevée par des pirates quelques années auparavant et nommée Aïcha. A ces mots, El hadj Ahmed fronça le sourcil. Dans leur jalousie excessive, les mahométans non seulement ne souffrent point qu'on voie le visage de leurs femmes, mais ils prétendent qu'on ignore jusqu'à leurs noms, et ressentent à l'égal d'une injure toute indiscrétion sur ce point délicat. Qui donc es-tu, dit-il en toisant le jeune homme, pour m'adresser une telle question ?
- Je suis le frère d'Aïcha, et je désire voir ma sœur, répondit le jeune janissaire.
- Comment te nommes-tu ?
- Ahmed; mais ce nom n'a pas toujours été le mien. Dans mon enfance on m'appelait Agostino.
- Où t'a-t-on pris ?
- A l’île de Chio."
Sans en entendre davantage, le bey tourna le dos au jeune homme. De retour au harem, il fit appeler Aïcha, et lui demanda s'il était vrai qu'elle eût un frère.
"Sans doute, s'écria-t-elle toute joyeuse. Oh ! mon cher Agostino, quoi ! serait-il ici ?
- Agostino, dites-vous ? Oui, un jeune homme de ce nom est ici, et prétend que vous êtes sa sœur; je viens de le voir.
- Que je suis heureuse ! Et moi, ne pourrai-je pas le voir aussi ?
- C'est impossible; et si vous tenez à ce que votre frère vive, vous lui écrirez pour l'avertir de ne plus m'offenser par l'indiscrète demande qu'il m'a adressée ce matin."
En vain Aïcha supplia le bey, au nom de cette providence qui semblait prendre par la main les deux orphelins de Chio pour les réunir après une si longue et si cruelle séparation, de lui permettre de serrer dans ses bras, ne fût-ce qu'une fois, le seul parent, le seul ami qu'elle eût au monde. Toutes ses supplications échouèrent, moins encore contre la dureté de cœur que contre la jalousie effrénée d'El hadj Ahmed.
Cependant le jeune homme n'avait pas renoncé à l'espérance de voir sa sœur, et ne cessait de harceler imprudemment le bey pour que celui-ci le laissât pénétrer auprès d'Aicha. Outré du refus obstiné qui accueillait une si légitime demande, il se laissa un jour emporter au point d'élever la voix en présence de son redoutable beau-frère, et de lui reprocher hardiment l'abus qu'il faisait de sa puissance. Pour toute réponse, El hadj Ahmed appela un chaouch et lui ordonna de trancher la tête du pauvre Agostino, ce qui fut exécuté à l'instant même (3).
Il n'était pas une seule de ses femmes qui ne ressentît les effets et ne portât souvent les marques de sa sauvage brutalité. Sa mère elle-même, qui lui avait donné tant de preuves de dévouement, et de tendresse, sa mère, dis-je, fut un jour frappée rudement par ce frénétique, au moment où elle s'efforçait de sauver la vie d'un coupable. Ce malheureux condamné à mort avait échappé aux chaouchs qui le conduisaient au supplice, et, apercevant la mère du bey, s'était réfugié près d'elle.
Saisissant le bord de ses vêtements, il la supplia de le prendre sous sa protection, et s'attacha à elle comme le naufragé à la planche de salut.
A cette vue, les chaouchs qui le suivaient de près s'arrêtèrent saisis de respect. Mais El hadj Ahmed, qui accourait sur leurs pas, s'avança vers sa mère et voulut lui arracher le condamné. Celle-ci, émue par les larmes de cet infortuné, intercéda d'abord pour lui, puis, voyant que ses prières étaient inutiles, elle lui dit de s'agenouiller derrière elle et lui fit un rempart de son corps. Furieux de cette résistance, El hadj Ahmed se jeta comme une bête fauve sur celle qui l'avait nourri, la frappa à coups redoublés, et la dégageant violemment de l'étreinte du condamné, prouva à celui-ci, en le livrant aux chaouchs, que nul asile n'était inviolable pour ceux qui avaient encouru sa colère.
Trois négresses qui gémissaient de leur réclusion au harem, ayant été accusées de faire des vœux pour la mort d'El hadj Ahmed, événement qui seul en effet pouvait leur rendre la liberté, celui-ci les punit de ce crime mental de la façon la plus horrible: il les fit saisir, garrotter et amener en sa présence, tira son sabre et les coupa littéralement en morceaux.
Il avait si bien la conscience de la haine qu'il inspirait, que si par hasard il surprenait deux de ses femmes causant ensemble à la dérobée, il leur enjoignait de se séparer sur-le-champ.
"Qu'avez-vous à dire tout bas ? s'écriait-il avec humeur; du mal de moi, sans doute. Oh! je sais que vous me détestez; mais, croyez-moi, retenez vos langues de vipères, ou je vous les arracherai !"
1. Le colonel Carette. (retour)
2. Sortes de malles en bois de cyprès ou de cèdre (bois choisi pour cette destination à cause de son odeur). Les indigènes y mettent tous leurs effets de corps. (retour)
3. M. Félix Mornand. (retour)

Fathma. - Le Rocher du Sac. - Les jouets de Fathma. - Galerie supérieure du Kiosque. - Les jardins. - Cruautés.
Fathma, la fille du bey, dont cette salle des trophées était autrefois le logement, nous rappelle un épisode qui doit être mentionné comme un nouvel exemple de la barbarie des mœurs d'El hadj Ahmed.
Il avait projeté de donner Fathma en mariage à un nommé El hadj Husseïn Tourki, qu'il avait élevé dans cette intention à l'emploi de kaïd Aouassi. Il apprit un jour que son futur gendre s'était épris de Qôhra, jeune veuve d'une grande beauté.
Aussitôt il fit enlever Qôhra et ordonna de la précipiter du haut du Kaf Chekora.
Le Kaf Chekora, ou Rocher du Sac, portait aussi les noms des Trois Pierres et de Précipice de la femme adultère. Il est situé à l'extrémité de la Kasba, à côté de la poudrière. Les trois pierres qui avaient donné lieu à l'un de ces noms ont disparu par suite des travaux exécutés à l'arsenal de l'artillerie; mais M. Carette en a conservé le souvenir lugubre.
"Les trois pierres, dit-il, avaient été placées dans la Kasba, au bord du rocher qui domine la vallée du Roumel, en un point où le terre-plein de l'ancien Capitole se termine à une arête vive et à un escarpement à pic de deux cents mètres d'élévation, ce qui fait peu près cinq fois la hauteur de la colonne de la place Vendôme.
"Disposées de bout à bout, les trois pierres formaient un banc d'environ deux mètres de longueur et elles affleuraient exactement le bord de l'abîme.
"Malgré ce garde-fou qui éloignait toute espèce de danger, il était impossible d'avancer la tête et de plonger le regard dans cet effroyable vide sans éprouver un vertige douloureux.
"Avant la prise de Constantine par les Français, il arrivait de temps en temps que deux hommes s'acheminaient silencieusement vers ce lieu à la pointe du jour. L'un portait un sac blanc d'où s'échappaient des sons plaintifs, l'autre une caisse longue, formée de trois planches et ouverte aux deux bouts. Arrivés devant les trois pierres, le second de ces hommes assurait l'extrémité de son coffre sur celle du milieu, tandis que l'autre y déposait son sac; puis tous deux soulevaient lentement l'autre extrémité; bientôt l'inclinaison de la planche faisait glisser le sac, qui tournoyait dans le vide, et allait s'arrêter à deux cents mètres au-dessous, sur les roches blanchâtres du Roumel. Cela fait, les deux hommes emportaient leur caisse et tranquillement s'en retournaient chez eux. Quelques heures après, on voyait deux ou trois personnes descendre par la rampe de la Porte neuve, s'acheminer vers le lit de la rivière, se diriger vers le sac devenu muet, l'ouvrir et en extraire le corps défiguré d'une femme qu'ils emportaient pour lui donner la sépulture.
"L'impression de terreur produite par ces exécutions a survécu au pouvoir qui les ordonnait. Il y a quelques années encore, les femmes de Constantine qui descendaient dans les jardins du Roumel ne pouvaient s'empêcher d'élever avec effroi leurs regards vers la Kasba, pour y chercher la place des Trois Pierres."
La jeune Fathma était l'enfant gâtée du bey et du harem; malheur à qui n'aurait pas satisfait ses caprices ! Vers 1834, le bey envoya en Europe un de ses mameluks nommé Séliman, renégat italien, tout exprès pour lui faire acheter des jouets. Séliman entra plus tard à notre service dans les spahis, où il acquit le grade de sous-lieutenant. Voici la traduction d'une note qu'il me fournit sur les détails de son voyage.
"El hadj Ahmed m'envoya d'abord à Tunis chez un juif, son correspondant, qui me remit une somme d'argent assez considérable et me fit embarquer sur un bâtiment italien en partance pour Livourne. Dans cette ville, j'étais adressé à un autre juif, parent du précédent.
"Je commençai par acheter à un boucher trois énormes dogues destinés à la garde du harem pendant la nuit. Ces dogues me coûtèrent trois cents francs l'un.
"Un jour que je me promenais dans les rues de Livourne, je vis un malheureux cul-de-jatte dans une petite voiture traînée par des chiens; l'idée me vint de faire l'acquisition de ce véhicule pour la fille chérie du bey : il me fut cédé en effet au prix de mille francs. Dans la même intention, j'achetai encore un chien sur lequel on mettait une petite selle et qui avait été dressé à servir de monture à un enfant. Je fis l'emplette d'un nombre considérable de joujoux, de poupées, de boîtes à musique, de petits miroirs et d'objets de toilette pour les femmes.
"De Livourne, je me rendis en France. Là encore je fis une provision de foulards, de pièces d'étoffes pour robes et chemises. J'achetai aussi une grande lunette d'approche que le bey m'avait recommandé de lui procurer pour s'en servir pendant ses expéditions dans le pays.
"Je me rembarquai à Livourne avec tout mon matériel et ma bande de chiens et je revins à Constantine après une absence de cinq mois. El hadj Ahmed fut très satisfait de toutes les curiosités que je lui rapportais. La petite voiture destinée à sa fille lui causa surtout une joie extrême." L'apparition de ce carrosse en miniature, raconte Aïcha (1) elle-même, fut tout un événement dans le harem, où les nouveautés étaient rares. Les femmes toutes joyeuses se disputaient le plaisir de prendre place pour la promenade dans ce singulier coach-and-four, comme on dirait au delà de la Manche. Ahmed, dans ses boutades de jovialité, se divertissait même à y faire monter quelque personnage bien grave, tel que son ministre Ben Aïça ou son khalifa Hamelaoui, lesquels n'osaient refuser, et il riait aux larmes de la plaisante figure que faisait l'austère bach-hamba, ou le général à barbe grise emporté à toute bride par les quatre molosses dans un équipage d'enfant.
A côté de la salle des Trophées se voit un petit salon orné de deux jolies colonnes torses, restauré par nous et qui sert de salle de jeu les jours de réception.
Galerie des appartementsNous passons ensuite sur une galerie, à peu près carrée, entourée de balustres en bois, découpés à jour et peints avec cette variété de nuances que les Orientaux savent si bien agencer pour le charme des yeux. Cette galerie surmonte et orne la partie supérieure du kiosque du bey. C'est encore un belvédère d'où l'on peut embrasser d'un seul regard une partie des jardins et des péristyles intérieurs.
Le plafond, en bois de cèdre peint et sculpté, est soutenu par plusieurs colonnes d'une légèreté remarquable, entre lesquelles sont suspendues de grandes lanternes. Cette partie du palais à laquelle nous avons donné le nom de Salon d'été, est entourée de divans et d'une douzaine de gros vases à fleurs en marbre qui datent encore du temps du bey. Nous y trouvons aussi différents meubles qui rappellent l'époque de la puissance d'El hadj Ahmed: d'abord un immense fauteuil genre Louis XV, en bois doré, recouvert d'un cuir jadis rouge et dont le fond est tellement vaste que le bey pouvait s'y asseoir aisément les jambes croisées à la turque ; puis, l'ancien koursi ou trône d'El hadj Ahmed. Il était placé sur une estrade dans la Mahakma, ou salle d'audience dans laquelle le souverain réglait les affaires de l'État et rendait la justice. Quatre chaises, également en bois doré et du même style, accompagnent le trône; c'étaient les sièges des hauts dignitaires qui assistaient le bey les jours de grande réception.
Du salon d'été, on passe sur la galerie circulaire du premier étage et dans les appartements affectés au logement particulier des généraux. Ce logement formait autrefois plusieurs chambres, qui ont été réparées et aménagées avec soin.
Le petit salon, dans lequel on pénètre d'abord, est garni de portes et de volets de fenêtres d'une ornementation remarquable.
La partie de la galerie qui se trouve du côté de la place s'appuie contre le grand mur d'enceinte. Au lieu de chambres, il n'y a ici qu'une série de fausses fenêtres garnies de boiseries, servant d'armoires.
Sur l'autre partie latérale, en faisant le tour de la galerie, on passe devant plusieurs chambres que l'on désigne encore par les noms de chambre bleue, verte ou rouge, qu'elles portaient déjà du temps du bey. C'étaient autant de logements que les favorites d'El hadj Ahmed habitaient en été. Les aménagements intérieurs de toutes les chambres que nous avons visitées ne satisfont pas complètement aux convenances et aux besoins matériels de la vie européenne; leur seul avantage est d'être fraîches en été et chaudes en hiver; mais, d'un autre côté, toutes ces portes s'ouvrant sur une même galerie sont fort incommodes.
Le jardin des orangersAvant de quitter le pavillon dit du Général, jetons un dernier regard sur le jardin des Orangers.
Au milieu se trouve la vasque retirée de la galerie qui s'étend devant le kiosque; tout autour sont des arbustes couverts de fleurs, des massifs de verdure et enfin des orangers.
Ce jardin est à peu près carré; il a vingt mètres d'un côté et dix-huit de l'autre. Le péristyle qui l'entoure présente huit arcades sur sept.
Des banksia, des vignes vierges et des volubilis grimpent en lianes serrées, s'enlacent autour des colonnes du cloître, tapissent les ouvertures des arcade d'un luxuriant rideau de verdure, n'y laissant pénétrer que quelques rayons de soleil. Sur l'emplacement occupé actuellement par la vasque, il y avait autrefois un petit pavillon en bois, entouré de rosiers et de jasmins, où le bey allait s'asseoir et fumer pendant les soirées d'été. A ce moment de la journée, les femmes du harem parées de leurs plus beaux atours venaient, l'une après l'autre, passer devant leur maître.
Elles devaient baisser les yeux et tenir les bras croisés sur la poitrine, dans l'attitude la plus modeste ....
Un jour, pendant un de ces défilés, l'une d'elles commit l'imprudence bien légère de cueillir une orange. El hadj Ahmed eut la barbarie de lui faire; clouer la main au pied de l'arbre.
Comme certains châteaux féodaux, le palais a des oubliettes. Leur entrée est dans le jardin que nous visitons. C'est un long souterrain bas et étroit, sur lequel on a construit une galerie. Ils servait particulièrement de prison aux femmes dont le bey était mécontent.
Voulant un jour divertir son harem et lui donner en même temps une haute idée de son adresse, le bey fit amener deux lions qui furent lâchés dans les jardins et les cours, après que toutes les portes en eurent été soigneusement fermées. Des femmes occupaient les galeries supérieures, hors de portée des bonds prodigieux qu'auraient pu faire les bêtes féroces. Le spectacle commença par un terrible combat entre les lions et les bouledogues du palais. Les plus acharnés des molosses furent écharpés en un clin d'œil, puis le bey, qui se tenait dans la partie supérieure, se mit à tirer sur les lions et les tua l'un après l'autre à coups de fusil.

1.  M. Félix Mornand. (retour)

http://www.constantine-hier-aujourdhui.fr/LaVille/visiteaupalais/visiteaupalais00.htm
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